Chapitre 14

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Je ne peux revoir Adèle que la veille de mon départ, lorsque son père part pour la journée à la Foire Agricole, à quelques kilomètres d'ici, et que Julien l'accompagne.

Comme prévu, j'attends que leur camion disparaisse au bout de l'allée pour me faufiler dans la cour de la ferme.

La rosée du matin n'a pas encore disparu. La campagne se réveille doucement. L'air est encore frais mais les rayons du soleil commencent déjà à réchauffer ma peau.

Adèle, qui devait guetter ma venue, ouvre la porte au moment où j'arrive sur le perron. Elle m'accueille avec un sourire chaleureux.

Je me précipite à l'intérieur et la prends par la taille pour l'embrasser en la plaquant délicatement contre la porte.

- Hey, murmuré-je dans un souffle.

- On a la journée pour nous, sourit-elle contre mes lèvres.

Je pousse un petit cri de joie et la serre dans mes bras. Elle met fin à notre étreinte en me proposant de monter à l'étage. J'hoche la tête et la suit dans les escaliers, découvrant une nouvelle partie de sa maison.

Sa chambre est située au bout du couloir qui dessert de nombreuses pièces. Vu de l'extérieur, je ne pensais pas le corps de ferme aussi grand.

Quand je rentre à l'intérieur, je reconnais immédiatement l'odeur familière d'Adèle, un mélange de fleurs et de vanille. Je découvre son univers qui me rappelle celui de la cabane avec ses multiples posters, son étagère de livres et ses pochette de vinyles. Il y a aussi une guirlande, qui s'enroule aux barreaux de son lit et passe sur l'étagère au dessus de son bureau. Je ne peux pas m'empêcher de l'imaginer blottit dans son lit, les épaules tremblantes, son père frappant à la porte en hurlant. Je chasse rapidement cette image de mon esprit.

- Tu as ton maillot de bain ? demande-t-elle en fouillant dans son armoire.

J'hoche la tête. J'ai tout prévu, je l'ai enfilé en dessous mes vêtements ce matin

- Je vais aller mettre le mien, fais comme chez toi, enfin pas trop, lance-t-elle avant de disparaître dans la salle de bain à côté de sa chambre.

Je m'assieds sur le bord de son lit et balaye sa chambre du regard. Je souris en constatant que son bureau est tellement mal rangé qu'on en voit plus la couleur. Des dessins sont éparpillées ici et là, certains gisent au sol. Je la reconnais tellement. Mon regard se pose sur une photo, posée sur sa table de nuit. Contrairement aux objets autour, elle n'est pas recouverte de poussière. Elle est régulièrement nettoyée.

Sur la photo, je reconnais immédiatement Adèle, bien plus jeune. Elle doit avoir une dizaine d'année, ses cheveux sont bien plus longs que maintenant, ils sont aussi plus blonds. Elle sourit, la tête contre la joue d'une belle femme que je devine être sa mère. La femme sourit elle aussi, des fossettes se creusant dans ses joues, tout comme Adèle. Elles ont les meme yeux, c'est donc de sa mère dont elle tient ce bleu profond cerclé de noir.

- Elle était merveilleuse, murmure la voix d'Adèle dans mon dos.

Elle me rejoint sur le lit. Je ne peux pas imaginer la douleur qu'elle a pu ressentir quand elle a perdu le seule être pour qui elle comptait.

- Alors je sais de qui tu tiens, soufflé-je en toute sincérité.

Je prends sa main pour embrasser sa paume avant d'entremêler mes doigts aux siens. Elle se penche délicatement derrière moi jusqu'à ce que je sente son souffle sur ma nuque. Elle dépose quelques baisers jusqu'à la naissance de mes épaules avant de passer sur mes genoux. Tout en m'embrassant, je la sens onduler lentement ses hanches contre mon bassin.

Breathe [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant