Meurtres à Halsey

Bulle de bonheur

  Mme Holt avait quitté son domicile depuis une poignée de secondes quand son unique fille, habituellement si solitaire arriva au bout de la rue suivit par trois autres adolescents.
Complètement dépassée par leurs recherches et ayant quelque difficulté à rester discret à 4 dans leur petit cagibi, nos apprentis détectives avait pris d'un commun accord la décision de se rejoindre chez Athénaïs après les cours pour faire leurs devoirs et peut-être se changer les idées.
Même si l'automne s'était déjà bien installée, la température agréable permettait de s'installer dans le jardin au milieu des jolis parterres de jonquille familiaux.
-Quelqu'un y a compris quelque chose à toutes ses équations finies par demander Athénaïs Désespérer. Ca n'a aucun sens !
- Ne me regarde pas comme ça fit Logan, je suis en Art Appliqué, c'est toi la spécialiste des trucs incompréhensible, je te signale.
- Langues Anciennes idiot, pas Hiéroglyphe algébriques
- Laisse-moi regarder proposa Maya en jetant un œil aux feuilles de notes éparpillées sur la table.
-Moi, j'abandonne, ça me servira à rien de connaitre toutes ses dates lança Gaby
-Bah on n'aura pas tous la chance de devenir champion du monde de tir à l'arc, faut que je les retiennent moi, ces foutues dates soupira Logan

La nuit était tombée quand les devoirs furent enfin terminés et l'on avait passé 21 h quand Gaby proposa de commander des pizzas. Installées en vrac sur le canapé du salon ces étrangers rapprochés par la coïncidence, l'incompréhension, rage et la tristesse devenaient amis à force de travailler ensemble, de partager leurs impressions, leurs sentiments et leur secret. Au bout d'un moment, Logan amena Athénaïs à l'écart pour parler des événements de la veille.
....
La première impression que j'ai eue en arrivant dans la chambre d'Athénaïs, c'est qu'elle lui ressemble drôlement. Elle est totalement écliptique ! Des couleurs de partout sur un fond sombre, du bazar qui cache les trucs personnels, des secrets bien gardés glisser sous les cartes aux murs et de la musique sur un vieux lecteur vinyle de l'âge de mes grands-parents. Elle semble bloquer dans le temps, comme si les évolutions, innovations, s'étaient juste ajoutées les unes aux autres ont cours des deux derniers siècles. Un vieux Walkman qui côtoie son ordinateur portable couleur des cerises, des vêtements bariolée, décalée, mais des roller dernières générations, une lampe électrique, mais des bougeoirs éparpillés dans la pièce. C'est un peu magique en fait... Un décor de photographie perdue au milieu de la vraie vie. Je repère dans un coin ses patins à glace calés entre deux tomes d'Agatha Christie, papillon de jour, enquêtrice de nuit.

- Tu m'expliqueras un jour ce qu'il s'est passé hier soir ? Demandais-je
- Surement. Y a beaucoup de choses dont il faudra que je te parle à vrai dire, mais j'ai des choses à régler avant, tu vas simplement devoir me faire confiance quelque temps.
-" Ne fais jamais confiance à personne ", c'est toujours toi qu'il le dit, mais je crois, je peux faire une exception cette fois-çi.
Elle sourit.
-Tu as découvert quelque chose ? Repris-je
Elle hocha la tête.
- Je pense, j'en suis même persuadée : Clio n'était pas seule cette nuit-là.
- Un témoin ?
- J'aurais plutôt dit un meurtrier.

Nous n'avons pas vraiment résolu de mystère ce soir-là, en réalité, on continuait à s'enfoncer dans une tissue éternelle de questions sans réponse. Et cela n'allait pas en s'arrangeant.
En descendants, je remarquais ses mains qui tremblaient et inconsciement je prierai pour qu'elle ne se remette pas à crier. Mais notre attention fut rapidement happée par Gaby qui tenait Maya sur une épaule, tel un géant de dessin animé, pour que celle-ci attrape les albums tout en haut d'une bibliothèque qui grimpait jusqu'au plafond.
- Qu'est que vous avez trouvé ? Demanda Athénaïs en aidant à la réception de Maya, les bras chargés de gros classeurs poussiéreux.
-Des albums photos du lycée !
- Mes parents ont fait toute leur scolarité au HHS, j'avais complètement oublié toutes ces photos.
Nous étalions les imposants albums à même le sol pour les observer.

-Regarde, c'est Mme devise notre prof de Science, elle était déjà super vieille !
-Dans celui-là, il n'y a même pas encore le Bâtiments A..
-Mon Dieu ce que les uniformes pouvaient être solennels...
En quelques minutes, la totalité des albums jonchaient le sol, les photos s'échappaient si est là au gré de nos découvertes, exclamations et fous rires. Parmi elles, une petite photo s'envola jusque dans le cheveu de Maya qui hilare l'attrapa pour en observer les protagonistes.

Sur une nappe de pique-nique aux couleurs définitivement démodée, sous un magnifique cerisier en fleur posaient 3 adolescents.
Au centre, se tenait une jeune fille dont l'éclat de rire s'était figée sur papier glacé, les deux garçons qui l'encadraient avaient accroché des cerises à ses oreilles.
Cet instant de bonheurs immobiles nous fit sourire quelques secondes avant que Mme Holt ne débarque et mette fin à notre petite fête. On quittait Athénaïs en la remerciant pour cet après-midi incroyable et nous nous séparions au bout de la rue.
Je me souviens que ce jour-là malgré toute ma peur, mon sourire ne quitta pas mes oreilles jusqu'à l'appartement.