Un gémissement rauque, à peine audible, ou déjà peut-être trop, s'élevait dans les airs, rebondissant contre les murs opaques de la chambre de son propriétaire. Ce dernier était une belle créature de type mâle, à la frontière de la jeunesse. Son corps, blotti dans ses nombreuses couvertures, se contorsionnait sous une menace invisible. Un frisson impossible à réprimer l'agitait, faisait courber son échine et sa nuque dans une tentative de fuite, et rapprochement, inutile. La tension sur ses muscles s'accumulait au fil de ses mouvements, rendus lents par les entraves du sommeil.
Le relief trop réel d'une caresse voluptueuse sur sa mâchoire fit ciller ses paupières closes. La sensation lui procura l'effet d'une pluie de baisers tantôt doux, tantôt agressifs, comme s'ils étaient bien décidés à jouer avec ses nerfs. Ils se posèrent encore le long de son cou, entre ces pectoraux, sur ces cotes, son nombril et son rythme cardiaque s'emballa. Sa bouche s'ouvrit mollement, offrant un généreux passage à de la fratrie de sa toute première plainte.
Une sensation d'ivresse, d'allégresse commença à détendre son corps crispé. Une langue mutine, furtive, traça les pourtours de son aine, glissa sur son quadriceps et s'égara sur l'intérieur de sa cuisse. Son souffle devient brûlant, lourd. Son être se tendit encore plus, commençant à émerger sous la vague impression que son corps émettait une chaleur anormale, pour sa condition de vampire. Une prise solide s'ancra à ses hanches, l'empreinte de deux mains qui s'accrochaient sans douceur, l'immobilisaient. Il ne se débâtit pas, comme reconnaissant l'auteur du contact. Son cœur normalement inanimé pulsa, raisonna dans chaque grammes, recoins, de son corps.
Le désir ardent qui l'assaillait fourmilla dans chacun de ses membres. Il eut envie, cette envie, que son bourreau en finisse, ou commence, qu'il accède à sa requête muette. Ces cuisses pressèrent le vide, se contractèrent, une volonté limpide les animaient. Son bassin s'éleva, il tourna la tête, crispé. Les doigts revinrent s'accrocher à sa peau. Ils glissèrent le long de ses jambes, écartèrent largement celles-ci et se mirent en suspens.
Une caresse feutrée reprit sur son cou offert, il souhaita qu'on accède à sa requête, que ce n'était qu'un interlude. Le touché devint mouillé, se prolongea. Il émit un râle, implora plus, noua son bas ventre à celui de l'autre, dans le but de retenir son oppresseur. Le contact l'électrisa, il frissonna. Quémanda plus par des soupirs évocateurs, supplia par ces sons étranglés.
Un pressentiment le figea, comme un ordre qui le soumettait à l'immobilité. Il fut tenté de chouiner pour s'y soustraire, mais la pression contre son sexe le fit plier, pour que ça continue, il demeura immobile. Il en fut récompensé, au possible. Avec une lenteur excessive il sentit son anneau se faire écarteler. Son bas ventre s'enflamma, ses nerfs immédiatement mis à vifs aussi. Le plaisir ne tarda pas à poindre et prendre le dessus sur tout le reste, et malgré l'injonction, le vampire se mit à bouger.
Sa conscience endormie et l'ivresse avaient raison de ces gestes désordonnés, crispés. Sous la force des sensations, des bouffés de chaleur et de la poigne inquisitrice, il ne pouvait que gémir faiblement, aller à la rencontre de son bourreau, ses yeux papillonnants franchement. Seul le sommeil encore trop présent l'empêchait d'hurler, bouger plus vite.
Mais en un clin d'œil, l'ensemble des sensations s'évapora, comme pour lui dire qu'il en faisait déjà trop. Comme pour le punir d'avoir désobéit. Cependant avant même que la frustration et la rage ne s'installent, qu'il n'ouvre les yeux sous le coup, tout revient avec une force démesurée qui le garda paralysé. Les larmes manquèrent leur chance de s'écouler sur ses joues pâles. La chaleur de l'enfer lui parut plus vive à chaque mouvement supplémentaire, chaque accélération. Jusqu'à ce que l'angle change, ses hanches inclinées de sorte à frapper sa boule de plaisir dans quelques derniers coups de reins tant libérateur que dévastateur.
Un cri puissant et guttural franchi la barrière de ses lèvres. L'intense vague de plaisir ne semblait pas faiblir, agitait violemment ses muscles avant de le laisser retomber dans un état comateux.
Il reprit contact avec la réalité dans un brouillard, incapable de respirer et penser correctement. Il se força, douloureusement, à faire le vide pour effacer les dernières traces de son plaisir coupable de son anatomie. Quand il retrouva sa motricité, il passa une main encore tremblante sur son visage. Ouvrit un œil flou qui parcourut aussitôt les environs, à la recherche de la cause de son état. Il ne rencontra que les recoins sombres de la chambre vide.
Il baissa alors les yeux sur ses cuisses et manqua de couiner sous le même constat. Personne ne se trouvait positionné là. Un grognement mécontent lui échappa, puis un autre de frustration. Il remarqua les traces fraîches de sa jouissance. Un frisson glissa sur sa colonne vertébrale. Les seuls mots qui lui vinrent furent les suivants« Sans équivoque, elle était belle la suprématie royale. ».Son subconscient ne se gêna pas de le railler en lui rappelant qu'il espérait presque, à chaque couché, finir dans cet état au réveil, pour cette même raison. Enfin tout du moins quand la fatigue n'était pas trop grande, force d'avoir le sommeil si agité.
Ce phamnas là il était fatigué, la petite voix dans sa tête l'agaçait. « Tu donnerais tout pour te soumettre à lui. » « Ce mâle, ton bourreau, te hante parce que tu le souhaites. » « Tues un puissant vampire mais une ombre sans visage trouble ton sommeil ? »
Sa conscience parasitait ses pensées, et ces rêves l'indifférait. Son regard se fit ennuyé. Il grogna, il aurait eu bien trop honte d'avouer à voix haute ce qu'il se disait à lui-même. Il clôt une énième fois ses paupières, et bascula sur le ventre pour se rendormir. Peut-être une position inhabituelle lui offrirait ce sommeil salutaire. Il grogna en se demandant s'il devait prier Gallahac pour un sommeil sans images. Le ridicule de la chose le stoppa. Il se demanda alors à lui-même. Après tout, il était un prince, le pouvoir divin était sa personne.
Son vœu ne fit pas le poids contre l'Enfer. A peine avait-il fermé ses paupières, qu'une servante portant ses armoiries personnelles était apparue dans la pièce, lui clamant vigoureusement qu'il était l'heure son réveil. D'une voix si ferme, qu'elle était impossible à ignorer en feignant de ne rien entendre.
Sous l'effet de la surprise, l'héritier vampire fut sur ses pieds, en position d'attaque, en tout juste un battement de cil. L'intrus, dont il découvrait au moment même l'identité subirait son courroux. Déjà parce qu'il l'avait anéantie sa maigre chance de dormir, ensuite pour avoir osé l'approcher de trop près.
D'un regard calculateur , il détailla la silhouette coupable. Un grondement sourd, rauque, animal, émanant de son torse, il imagina tout de suite les pires sévices pendant l'évaluation du corps finement sculpté devant lui. Il ne prit le temps d'interrompre son analyse que pour apercevoir, tant qu'il était encore reconnaissable, le visage de celui qu'il s'apprêtait à massacrer, pour mieux se délecter de son état après qu'il lui soit passé dessus.
Il ne jubila pas longtemps. Une paire de yeux jaunes l'arrêta et dans son analyse et dans sa vengeance. Le regard appartenait à sa douce amie Luxime. Il grogna, comprenant aisément qu'il ne pouvait décemment pas la tuer. Du moins, pas tout suite, pas ainsi, elle lui était encore utile.
Choisissant alors de simplement l'ignorer, il regagna ses oreillers en s'empêchant de grogner plus. Une supplique muette commença à se former sur sa langue. Il n'avait pas besoin qu'elle parle pour savoir que le repos pouvait être complètement oublié. Bien qu'il parût d'emblée évident que l'Enfer ne lui aurait pas accordé un si beau cadeau...
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Némésis Ultime
Vampir« Voici le Roi : ex prince vampire, XYS. Jeune, d'une présomption digne de tout souverain détestable. D'une beauté froide et impénétrable. Majestueux et évidemment différent. En toute conscience il ne faisait que renforcer sa nature profonde solit...