Chapitre 24

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- Qu'est-ce-que tu fabriques encore ? On part bientôt jeune fille ! rouspète ma génitrice quand je manque de la bousculer en traversant le couloir.

- Mes affaires sont prêtes, t'en fais pas.

Je me hâte de disparaître de sa vue et me faufile dans la chambre de mon grand-père.

Il faut que je m'assure de quelque chose, je me trompe sûrement mais mon esprit ne sera pas tranquille avant d'avoir vérifié.

J'ouvre l'une des portes grinçantes de l'armoire m'accroupis pour en sortir la boîte d'archive. Je l'ouvre et commence à fouiller, sachant exactement ce que je recherche. Il me faut peu de temps avant de mettre la main sur la lettre qui m'a boulversé cinq années plus tôt, celle de rupture. Je chasse la petite pointe qui commence à naître dans mon cœur et attrape une enveloppe au hasard avant de sortir la lettre qu'elle contient.

Je place les deux feuilles côte-à-côte et compare les écritures. Je plaque ma main contre ma bouche pour étouffer un cri.

C'est flagrant. Je ne sais pas comment j'ai fais pour ne pas me remarquer plus tôt. Je soupçonne la fatigue.

Les deux écritures n'ont absolument rien à voir. Elles ont été écrites par deux personnes différentes.

Je compare avec d'autre lettres pour en avoir la confirmation mais c'est de la formalité, il n'y a aucun doute possible.

Adèle n'est pas celle qui a écrit la lettre de rupture.

En temps normal, j'aurais sauté dans la voiture pour aller faire bouffer cette foutue lettre à Julien, car il en est sûrement l'auteur, mais au lieu de ça, je me sens bête. Bien sûr que j'ai pensé à l'hypothèse qu'Adèle n'avait pas écrit la lettre mais j'étais tellement obsédée par le besoin de tourner la page que je n'ai même pas cherché à comprendre.

Quelle conne.

Je regrette. Je regrette tellement que mon estomac se noue et m'oblige a me replier sur moi-même, grimaçante de douleur.

Au même moment, j'entends des pas précipités se rapprocher de la chambre.

- Quelqu'un pour toi, tu vas pas y croire, lance la voix essoufflée de Julie depuis le seuil de la porte.

Je me relève d'un coup, le cœur battant la chamade et me précipite au rez-de-chaussée, vers la porte d'entrée, grande ouverte avant de me stopper net.

Julien se tient sur le perron, les mains dans les poches. Le regard planté sur ses chaussures, il se balance d'un pied à l'autre comme un gosse qui a fait une bêtise.

- Qu'est-ce-que tu viens faire ici ? demandé-je une fois dans la cour, après avoir refermé la porte.

- Je voulais te parler. J'ai réfléchi, et c'est aussi un peu grâce à Sandra.

Je n'ai même plus de place pour la colère, je suis bien trop anéantie par la découverte que je viens de faire.

- Je t'écoute.

- Je... enfin... la lettre, c'est pas Adèle qui l'a écrite, c'est moi.

- Je sais.

- Ah bon ? Enfin comment ça ?

- Je viens de le découvrir, explique-toi.

Breathe [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant