24 : Séparées.

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Alice avait vingt et un an depuis tout juste deux heures. Elle était assise dans son lit, dans un sweat dérobé à la brune quand elle l'avait quittée. Elle pleurait à chaudes larmes devant son ordinateur. Six mois qu'elle n'avait pas vu Cara, six mois qu'elle n'avait pas vu un seul membre de la famille Meri ou Luz. Elle était totalement seule. Deux jours après avoir quitté l'appartement de la brune, elle avait rencontré une femme qui lui avait montré une maison qui lui appartenait, dans laquelle habitait sept jeunes, entre dix huit et vingt trois ans, qui était seuls et se battaient avec la vie, et elle lui avait proposé d'emménagé aussi. Elle avait une chambre au dernier étage, sous le toit, une fenêtre lui laissant voir le toit juste au dessus de son matelas. Il était au sol, autour il y avait des livres, elle en avait acheté un paquet ces derniers mois, elle ne faisait rien d'autre que lire, écrire et photographier. Elle avait fini d'écrire son roman, et après une très longue hésitation elle l'avait envoyé à son éditeur. Son éditeur et celui de Cara. Tout la ramenait à Cara. Les gens de cette maison étaient adorables, elle s'entendait bien avec tous, mais elle avait régressé, elle en était consciente. Elle ne pouvait plus mettre un pied dehors seule, et même accompagnée elle en était presque incapable. Les cauchemars étaient revenus, les crises d'angoisses aussi. Elle dormait peu, et certaine nuit pas du tout.
Aujourd'hui était le vingt sept décembre, depuis deux heure, elle avait vingt et un an. Et pour une fois elle s'était autorisée à ouvrir les réseaux sociaux pour regarder les comptes de la brune. À une heure du matin, un poste de Cara avait été ajouté, un court texte qui commençait par des mots qui l'avaient de suite chamboulée.
« Aujourd'hui est la plus belle journée de l'année, car c'est le jour de la naissance de l'être le plus lumineux qu'il m'ait été donné de rencontrer.
Depuis six mois, vous me demandez où je suis passé, je ne donne plus de nouvelles, ne poste plus de photos, ne poste presque plus de mots ou autre ici. Depuis six mois je dépéris. Je vais vous le dire. Il y a six mois, je fêtais mon diplôme, j'ai bu encore et encore, et j'ai déconné. J'ai perdu l'amour de ma vie, j'ai perdu l'être le plus extraordinaire que je connaisse, j'ai perdu la femme qui me faisait vibrer.
Six mois qu'elle est partie, et elle me hante. J'espère que là où elle est, elle est heureuse, parce qu'elle le mérite, c'est un être rare, et je vous souhaite à tous de rencontrer une personne comme ça un jour, parce que c'est grâce à elle que ma vie est devenue merveilleuse. Et oui j'ai tout gâché, et oui je regrette chaque jour de l'avoir perdue. Je l'aime de tout mon coeur, je l'aimerais toujours.
Je te souhaite tout le bonheur du monde, tout l'amour de l'univers, je t'aime A. »
Alice pleurait tout ce qu'elle pouvait dans son lit. En le lisant la première fois, elle avait sauté de son lit, avec la volonté de courir chez Cara pour lui tomber dans les bras. Mais quand elle avait posé sa main sur la poignée de la porte l'image de Cara collée à Nina l'avait hantée de nouveau. Elle n'y arrivait pas, elle avait toujours cette impression que le couteau était enfoncée en elle, malgré les six mois, les cent quatre vingt quatre jours de séparation, ce souvenir lui faisait toujours aussi mal. Elle n'arrivait pas à la pardonner. Elle ne s'était jamais sentie aussi trahie. Mais elle n'arrivait pas à ne plus l'aimer. Elle était amoureuse de Cara depuis le premier jour, et apparemment c'était pas prêt de changer. Agacée, elle ferma son ordinateur rapidement, et essuya ses yeux rageusement. Elle sortit de sa chambre, et d'un pas silencieux mais désespéré, elle traversa le couloir, puis descendit le premier escalier, traversa le second couloir où il y avait des chambres comme à son étage, mais une grande salle de bain en plus, puis elle descendit encore l'escalier et se retrouva au rez-de-chaussée. Elle regarda le grand salon mais se dirigea finalement vers la petite pièce entre la salle à manger -qui était reliée à la cuisine- et le salon. Dedans les douze mètres carré étaient recouvert de livres, elle était la seule de la maison à réellement aimer cette pièce. Elle y passait tout son temps. Une fenêtre était au milieu du mur entre les étagères de livres, et devant celle si le rebord était une banquette pleine de coussins. Alice s'avança et s'assit dessus contre la vitre.
-Bon anniversaire. Souffla une voix.
Alice tourna la tête vers l'entrée, et grâce à la petite lumière près d'elle, elle pu voir Maëlle, la propriétaire de la maison, qui était devenue un peu comme sa mère.
-Merci. Tenta de sourire la blonde, à nouveau au bord des larmes.
-Tu penses encore à elle, n'est ce pas? Lui demanda Maëlle en allant s'asseoir face à elle contre la vitre.
-Je l'aime tellement. Mais elle m'a tant blessée. Souffla Alice en laissant tomber son front contre la fenêtre.
-Je sais. Murmura la femme. Alice en arrivant ici lui avait progressivement tout raconté. Elle posa sa main sur la jambe de la blonde, la regardant. Elle a posté quelque chose en ton honneur il y a une heure.
-J'ai vu. Acquiesça tout bas la blonde. Je regarde jamais ses réseaux, j'ai fais une exception aujourd'hui, mais je m'attendais pas à ça. Seulement même si une part de moi veut lui pardonner et la retrouver, une autre part de moi n'arrive pas à oublier ce qu'elle a fait. Cette image d'elle embrassant l'autre blonde la, j'arrive pas, elle me fait mal. Expliqua-t-elle, en se frottant le visage.
-Mais tu l'aimes, c'est ça qui te fait le plus mal, tu n'arrives pas à cesser de l'aimer. Remarqua la femme.
Avant qu'Alice ne puisse parler, quelqu'un frappa à la porte. Maëlle alla ouvrir, alors que la blonde se mit à la porte de la petite bibliothèque, et regarda la porte d'entrée.
-Bonjour, je m'appelle Luz, je cherche Alice Adain. Fit poliment la jeune femme.
-Alice, chérie? Appela Maëlle.
-Luz? Demanda la blonde en s'approchant.
-Alice! S'exclama la rousse en entrant pour venir la serrer dans ses bras. Elle l'étreignit un moment avant de se séparer. Putain mais t'aurais pu dire au revoir! Avec Ambre on retourne la ville depuis six mois pour te trouver. Râla-t-elle avant de la serrer de nouveau dans ses bras. Joyeux anniversaire quand même.
-Luz... Murmura la blonde, émue de la revoir.
-Tu nous manques tellement. Admit la jeune femme.
-Je...Vous aussi. Bégaya la blonde contre son épaule.
-Reviens. Supplia Luz en se mettant face à elle, pour la regarder dans les yeux. Cara sait qu'elle a déconné, elle te cherche aussi, elle sort presque plus, travail pas, elle a finalement refusé le poste qu'elle devait avoir, elle écrit mais ne fais rien d'autre que ça et lire. Et te chercher bien sur. Personne ne peut la résonner. Raconta-t-elle rapidement. Et puis putain, t'as maigri, t'as l'air démolie et triste tout comme elle, je te demande pas de la pardonner comme ça, mais de revenir. Laisse lui une chance de se faire pardonner. Réclama-t-elle. Viens vivre chez Ambre et moi.
-Vous vivez ensemble? Sourit Alice.
-Ouais, depuis cinq mois. On a une chambre d'amis. Et on est a quinze minutes à pied de chez Caca et cinq minutes du salon d'Ambre. Fit rapidement Luz. Dis oui, je t'en prie.
-Je ne peux pas. Murmura la blonde. Je ne peux pas. Refusa-t-elle en reculant pour retourner près de la fenêtre.
-Al-
-Je vais vous demander de la laisser. Demanda poliment Maëlle qui avait assisté à toute la scène.
-Je lui ferrais jamais de mal, je la forcerais à rien, mais laissez moi lui parler, ça fait six mois que la cherche partout. S'il vous plaît. Supplia Luz. Vous avez cas nous surveiller si vous voulez. Proposa-t-elle. La femme accepta et la rousse couru rejoindre Alice qui pleurait près de la fenêtre. S'il te plaît Al', tu nous manques tellement. Et nous aussi on te manque.
La blonde tourna la tête vers Luz et la détailla quelque seconde.
-Qu'est ce que Cara t'a dit par rapport à mon départ? Demanda-t-elle.
-Vous fêtiez son diplôme avec ses amis, elle a beaucoup beaucoup bu, ses souvenirs sont encore assez flous. En se réveillant elle était près de la Nina qu'elle n'aime pas plus que ça, mais qui la drague depuis quelques années déjà. Elle avait ta lettre, elle a d'abord été rassurée de savoir qu'elle n'avait pas couché avec Nina, jusqu'à ce qu'elle apprenne qu'elle l'avait embrassée, et que tu avais vu. Et que comme elle avait déconné, et bien elle t'avait perdue et qu'elle pouvait s'en prendre qu'à elle même. Résuma la rousse.
-Elle a passé plus de vingt minutes à lui lécher les amygdales. Craqua Alice dans un sanglot.
-Elle était complètement bourrée. Avec Ambre on l'a trouvée le lendemain, elle a pleuré, pleuré et encore pleuré, et vomi tripes et boyaux. Elle a eu une gueule de bois de quarante huit heure, doublé au désespoir, on a cru qu'elle allait en crever! Elle était totalement ivre Al'! Jamais elle aurait fait ça sobre. Défendit Luz. Gaëtan et Ambre sont aller trouver Nina, elle a reconnu qu'elle avait fait des avances très claires et profité de l'ivresse de Cara pour l'embrasser. Elle a même avoué que plusieurs fois dans les baisers, Cara a prononcé ton prénom. Elle pensait t'embrasser toi! S'exclama-t-elle.
-Attends, tu veux dire qu'elle-
-Qu'elle sait qu'elle a merdé, mais qu'elle n'a jamais voulu ça. Elle n'aime pas Nina mais toi, elle pensait t'embrasser toi et pas Nina, et surtout elle était très très bourrée. Coupa la rousse.
-Est ce qu'elle m'ai-
-Est ce qu'elle t'aime toujours? Gloussa nerveusement la rousse. C'est quoi cette question à la con?! Elle est carrément dingue de toi putain! S'exclama Luz. Il faut que tu rentres, vous devez vous retrouver, elle est prête à n'importe quoi pour te récupérer. Elle est en train de vider son compte en banque avec un détective privé pour te retrouver. Elle laissa quelques minutes de silence. Est ce que tu l'aimes encore?
-Je n'ai jamais cessé. Mais ça me fait tellement mal. Cette image d'elle et Nina est tout le temps dans mon esprit. Pleura la blonde.
-Parce que c'est la dernière que tu as de Cara. Tu dois rentrer. Rétorqua Luz.
-Maëlle? Interrogea Alice.
-Tu auras toujours ta place ici, mais je crois que tu dois rentrer auprès de celle que tu aimes. Sourit la femme. La blonde s'approcha de la femme et se laissa aller dans ses bras. Tu vas me manquer, tu reviendras me voir, promets le.
-Je te le promets, merci pour tout. Assura la blonde.
-Va ramasser tes affaires. Encouragea Maëlle.
Alice entraina Luz au deuxième étage, dans sa petite chambre, et ramassa ses affaires. La rousse regardait sa chambre, l'univers de la jeune femme depuis quelques mois, alors que celle ci ramassait dans son sac à dos ses affaires précieuses et dans son autre sac ses vêtements.
-Prête? On rentre? Sourit Luz en la voyant fermer les sacs.
-J'ai peur. Murmura Alice.
-Normal. Mais ne t'inquiète pas, tu ne verras pas Cara tout de suite, et tout se passera bien. Assura la rousse. Moi je suis trop heureuse que tu rentres. Tu m'as manqué, et Noël cette année l'horreur.
-Pourquoi? Demanda la blonde.
-Ella et Néo ont essayé de tout faire pour que ton absence ne se voit pas, mais Cara a pleuré toutes les larmes de son corps en continu. Gaëtan lui a dit que c'était une vraie conne et qu'elle était vraiment nulle d'avoir agit comme ça avec toi, et de t'avoir perdue. Ambre essayait de calmer tout le monde, et moi j'ai passé mon temps a rassurer Ambre qui paniquait et à tenir Cara contre moi pour essayer de la calmer. Raconta la rousse. Et la seule chose que Cara était capable de répéter c'était ton prénom, elle répétait qu'elle était nulle, que tu lui manquais, qu'elle t'aimais mais qu'elle avait tout gâché.
-Je ne pensais pas que c'était à ce point. Murmura Alice. Elle mit son sac sur son dos, et Luz prit le sac de vêtements. Elles descendirent et après des bisous à Maëlle elle quittèrent la maison et montèrent dans la voiture de Luz qui démarra. J'ai passé Noël à pleuré comme une idiote, je suis sortie de ma chambre seulement pour le repas et les cadeaux avec les autres, mais je pleurais quand même. Lança finalement Alice en regardant par la fenêtre.
-Tu aurais du m'appeler. Souffla Luz.
-Je savais que tu étais avec elle. Et Maëlle essayait de me convaincre de vous retrouvez. Mais j'arrivais pas à pardonner à Cara d'avoir embrasser Nina. Confia la blonde.
-Tu en parles au passé. Constata la rousse.
-En fait, depuis six mois je tourne cette situation encore et encore dans ma tête et jamais je n'avais pensé à la possibilité que Cara ait embrassé Nina en pensant que c'était moi. Je savais qu'elle avait beaucoup bu, mais je pensais pas que c'était à ce point, et en plus de ça, je n'avais jamais fait vraiment attention à la ressemblance entre Nina et moi. Admit Alice. Elle a détruit tout ce qu'on avait construit en quelques secondes, et toi tu me dis qu'elle pensait tout simplement m'embrasser moi. Je lui pardonne pas, mais il faudra que quelques mots de sa part pour que je la pardonne. Elle laissa quelques secondes de silence. Elle a juste intérêt à choisir les bons mots.
-Espérons qu'elle les trouve. Ça fait six mois qu'elle manipule les mots moins bien qu'avant. Argua Luz.
-Impossible, quoi qu'il arrive, elle gèrera les mots de manière superbe. C'est un don chez elle. Rétorqua Alice.
-Je te jure que c'est moins bien depuis votre rupture. Assura la rousse.
-C'est juste plus triste ce qu'elle écrit. Défendit la blonde.
-Comment tu le sais? Interrogea Luz.
-J'ai lu quelques uns de ses petits écrits sur les réseaux sociaux. Rarement, mais des fois je m'y suis autorisée. Reconnu Alice en regardant le paysage. Elle laissa son front tomber contre la vitre. Elle me manque tellement.
-Tu lui manques tout autant. Encore quelques heures, et tu la verras demain. Sourit Luz.
-J'ai peur. Murmura la blonde.
-Je sais. Accepta la rousse. Et le silence ce fit sur les dernières longues minutes de route. On y est. Déclara Luz en se garant devant un immeuble.
Elles montèrent les trois étages et entrèrent dans l'appartement. Luz attira la jeune femme dans le couloir vers le salon, en appelant sa compagne.
-Chérie?! Appela Ambre affalée dans le canapé sans bouger. C'est toi? T'étais où?
-Je suis allé retrouver notre insolite brillante préférée. Déclara la rousse en entrant dans le salon avec la blonde.
-Alice?! La brunette se leva rapidement du canapé et se tourna pour voir les deux. Alice! Hurla-t-elle en se précipitant pour venir enlacer la jeune femme. Oh bordel tu m'as manquée. Souffla-t-elle blottie dans ses bras en la serrant aussi.
-Toi aussi. Murmura la blonde.
-Ne pars plus jamais sans un mot! Cria finalement Ambre en lui tapant l'épaule.
-D'accord. Sourit doucement Alice.
-J'en reviens pas que tu sois là. Sourit doucement la brunette. Merci toi. Ajouta-t-elle en embrassant Luz. Je t'aime.
-Beurk. Plaisanta la blonde. Une part de moi voudrais retrouver Cara et l'embrasser comme ça, l'autre part voudrait la retrouver et la frapper. Soupira-t-elle.
-T'as pas intérêt à frapper ma soeur, en plus Gaëtan et moi on l'a déjà fait les premiers jours sans toi. Rétorqua Ambre. Elle a bien déconné, mais là elle achèterait le monde, retournerait l'univers juste pour que tu lui pardonnes. Souffla-t-elle.
-Je lui ai déjà dis tout ça. Argua Luz. Je vais tout te raconter, mais avant dodo! Déclara-t-elle. On te montre ta chambre.
Les deux femmes emmenèrent Alice à la chambre d'amis, et l'aidèrent à s'installer. Elles l'embrassèrent, et Ambre la serra à nouveau dans ses bras.
-Et bon anniversaire. Sourit la brunette.
-Merci. Gloussa Alice. Vous m'aviez manquées quand même. Reconnu-t-elle avec un tendre sourire.
-Toi aussi, t'es un membre de la famille Meri, alors saches que te retrouver va être beaucoup d'émotions pour tout le monde. Avertit Ambre.
Alice lui sourit et les deux disparurent, la laissant se reposer. Dans le noir de la chambre, la blonde se retrouva seule avec ses pensées. Le lendemain elle reverrait Cara, elle ne savait plus comment elle devait agir avec celle ci. Comment se faisait-il qu'en six mois elle n'est pas pensé une seule fois que ce baiser était entièrement dû à alcool et que Nina est profité de la situation? Comment avait-elle pu passer à côté de cette possibilité? Elle pouvait tomber dans les bras de la brune, ou peut-être alors attendre un peu. Oui, la faire s'expliquer, parler, essayer de comprendre, elle était partie sans un mot, sans un bruit, elle devait lui laisser la possibilité de s'expliquer et ensuite elle verrait. Même si au vu de la situation et de l'amour qu'elle lui portait, elle savait qu'elle allait lui tomber dans les bras à un moment ou un autre. Elle glissa son nez dans son sweat, respira l'odeur, sentant encore celle de Cara, même si en six mois elle avait eu le temps de s'envoler. Elle soupira, ferma les yeux, et fut rapidement rattrapée par la fatigue.

Briller.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant