Chapitre 17

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PARTIE 2

Juin 2019

Je jette un dernier regard à mon reflet dans le miroir de l'armoire. Je fais peur avec mes cernes sombres et mon visage pâle qui semble avoir perdu mon récent bronzage. J'époussète ma robe d'un coup de main. 

C'était le seul vêtement noir que j'avais dans ma valise. Par chance, elle passe partout avec un collant assorti.

- Prête ? lance la voix de Julie dans mon dos.

Je croise son regard dans le miroir. Elle se tient sur le seuil de la porte, habillée d'une combinaison noire simple. Son visage a perdu son éclat et ses cheveux, habituellement lâchés sur ses épaules, sont attachés en un chignon strict. Ses cernes trahissent sa fatigue; elle est aussi épuisée que moi.

Quand je me tourne vers elle, ses lèvres se mettent à trembler. Elle éclate en sanglot et se jette dans mes bras.

- Comment tu fais ? Pour ne pas être...

Elle se tait, tremblante. Je comprends ce qu'elle veut dire:

- Ce n'est pas parce que je ne pleure pas que je ne suis pas triste, Julie.

Je ne suis pas triste, je suis anéantie. Moi-même, je ne comprends pas ma réaction, ou plutôt, mon manque de réaction.

- Je sais, je suis désolée, renifle-t-elle.

Je tends le bras pour attraper la boite de mouchoir sur ma table et nuit et lui tend.

- Allez viens, la cérémonie est dans moins d'une heure.

Elle glisse son bras sous le mien après s'être mouché puis nous rejoignons le salon bras dessus-bras dessous.

- Vous descendez avec nous, les filles ? demande ma mère quand elle nous aperçoit.

- Non merci, on va descendre à pied.

Elle ouvre la bouche puis la ferme aussitôt, ne préférant pas nous contrarier.

Nous sortons à l'extérieur et traversons la cour pour rejoindre la route. Nous passons devant la ferme, toujours aussi silencieuse, et entreprenons de rejoindre la rue principale pour aller jusqu'à l'église du village, où se déroulent les funérailles.

- Combien de fois on a pu la descendre cette route, lâche Julie, mélancolique.

Quand mamie était encore là, ajoute ma voix intérieure.

J'opine silencieusement et lève la tête vers le ciel tout en continuant à marcher. Bien que la chaleur soit étouffante, le ciel est couvert et le vent commence à se lever. L'horizon a prit une couleur menaçante, presque noire. Ça sent l'orage.

Après une dizaine de minutes de marche, nous arrivons sur la place du village. Quelques personnes sont déjà attroupées devant l'église, certain regardent le ciel d'un œil inquiet.

Je repère le prêtre parmi la petite foule et me dirige vers lui.

- Bonjour, nous sommes la famille, l'informé-je tandis que les regards se tournent vers moi.

- Très bien, suivez-moi.

Les gens nous jettent des regards remplis de pitié tandis que nous pénétrons dans l'église.

Breathe [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant