12 : Perturbées.

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Ils marchaient dans le froid, dans les allées du marché de Noël depuis presque une heure, Ella et Néo collés, Ambre et Gaëtan riant côte à côte et Cara tenant la main d'Alice, fermement. Ils s'arrêtèrent finalement, après quelques achats, à un petit cabanon, les parents voulant leurs payer un verre de vin chaud. Debout autour d'une table haute, les mains sur leurs tasses, discutant, serrés, Alice ne disait pas un mot, comme depuis le début de la ballade, son esprit tournait en boucle, cherchant à comprendre tout ce qu'il se passait avec Cara. Le baiser avant qu'elle ne s'habille avait été offert pour qu'elle se sente rassurée, mais au final il l'avait encore plus perturbée. Elle voyait son reflet dans le vin chaud, et essayait de savoir. Elle était un être abimé, au coeur cabossé, elle n'était pas un cadeau, alors certes elle mourrait d'envie que ces baisers volés deviennent des baisers de chaque instant, des grands moments, des vrais instants, mais elle ne voulait pas être un poids pour Cara, elle voulait que la jeune femme vive tranquillement, sans avoir à sa charge une gamine de vingt ans, qui était probablement recherchée par les responsables des services sociaux depuis sa fugue. Elle ne voulait pas compliqué sa vie, Cara méritait d'être heureuse et sans que se soit complexe.
-Alice? Alice? Alice?! Appela la brune à côté d'elle avant de la brusquer un peu, pour la faire réagir.
-Quoi? Pardon je pensais à autre chose. S'excusa la blonde en relevant la tête vers les autres en voyant les regards sur elle.
-À quoi tu pensais? Tu avais l'air très triste? Interrogea Cara, une main dans son dos.
-Je- Alice se coupa en voyant un flocon tomber sur son nez. Tellement dans ses pensées elle n'avait pas vu que la neige tombait doucement, au point que ses mains étaient frigorifiées par les flocons tombés dessus. Elle releva la tête vers le ciel avec un léger sourire. Il neige. Souffla-t-elle.
-Oui depuis cinq minutes déjà. Répondit Gaëtan avec un sourire.
-Il neige. Répéta Alice en lâchant sa tasse tendant les paumes vers le ciel, récoltant quelques flocons dedans.
-Tu n'as jamais vu la neige? Demanda Ella, mais la blonde était perdue dans le ciel, admirant, sans pouvoir répondre.
-Elle adore la neige, et n'as que peu eu l'occasion d'en profiter. Confia Cara en observant la blonde avec un doux sourire.
-C'est tellement délicat la neige. Et ça brille, quand je suis sous les flocons on dirait que je brille moins. Murmura Alice. J'adore la neige. Ajouta-t-elle en baisant la tête les regardant enfin à nouveau.
-T'as un flocon au bout du nez. Ria la brune en lui enlevant.
-Tu nous as jamais dit d'où tu viens. Remarqua Ambre.
-D'un peu partout dans le pays. Répondit vaguement la blonde. D'après mon dossier j'aurais été trouvée devant la porte d'un bâtiment abandonné d'un village à deux heures de Londres. Et j'ai vérifié, c'est à une demie heure de chez Cara. Je sais rien de plus. Admit-elle.
Elle n'avait jamais autant dit d'elle sur le début de sa vie.
-Et y avait rien avec toi? S'intéressa Néo.
-J'étais habillée, emballée comme un paquet dans trois couverture et un pauvre papier avec écrit "Alice Agathe", quand j'ai eu quinze ans, j'ai ajouter Adain, comme nom de famille, je voulais surtout pas prendre ceux des familles d'accueil. Confia-t-elle angoissée. J'aime pas plus que ça en parler, désolé, mais on pourrait parler d'autre chose?
-Bien sûr. Accepta la famille de Cara, qui elle caressait tendrement le dos de la blonde.
Ils dévièrent sur un autre sujet, mais la brune ne s'y intéressa que peu, remarquant que qu'Alice évitait son regard, et avait des yeux tristes. Elle avait parler avec elle de son passé et de son enfance quelques fois, et son regard devenait aussi peiné que enragé, alors que là elle était seulement triste. Elle laissa glisser sa main jusqu'à la hanche de la blonde, la serrant contre elle et se pencha vers elle, pour parler discrètement.
-Qu'est ce qui ne va pas? Murmura-t-elle. Je m'inquiète pour toi, c'est Noël et tu as l'air triste, je t'avais promis un Noël en famille doux et beau, je voudrais y arriver.
-Je vais bien Cara, ce Noël est le plus beau de toute ma vie. Sourit doucement Alice avant de prendre une gorgée de vin chaud, sans regarder la brune.
-Regarde moi. Réclama doucement la brune, perdue, tout allait si bien entre elles jusque là, alors pourquoi d'un coup elle n'osait plus la regarder. Alice prit sur elle et finit par plonger ses yeux dans le regard de la jeune femme. On va faire un petit tour?
-D'accord. Alice finit sa tasse d'une traite, et prit la main tendue de Cara pour s'éloigner de la famille. Tu m'emmènes où?
-Je t'enlève. Sourit Cara en l'entraînant, avant de l'attirer près d'elle, épaule contre épaule. Elles marchèrent dans les allées avant de prendre une petite rue qui déboucha sur une petite place où il y avait une fontaine. Viens t'asseoir. Lui dit-elle en s'installant sur le rebord en pierre.
Alice ce mit près d'elle, mais regarda l'eau au lieu de Cara.
-Tu veux voir un truc original? Proposa alors Alice.
La brune acquiesça et Alice fixa l'eau, se concentrant au mieux, elle soupira un coup et passa sa main au dessus de l'eau. Soudainement cette dernière se mit à bouger et tourner jusqu'à s'élever sur une dizaine de centimètres, sous les yeux admiratifs de Cara.
-Oh mais c'est super! S'exclama la brune.
-C'est le seule truc que j'ai appris à contrôler. Sourit la blonde. Je me suis entrainée avec l'eau dans ta baignoire.
-J'adore! Je suis fière de toi! Cara, heureuse se pencha et embrassa la joue de la blonde, qui chamboulée perdit le contrôle et fit violemment bouger l'eau, les éclaboussant un peu. Alice!
-Pardon. Elle calma l'eau et remit ses mains dans ses poches, honteuse. Faut pas que tu fasses ça.
-Faire quoi? Interrogea Cara.
-Il me faut toute ma concentration pour faire ça, alors quand tu me perturbes je peux pas y arriver. Marmonna la blonde gênée, les joues rougissantes.
-Je te perturbe? Sourit la brune en se collant contre elle. Elle reçu un regard noir de la jeune femme qui la fit glousser. Pourquoi étais tu triste? Fit elle finalement en posant son menton sur l'épaule d'Alice.
-Je ne suis pas triste. Refusa la blonde le regard au loin.
-Alice. Appuya la brune.
-J'ai peur, c'est pas pareil. Rectifia la jeune femme. Je t'adore, tu le sais, mais on doit vraiment avoir une discussion, et je ne veux pas l'avoir maintenant, j'ai besoin de te dire des choses importantes. Elle tourna ses yeux vers la brune et elle se retrouva si près d'elle que leurs nez s'effleurèrent. On parlera demain, en rentrant promis.
-Promis, tu vas bien? Murmura Cara.
La blonde déglutit difficilement en sentant le souffle de la brune sur ses lèvres, c'était une bien trop douce caresse pour son coeur perturbé de sentiments. Elle ne pu se retenir et fit s'effleurer leurs lèvres, lentement, très lentement, ce n'était pas un baiser, pourtant leurs lèvres entrouvertes étaient prêtes pour un baiser, leurs corps et leurs coeurs n'attendaient que ça. Cependant, Alice ne fit rien de plus. Durant une trentaine de secondes, elles restèrent immobiles et silencieuses, faisant juste bouger subtilement leurs lèvres qui s'effleuraient.
-Promis. Finit par murmurer la blonde. Retournons avec ta famille.
Alice ce décala, avec une volonté de fer. Cara prit une bouffée d'air, ayant stopper sans le vouloir son coeur et son corps à la proximité de leurs lèvres. Elle se leva à son tour et prit la main tendue de la jeune femme. Elles retournèrent auprès de la famille de Cara, et décidèrent de rentrer à la maison, pour déjeuner. Le reste de l'après midi, ils passèrent leurs temps à faire des jeux de société, une tradition familiale depuis la naissance de Ambre. Le soir venu, ils cuisinèrent ensemble, chacun sa tâche, et Alice faisait la poêlée de légumes quand Cara, ayant fini sa tâche, vint se coller à son dos, la tête sur son épaule pour voir ce qu'elle faisait.
-Y a un ingrédient secret encore? Interrogea-t-elle.
-Curry et coriandre, j'ai fais avec ce qu'il y avait. Sourit Alice. La brune voulu attraper un morceau de courgette et elle tapa sur sa main. Non.
-Allez, juste un petit bout. Réclama Cara comme une enfant.
-Non, sois patiente, tu mangeras en même temps que tout le monde. Arrête. Grogna-t-elle en donnant un coup de bassin pour la faire se reculer. C'est épuisant de faire à manger avec toi.
-Elle était déjà comme ça petite. Remarqua Néo qui faisait à manger à côté.
-Elle est insupportable quand il s'agit de nourriture, notre Caca. Remarqua Ambre assise sur le comptoir de la cuisine, près de son frère.
-Je suis là je vous signale. Grogna la brune, mécontente.
-On t'adore. Sourit Alice en embrassant sa joue avant de s'occuper des légumes.
Ils finirent le repas, mirent la table et s'assirent tous ensemble pour manger en discutant. Rapidement la conversation dévia sur la magie de chacun, et Alice s'intéressa beaucoup à celle de Gaëtan. Ils en parlèrent longuement tout les deux, sans même voir que les autres les écoutaient, et que Cara avait un oeil aussi jaloux qu'attentif sur eux. Elle n'avait pourtant aucune raison d'être jalouse, elle savait que son frère avait compris, et ne tentait plus rien, quand à Alice elle n'était pas intéressée, mais quand même elle n'aimait pas ça. Ella finit par le voir, et décida d'intervenir, pour éviter à sa fille de devenir folle.
-C'est grâce à lui et sa magie que nous avons décidés de ne plus manger d'animaux vivants. Voilà pourquoi il n'y a pas de viande sur la table depuis hier. Lança-t-elle.
-Je suis aussi végétarienne, alors c'est clairement pas un soucis. Sourit Alice.
Néo, à côté de sa fille, eu un sourire et se pencha à son oreille discrètement.
-La laisse pas filer, elle parfaite, ce qu'il y a de mieux pour toi. Tu pourrais être entièrement heureuse, elle te faire rayonner.
-Papa. Grogna Cara gênée.
-Je dis juste, ne la laisse pas filer. Répéta-t-il en se redressant l'air de rien.
Cara finit le repas gênée, elle était si transparente pour ses parents, pas autant qu'elle l'était pour Alice, mais énormément tout de même. La blonde remarqua sa profonde réflexion et ne dis rien, cependant, lorsqu'ils allèrent au salon regarder un film de Noël, une autre tradition, Alice se colla dans l'angle et tira Cara contre elle, étendant un des plaid sur elles. Elles restèrent collées, leurs familles dans les autres fauteuils et Gaëtan dans le canapé, à côté de la brune qui finit par caresser sa tête sur ses genoux. Il avait vingt ans, tout comme Alice, mais si elle voyait la blonde comme une adulte aussi grande qu'elle, elle continuait de voir son frère comme un enfant. Le générique défilant, elle le réveilla, et après un bisou à tout le monde, les enfants montèrent, le jeune homme somnolant, Cara l'emmena à sa chambre.
-Je te rejoins dans cinq minutes, je couche ce grand bébé. Sourit-elle.
Gaëtan marmonna quelque chose d'incompréhensible, et rentra dans sa chambre, suivit de sa soeur qui l'aida à se coucher.
-Caca, est ce que tu l'aimes? Demanda le jeune homme à peine couché.
-Qui? Alice? Demanda la brune, perturbée de discuter avec un endormi.
-Bien sûr, de qui veux tu que je parle. Remarqua Gaëtan.
-Je crois oui. J'ai peur qu'elle ne pense pas la même chose. Reconnu Cara, pour la première fois.
-Pourquoi tu fais pas comme avec l'autre là? Tu sais, celle qui avait joué avec toi, et tu étais rentrée dans sa tête pour savoir la vérité. Questionna-t-il.
-J'ai promis à Alice de ne jamais rentrer dans sa tête sans son accord. Expliqua la brune.
-Si t'as promis ça c'est que t'es carrément folle d'elle. Tu n'as jamais promis ça, même pas à nous, tu n'as jamais voulu. N'aies pas peur de l'aimer. Murmura le jeune homme en s'endormant totalement.
Cara embrassa son front et se redressa. Elle quitta sa chambre et alla dans la sienne. Elle trouva Alice en sous-vêtements sur le lit, en tailleur, les yeux fermés, le visage crispé. Avant qu'elle ne puisse dire un quelconque mot, Alice se mit à briller, réellement, chaque paillette de peau se mit à rayonner. Après une minute tout s'arrêta et la blonde lâcha un profond soupir, épuisée.
-Oh t'es là... Remarqua-t-elle alors en ouvrant les yeux.
-Tu arrives à te faire rayonner? Demanda la brune en s'approchant du bout du lit.
-Oui, enfin un peu depuis trois jours environ. Je me suis beaucoup entraînée, mais c'est pas facile, ça m'épuise un peu. Admit la blonde en se grattant la nuque. Bref, ton frère dort?
-Oui. Cara enleva ses vêtements, et s'approcha en sous-vêtements, pour se mettre sur ses genoux en face d'Alice. Tu m'impressionnes de plus en plus tu sais. Alice rougit doucement, et Cara passa sa main sur ses bras, admirant une énième fois sa peau.
-Tu ne te feras jamais à ma peau. Remarqua alors la blonde.
-Non. Tu es tellement unique et sublime. Je me ferais jamais à tant de beauté. Susurra, admirative, la brune.
-Merci Cara. Murmura alors Alice.
-Merci de? S'étonna la jeune femme en relevant les yeux dans les siens.
-De me trouver belle, de ne jamais avoir peur de mes pertes de contrôle, de me protéger, de m'accueillir, de me donner une famille, des raisons de croire que la vie à un certain intérêt, de me donner des raisons de croire en la possibilité d'être heureuse, plus qu'une seconde. Alice avait parlé dans un murmure, et sans même s'en rendre compte elle s'était déplacée, finissant assise proche de la brune, une jambe de chaque côtés d'elle.
-Tu me fais croire en tout, en tout...Chuchota la brune en caressant de son index la joue d'Alice. Tu es si importante pour moi.
Le léger sourire heureux qu'elle reçu la poussa à faire quelque chose qu'elle s'était promis de ne plus faire quand la blonde lui avait dit qu'elle avait peur, près de la fontaine. Elle posa ses lèvres sur celles d'Alice, dans ce geste, elle s'attendit à être repoussée, mais au contraire, la jeune femme glissa une main sur sa joue, appuyant le baiser. Le besoin d'air les firent se séparer, et elle vit que la blonde allait parler.
-Chuut. Ne dis rien. Dodo. Murmura Cara en se décalant pour s'allonger.
Dans un sourire, Alice se glissa sous la couette de la même manière qu'elle. Pour une fois, elles restèrent écartées, sans se toucher, face à face dans le noir, seulement la lumière de la guirlande au dessus du lit.
-Cara? Appella la blonde.
-Oui? Qu'est ce qu'il y a? Répondit naturellement la jeune femme.
-Tu peux me prendre dans tes bras? Marmonna Alice, peu à l'aise, ne sachant pas comment demander cela sans que ça paraisse étrange au vu de la situation.
La brune n'hésita pas une seconde, et passa ses bras autour d'Alice, pour la serrer contre elle. Elle avait tout autant besoin d'une étreinte que la blonde en avait besoin. Cara la serra de toute ses forces, les paroles de son frère résonnaient en elle, il avait raison, elle avait peur d'aimer. Et pourtant Alice était la meilleure, douce et calme, adorable et intelligente, elle ne trouverait pas mieux. Sa famille l'adorait aussi, ils la poussaient dans ses bras depuis qu'ils la connaissaient, et depuis la veille ils étaient plus qu'insistants. Elle l'aimait, mais elle ne pouvait pas se permettre de lui dire alors que la blonde elle-même lui avait dit quelques heures plutôt avoir peur et avoir réellement besoin de lui parler. Elle devait pour le moment se contenter de l'étreinte.
-Arrête de t'angoisser. Souffla la blonde. Qu'est ce qu'il y a? Je voulais un câlin mais surtout pas te stresser. Expliqua-t-elle en se détachant légèrement d'elle.
-Ce n'est pas le câlin, ma tête pense c'est tout. Sourit doucement Cara.
-Elle pense à quoi? Interrogea la blonde.
-Je n'ai pas le droit de le dire maintenant. Marmonna la brune.
-Alors fais la taire, et rassure toi demain on rentre, et on arrête les non-dits, apparemment ça ne réussit à aucune d'entre nous. Reconnu Alice le plus calmement possible.
-Tu as raison. Le train est à quatorze heure, ça veut dire qu'on doit pas se lever après dix heure, j'ai mis un réveil. Informa Cara.
-D'accord, parfait. Bonne nuit alors. Murmura la blonde en déposant un baiser volant sur la peau du cou de la jeune femme.
-Bonne nuit. Susurra la brune en serrant ses bras autour d'elle.

Briller.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant