Chapitre 23

71 6 4
                                    

Dès le lendemain matin, je me lève aux aurores pour suivre ma piste. La situation est un peu irréelle, j'ai l'impression d'être la protagoniste d'un mauvais roman.

Je me dépêche de m'habiller en tentant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Julie qui dort paisiblement, à quelques mètres de moi.

Quand je passe devant son lit, une petite idée de vengeance me vient à l'esprit. Je descends à la cuisine sur la pointe des pieds pour récupérer un minuteur que je règle sur cinq minutes avant de le glisser dans un creux entre le matelas de ma cousine et sa tête de lit. Le réveil promet d'être énergique.

Je me hâte de quitter la maison avant que le minuteur se déclenche et m'engouffre à l'intérieur de la 106 rouge.

Sur mon téléphone, je tape l'adresse indiquée sur la page d'annuaire. Comme estimé, il y a une bonne demi-heure de trajet. Je démarre le moteur et me met en route.

Trente minute plus tard, j'arrive dans une petite rue bordée de boutique. Il est huit heures et demi du matin mais il y a déjà quelques matinaux dans les rues. Je remarque un marché qui s'installe quelques mètres plus loin.

Je consulte mon téléphone en sortant de la voiture. J'ai un message de ma chère cousine. Mon sourire s'élargit en le découvrant.

Julie : Va crever.

Ma vengeance a bel et bien fonctionné.

Thaïs : Moi aussi je t'aime.

Je le range en gloussant, non peu fière de ma blague et sors l'adresse de ma poche pour continuer à pied.

Je ne tarde pas à tomber sur une petite supérette pas plus large que ma chambre. Je vérifie une dernière fois le numéro puis pousse la porte et rentre à l'intérieur. Une clochette annonce ma présence.

Je tombe sur une femme avec un bébé dans les bras, elle tient la caisse. Elle porte un survêtement bleu et ses cheveux sont rassemblés en un chignon rapide.

- Bonjour m'dame.

- Bonjour, je recherche quelqu'un, Julien, Julien Amara, vous le connaissez ?

Elle se fige puis son regard devient méfiant.

- C'est mon mari, pourquoi ?

Je me raidis. Julien est marié ?
Mon regard se pose sur la petite fille que la femme tient dans ses bras, une petite bouille d'ange aux yeux d'un bleu profond cerclé de noir. Probablement leur enfant.

Cet enculé est père.

- Je voudrais lui parler, s'il-vous-plaît. Il est là ?

- Pour quoi faire ? lâche-t-elle d'un ton agressif.

- C'est une longue histoire. Il est là ou pas ?

- C'est mon mari, ça m'regarde.

- Madame, répondez à ma question s'il vous plaît, dis-je, tendue.

- Nan. Il est pas là.

Je sais qu'elle ment. Je tape la main sur le comptoir et la regarde droit dans les yeux. J'essaye de modérer mon ton pour ne pas effrayer la petite.

- Écoutez-moi bien Madame Amara, vous allez arrêtez de faire la mégère et m'indiquer tout de suite où est votre putain de mari pour qu'il m'indique où se trouve sa sœur.

Breathe [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant