J'entrouvre les yeux avec le sourire aux lèvres. J'émerge doucement, impatiente de réveiller Adèle à coup de bisous au creux du cou.
Je la cherche à tâtons. C'est au bout de quelques secondes que je réalise que je ne sens plus son corps contre le mien, sur le petit canapé qui nous a fait office de lit.
Je me retourne paniquée, et balaye la cabane du regard. Je sors même en trombe à l'extérieur pour observer les alentours.
Personne.
Le soleil commence tout juste à se lever, je refuse de croire qu'elle ait filé sans me dire au revoir.
Je retourne m'asseoir sur le canapé pour m'habiller, tremblante.
En me penchant pour attraper mes chaussures, je remarque un papier, plié en quatre sur le cageot qui fait office de table de nuit. Je l'attrape et le déplie, le ventre noué.
Thaïs,
Je t'apprécie mais on ne peut pas continuer, nous le savons toutes les deux.
Je te souhaite de rencontrer quelqu'un qui t'aime et surtout, qui te mérite.
S'il-te-plaît, n'essaye pas de me recontacter. Je suis désolée, j'aurais préféré te dire ça en face.
Prend soin de toi.
A.Je relis ces quelques lignes une dizaine de fois, pour être sure de n'avoir loupé aucun indice, aucun mot qui laisserait paraître qu'elle ne pense pas ce qu'elle dit.
« Je t'apprécie », « J'espère que tu trouveras quelqu'un qui t'aime ».
C'est un cauchemar.
Je relis le mot une dernière fois avant de le chiffonner et le jeter à l'autre bout de la pièce, le visage ruisselant de larmes. J'ai l'impression qu'on vient de m'enfoncer une lame dans l'estomac et qu'on s'amuse à lentement la remuer. Lorsque arrive la deuxième phase, celle où la colère remplace la tristesse, j'attrape la bibliothèque à deux mains et la renverse sur le sol, j'envoie les coussins par la fenêtre et je retourne le canapé, les flashs d'hier soir me donnant encore plus la rage.
Une fois que la cabane se retrouve sans dessus-dessous, je prends mes affaires et regagne le chemin de la maison. Mes yeux ont séché, comme si je n'avais plus de larmes.
Une fois arrivée à l'orée du bois, je passe par dessus la haie, je m'apprête à contourner la maison lorsqu'un petit nuage de fumée s'échappant de la cour attire mon attention. Je ne tarde pas à apercevoir ma grand-mère, assise sur le banc de pierre, une cigarette entre les doigts.
- Je croyais que tu essayais d'arrêter, lancé-je en m'approchant d'elle.
Elle sursaute.
- Bon sang Thaïs, j'ai faillis faire une crise cardiaque.
Je rigole légèrement et me laisse tomber à ses côtés.
- Qu'est-ce-que tu fais dehors si tôt ? Tu serais quand même pas en train de fumer en douce comme une gamine de 15 ans ?
Elle glousse puis prend une nouvelle bouffée.
- Et toi ? Où étais-tu passé ? demande-t-elle tentant d'adopter un ton sérieux.
- J'étais avec Adèle, on a dormi dans la cabane, soufflé-je d'une voix amer en priant pour qu'elle n'aille pas plus loin.
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Breathe [gxg]
RomanceÀ 22 ans, Thaïs mène une vie libérée et épanouie, entourée de son petit cercle d'amis. Un jour, son quotidien est bouleversé par un événement familial qui va l'obliger à retourner dans le village où elle passait tous ses étés, enfant. Des secrets...