Chapitre 7

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Juillet 2014

Ce matin, j'ai décidé de me lever tôt pour aller chercher du pain et des viennoiseries, je sais que Julie et Mamie en raffolent. Me voilà donc à remonter le petit chemin de terre, une baguette sous le bras et un sac de pains au chocolat tous juste sortis du four. Leur odeur me caresse les narines depuis que j'ai quitté la boulangerie et je n'ai qu'une hâte; les avaler.

Le soleil vient à peine de se lever, les champs sont encore recouverts de la rosée du matin. Une atmosphère paisible règne sur le lieu. Comment les gens peuvent-ils préférer la ville à la campagne ?

En passant devant la ferme, je jette un petit regard par dessus le muret et aperçois Adèle, assise sur les marches du perron, un carnet entre les mains. Je me fige un instant puis décide de continuer ma route avant qu'elle ne m'aperçoive. Elle lève la tête vers moi alors que je passe devant le portail de la ferme comme une flèche.

Grillée.

Je m'arrête en face du portail, me demandant ce que je dois faire. Elle va me tuer si je la dérange une nouvelle fois alors qu'elle lit.

À ma plus grande surprise, c'est elle qui vient à ma rencontre, elle enjambe le muret d'une main, son carnet dans l'autre.

- Salut.

- Salut.

Son regard se baisse sur le sac que je tiens dans les mains. Un petit sourire s'affiche sur ses lèvres. C'est une première.

- N'y pense même pas, lancé-je en protégeant le sac comme un trésor.

- Juste un ? Ça sent divinement bon.

Je soupire et m'assois sur le muret.

- Tu lis quoi ? demandé-je en lui tendant le sac.

Elle pioche un pain au chocolat et s'assoit à côté de moi d'un saut.

- C'est pas un livre, c'est un carnet de croquis.

- Oh tu dessines ? Je peux voir ?

- Non.

Je ris dans un souffle. Je ne sais pas pourquoi j'ai posé la question étant donné que je connaissais la réponse. Elle a beau avoir baissé sa garde, il y a encore du chemin à faire.

Je pioche à mon tour un pain au chocolat. Après tout c'est moi qui suis allée les chercher.

- Tu es matinale, lancé-je en croquant dedans.

Le délicieux goût du chocolat se répend dans ma bouche.

- Je peux seulement dessiner quand mon père n'est pas dans les parages, alors je me lève tôt, quand il dort encore.

Je manque de m'étouffer avec mon pain au chocolat.

- Il t'empêche de dessiner ?! m'écrié-je, révoltée.

Elle jette un rapide coup d'œil par dessus son épaule.

- Il ne supporte par ça.

- Mais... si tu aimes dessiner, pourquoi il t'en empêche ?

Adèle se lève d'un coup, ses yeux clairs me jettent des éclairs. Je comprends que j'ai trop posé de questions.

- Je vais y aller. Merci pour le pain au chocolat.

Elle enjambe le muret avec fluidité.

Breathe [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant