Chapitre 9

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- Tu comptes rester toute la journée à faire la larve dans ton lit ? demande la voix de ma cousine suivit d'un grincement qui doit être celui de la porte de l'armoire.

Suite à la soirée d'hier, j'ai mis un temps fou à m'endormir. J'ai dû trouver le sommeil vers deux heures du matin et c'est le moment qu'a choisit Julie pour rentrer de son rendez-vous.

- Mhhh, grogné-je, toujours blottie sous ma couette.

J'entends le clapotis des gouttes de pluie contre la fenêtre au dessus de son lit. Super journée en perspective.

Sans prévenir, Julie attrape le haut de ma couette et tire d'un coup sec dessus. Le froid me prend des orteils jusqu'à la tête, c'est le problème des vieilles maisons et de leur absence totale d'isolation. Je récupère ma couette en râlant.

- C'était comment hier soir ? demandé-je, en tailleur sur mon lit, enveloppée dans la couette blanche.

- C'était génial, glousse Julie en sautant dans un jean. Il m'a emmené au bar-restaurant et on a discuté toute la soirée, il a même payé l'addition.

- C'est un romantique, me moqué-je. Et après ??

- Quoi après ? Bah c'est tout, il m'a raccompagné, on s'est dit bonne nuit et basta.

Bien qu'elle essaye de le cacher, son ton amer montre qu'elle-même est déçue que ça n'ait pas été plus loin.

- Au moins il prend son temps.

- C'est le moins qu'on puisse dire, mais il faut pas qu'il le prenne trop quand même. Et toi c'était bien hier soir ? Mamie m'a dit que tu avais passé la soirée avec la voisine.

J'enfonce la tête dans la couette discrètement pour cacher le rouge que je sens monter dans mes joues. Les souvenirs de la soirée d'hier refont surface et la boule au ventre revient.

- Ouais, c'était cool.

Ce n'est pas complètement un mensonge, j'adorais la soirée jusqu'à ce qu'elle prenne un tout autre tournant.

- C'est marrant que vous soyez devenues aussi proches vu comment les choses avaient commencé.

- Oui, et on est pas si proches... marmonné-je, les jours brûlantes.

Julie fit une petite moue sceptique avant de quitter la chambre.

J'attends de ne plus entendre des pas dans l'escalier avant d'enfin dénier bouger de mon lit. En m'habillant, je ne peux m'empêcher de jeter un regard vers la ferme par la fenêtre. Une grosse flaque d'eau s'est formée dans la cour et un rideau de pluie m'empêche de voir plus loin.

Je me demande ce que fait Adèle. Mon visage se tord en une grimace quand je l'imagine, malgré-moi, recroquevillée dans son lit, les joues couvertes de larmes.

Il me traverse l'esprit d'appeler la police mais je n'ai aucune preuve. Le plus simple serait qu'Adèle me parle mais je n'imagine pas la difficulté que ça doit être. Je ne sais même pas quand est-ce-que je la reverrai.

Après avoir enfilé un pull léger et un slim, je rejoins ma famille au rez-de-chaussée. Ma grand-mère est occupée à ses éternels mots croisés, Julie est devant la télé et mon grand-père est en train d'installer l'échiquier sur la table basse. Ses yeux pétillent quand il me voit arriver.

- Bonjour tout le monde, salué-je en déposant un bisou sur son front.

- Bonjour ! Tu ne déjeunes pas ? s'étonne Mamie quand je m'assois face à mon grand-père.

- Non merci, pas faim.

Ma grand-mère fronce les sourcils, je sais qu'elle tente de me psychanalyser. Je fais comme si de rien n'était et commence à jouer.

Breathe [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant