Chapitre 12

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Je reste encore quelques minutes écroulée contre le mur de la cabane, pétrifiée.

Je me hais de ne rien avoir fait, bien qu'au fond de moi, je sais que mon intervention n'aurait fait qu'aggraver son cas.

Je ne peux pas ne rien faire. Et s'il lui arrivait quelque chose avant son départ en Amérique ? Je l'imagine se briser la nuque sur un meuble, poussée par son père, puis ferme des yeux pour oublier cette idée douloureuse. Je ne m'en remettrais jamais si une telle chose arrivait, je serais incapable de reprendre une vie normale après ça.

Je dois aller voir la police. Même si Adèle ne me le pardonnera jamais, je dois agir.

Je me redresse et quitte la cabane, déterminée. La nuit commence à tomber. Je prends bien garde d'aller tout droit, comme d'habitude, pour ne pas de nouveau me perdre.

Au bout de quelques minutes à me faufiler dans l'obscurité, j'aperçois avec soulagement la maison de mes grands-parents, éclairée, à travers les branches. J'enjambe une souche et lorsque je dépasse un arbre, un silhouette surgit de derrière et m'attrape par les épaules.

Je pousse un cri mêlé de surprise et d'effroi. Une main se pose sur ma bouche pour me faire taire. Mes yeux, maintenant habitués à l'obscurité, distinguent rapidement le visage de Julien, il a les yeux révulsés et sa bouche se tord en une grimace. Il a l'air aussi effrayé que moi. Je secoue la tête.

- Je vais retirer ma main, d'accord ? Mais tu ne dois pas crier, s'il-te-plaît.

J'hésite à lui envoyer un coup de pied dans les parties intimes mais je suis curieuse d'entendre ce qu'il a à dire. J'hoche la tête lentement. Il retire ses sales pattes de moi.

- Je sais que tu veux probablement prévenir la police, mais ne le fait pas. Ça ne l'aiderait pas. Je suis sérieux.

- Pourquoi ça ? vociféré-je. Je ne vais sûrement pas la laisser mourir sous vos coups.

- Bordel quand elle dit que tu te mêles trop des affaires des autres elle n'a pas tord. Mon père connaît du monde à la gendarmerie, c'est un petit village. Il sera le premier au courant et croit-moi, ça va mal aller pour Adèle.

- Depuis quand tu te soucies du bien-être de ta sœur ?

- Ça m'a toujours importé. Elle serait probablement crevée si je n'avais pas été là, à de multiples reprises, dit-il fièrement.

S'en est trop, je serre dents et lui envoie mon meilleur coup de poing au visage. Il recule en titubant légèrement. Puis soupire, presque amusé.

- Et tu te prends pour un dieu ? Tu me dégoûtes à vomir.

Il se frotte la mâchoire et crache à mes pieds.

- Je t'aurais prévenu. Ah et elle ne veut plus te revoir, elle a été clair alors n'insiste pas.

Sur ces mots, il tourne les talons et disparaît dans la nuit.

Ses paroles tournent en rond dans ma tête. Peut-être qu'il ment pour me décourager mais je ne peux pas prendre le risque, je dois le croire sur parole et changer mes plans.

Je regagne la maison en accélérant le pas, aux aguets, de peur de revoir surgir Julien de derrière un buisson.

Quand j'arrive enfin à la maison, je tombe nez-à-nez avec Julie qui retire ses chaussures.

Breathe [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant