23 : Accomplies.

424 28 8
                                    

La fin d'année approchait, et les deux jeunes femmes partageaient un quotidien toujours aussi idyllique. Le recueil de nouvelles de la blonde avait été accepté, fini d'écrire, il avait été de suite corrigé et la publication lancée, illustré par des dessins de la blonde, avec une couverture qui avait une photographie abstraite faite par Alice, c'était son oeuvre dans son entièreté. Cara n'avait jamais été aussi fière d'elle, pourtant la blonde la rendait fière pour bien des choses, depuis leurs rencontre Alice avait tant évolué, elle ne faisait presque plus de cauchemars, elle n'avait plus des peurs de chaque instant, elle marchait dans la rue sans compresser sa main, elle acceptait d'être aidée, elle acceptait les cadeaux et la brune ne se privait plus pour lui en faire, elle devenait progressivement une jeune femme forte et assurée pas seulement avec Cara mais avec le reste du monde. La blonde n'avait maintenant qu'une hâte, avoir ses vingt et un ans, pour être libérée de la peur de se faire reprendre par les services sociaux. Elle passait son temps à écrire encore et encore, tout en parsemant ces moments de photographie. Et la brune étudiait en écrivant aussi. Mais malgré tout elles ne perdaient pas leurs habitudes, elles profitaient aussi ensemble de certains moments, elles avaient fini leurs série pour en commencer une autre, puis une autre et chaque soir en mangeant elles s'avachissaient devant la télé, elles prenaient des bains -voir des douches- ensemble, et une fois sur deux ça dérapait entre elles. La plupart de leurs nuits se faisaient agitées, elles ne perdaient jamais un instant pour se démontrer qu'elles s'aimaient, que se soit de manière charnelle, tendre, douce ou passionnée.
    Juin touchait à sa fin, et Cara avait fini ses examens, attendant les résultat, elle avait accompagné la blonde la veille chez leurs éditeur commun pour faire un point sur le lancement du livre d'Alice le lendemain, et boire un verre avec l'équipe pour fêter ça. En rentrant Cara ne l'avait pas laissé respirer, elle l'avait embrasser et câliner à l'en rendre dingue, et elles avaient fini sous la couette. En se réveillant, ce matin là, Alice était étalée en étoile dans le lit, une jambe entre celle de la brune, un bras autour de sa poitrine. Elle se réveilla avant Cara, et en profita pour se coller un peu plus contre elle. Puis, très lentement, elle retira la couette pour regarder le corps de sa petite amie, elle l'admira, elle aimait le grain de sa peau, sa couleur bien plus foncée que la sienne.
    -Ce que tu vois te plait? Provoqua la brune à peine réveillée, par le léger courant d'air froid sur son corps.
    -Un peu. Sourit Alice en se penchant pour embrasser la peau entre ses seins. Beaucoup. Ajouta-t-elle.
    -Ma puce, arrête. Soupira Cara en attrapant son visage pour l'embrasser. Si je fais encore l'amour, je vais mourir sur place.
    -Je suis épuisée aussi. Souffla la blonde.
    -On doit faire nos sacs et aller prendre le train. Rappela la brune.
    -Ta famille nous attend. Sourit Alice en s'asseyant, nue sur le lit.
    -Tu sais, renchérit Cara en se redressant, ils te considèrent tous comme un membre de la famille. Mes parents sont persuadés que dès que tu auras vingt et un an nous allons nous marier. Gloussa-t-elle. Il t'aime comme si tu étais leurs fille.
Alice hoqueta d'émotion, elle avait bien évolué depuis les derniers mois mais un trop plein d'émotion ou une trop forte d'un coup, elle ne savait pas comment gérer. Et la brune le savait, alors elle l'attira vers elle et l'embrassa tendrement.
    -Tu veux toi aussi? Marmonna la blonde, en tentant de retenir ses larmes.
    -De quoi? T'épouser? Questionna la brune, assise entre les jambes de la blonde, celle ci ayant ses jambes autour d'elle, le drap entremêlé entre leurs corps.
    -Oui, c'est ce que tu veux? Appuya Alice.
    -J'aimerais, un jour pas trop proche, nous avons le temps. Sourit Cara en replaçant les mèches blondes. Je t'aime, je t'aime toujours un peu plus, je sais que c'est affreusement niais, mais j'ai grandis avec les livres et les histoires d'amour, et je reste persuadée que quand une personne est la bonne on le sait de suite. Et avec toi Al', j'ai toujours su. Assura-t-elle en l'embrassant sur le nez.
    -Je t'aime ma belle. Je t'ai toujours beaucoup trop aimé pour ma santé. Tenta-t-elle de plaisanter.
Cara gloussa et bascula sur elle pour l'embrasser avant de sortir du lit sans le moindre bout de tissu pour ouvrir le placard. Alice resta allongée, mais se tourna sur le ventre pour prendre appui sur ses coudes, et la regarder.
    -J'imagine qu'une robe n'est pas envisageable? Remarqua-t-elle en fixant la blonde.
    -Tu veux provoquer une esclandre ou quoi? Argua la blonde. Je te rappelle qu'une robe laisse voir mes jambes, et-
    -Ta peau brillante, je sais. Termina Cara. Mais j'aime te voir en robe.
    -Et bien on en emporte une, je la mettrais chez tes parents, tant que c'est à l'intérieur c'est possible. Sourit Alice.
    -Ok, on fait ça! S'emballa la brune en sortant deux robes. Pour moi, pour toi. Déclara-t-elle. Elle sortit ensuite deux pantalons et deux hauts, puis des sous-vêtements, avant de se tourner vers la blonde qui n'avait pas bougé. Sors tes fesses de ce lit! Réclama-t-elle en lui lançant son teeshirt rouge col rond qu'elle adorait.
Alice ria et enfila le haut, avant de daigner sortir du lit. Elles allèrent rapidement avaler un café pour s'aider à se réveiller, avalèrent quelques petites choses, puis sacs prêts, elles quittèrent l'appartement. Dans la rue, Alice ne sentit pas la main de la brune dans la sienne, pourtant Cara lui prenait toujours la main. Mais pas cette fois, alors elle marcha avec elle, près d'elle, mais sans la toucher, tentant de ne pas paniquer, mais à la gare, la foule l'angoissa et elle s'arrêta totalement, haletante.
    -Eh ma puce, qu'est ce qu'il se passe? Lui demanda Cara en se plaçant devant elle, une main sur sa joue.
Un petit contact, si simple, si léger, la rassura.
    -Prends ma main s'il te plaît. Réclama Alice.
    -Oh bien sûr. La brune entrelaça leurs doigts. Tu aurais pu me le demander avant.
    -Je voulais réussir à marcher sans toi, mais je suis pas encore prête. Reconnu la blonde.
    -Rien ne te presse Al', je serais toujours là. Sourit Cara en venant tendrement l'embrasser. Mais viens, ou on va louper notre train.
Alice acquiesça et sans lâcher sa main elles partirent rapidement prendre leurs train. Dedans elles s'installèrent sur un strapontin, toutes les places étant prises. Cara s'assit la première, laissant la blonde poser son sac avec le sien sur l'étagère pour, puis lui fit signe de s'asseoir sur ses jambes. Alice sourit en s'asseyant, les bras de la jeune femme se serrèrent autour de sa taille, et elle se cala bien contre son torse, se laissant bercer par les mouvements du train. Elle regarda les gens passer, s'asseoir, se lever, bouger, vivre dans ce train qui avançait à toute allure. Et une idée lui vint. Elle attrapa son téléphone dans sa poche et pianota dessus, pour prendre une note, gesticulant un peu la brune la regarda faire au dessus de son épaule.
    -Une idée? Interrogea-t-elle.
    -Oui. Sourit Alice en écrivant. Puis elle éteignit son téléphone. Je me suis fait publier. Murmura-t-elle.
    -En arrivant, mon frère vient nous chercher, mais avant d'aller chez mes parents on va faire un arrêt. Ma librairie préférée de la ville a ton livre. Souffla Cara avant d'embrasser son cou.
    -J'ai le droit de t'aimer un peu plus maintenant? Demanda la blonde avec un léger sourire en mordillant sa lèvre inférieure.
    -T'as tout les droits. Sourit la brune.
Alice se tourna alors, voulant apposer ses lèvres aux siennes. Elles échangèrent quelques mots dans le train jusqu'à l'arrivée, mais se laissèrent surtout bercer pas l'envie de baisers et de caresses. Puis finalement, elles arrivèrent, Gaëtan était là, et il les emmena rapidement à la librairie, Cara avait seulement eu à dire "Tu sais, ma préférée", et effectivement, il avait su. Dans le magasin, la brune vit de suite le recueil de sa petite amie, alors que celle ci ce perdit devant les autres nouveautés, les romans et les recueils de nouvelles ou poèmes.
    -Un te plaît? Demanda Cara en s'approchant le livre signé par Alice Adain dans la main.
    -Celui ci. Murmura la blonde en prenant l'ouvrage en main.
Une couverture en dessin, avec trois couleurs en plus du noir et blanc, il portait le titre "Les crayons de couleur" de Jean-Gabriel Causse. Cara regarda la blonde glisser ses doigts sur la couverture, puis l'ouvrir pour tourner les premières pages et lui montrer celle des dédicaces "À ceux qui voient avec leurs coeur.", elle sourit.
    -Il est fait pour toi. Chuchota la brune.
    -Je le prends. Déclara Alice en allant à la caisse le payer.
Premier achat avec l'argent qu'elle avait gagné de la publication de son livre. Elle se tourna avec un léger sourire vers Cara qui paya ensuite le recueil, avant de ressortir pour reprendre la voiture avec Gaëtan. La blonde ouvrit de suite le livre et se mit à lire, oubliant les autres. Cara, elle, ouvrit le livre de sa petite amie, et sans réelle raison, elle pensa à la page des dédicaces, elle ne savait même pas si la blonde en avait fait une. Sur la page blanche, quelques mots noircis : Pour celle qui m'a sortie de la neige. Elle referma le recueil en fixant la route, à côté de son frère.
    -Pourquoi tu souris bêtement d'un coup? Se moqua Gaëtan.
    -Parce que j'ai trouvé la perle rare. Souffla la brune.
    -Si tu parles de celle sur la banquette arrière, je crois que tu ne dois surtout pas la laisser filer. Sourit le jeune homme.
    -Je sais. Acquiesça Cara. Et toi?
    -Ça viendra quand ça viendra. Répondit-il. Ambre et Luz sont à la maison depuis hier soir. Elles sont belles ensemble. Je crois que je vous envie autant que je suis heureux pour vous. Murmura-t-il sans quitter la route des yeux. Quand je pense que toutes ces années vous avez pris soin de moi, que vous avez fait tout et n'importe quoi pour que j'ai le sourire, je trouve que c'est un juste retour des choses. Votre sourire amoureux me fait encore plus de bien que tout ce que vous avez pu faire avant pour moi.
    -Tu es un amour. Sourit la brune. Celle, ou même celui, qui aura la chance de t'avoir dans sa vie, sera la personne la plus heureuse du monde.
    -Avec Luz et Alice, alors. Remarqua Gaëtan. On y est. Fit-il en se garant.
Ils sortirent de la voiture, et le jeune homme prit les sacs avec lui. Cara remarqua alors que la blonde n'était plus du tout sur Terre. Elle ouvrit alors la porte arrière.
    -Alice, ma puce, on y est. Souffla-t-elle en glissant une mèche derrière son oreille.
    -Oh...je.. pardon, j'étais absorbée. Reconnu-t-elle.
    -J'avais remarqué. S'amusa gentiment la brune en se penchant pour l'embrasser.
Alice ne résista pas à l'envie d'approfondir le baiser, et la brune se pencha légèrement au dessus d'elle.
    -Pas de trucs dégeu dans la voiture! S'exclama Gaëtan.
Les deux femmes lâchèrent un léger rire, amusées, avant de sortir finalement de la voiture pour le suivre. En entrant dans la maison, les parents de la brune arrivèrent pour les enlacer et les féliciter, surtout la blonde pour son livre enfin sorti. Puis se fut une brune et une rousse qui descendirent en trombes pour leurs sauter dessus. Finalement elles purent se poser dans le canapé avec la famille de la jeune femme, sourire aux lèvres pour discuter de la soirée de la veille, des nouvelles de la blonde et de son livre. Ambre et Luz avait lu quelques nouvelles mais pas toute.
    -J'ai acheté le livre en venant. S'exclama finalement Ambre en le sortant de son sac.
    -Mais on a acheté un exemplaire pour nous ce matin, un pour Gaë et un pour les filles. Informa Ella en montrant les trois livres sur la table basse.
    -J'ai donc quatre ventes assurées à mon actif. Ria Alice.
    -T'en a bien plus, j'en suis sûre. Assura la brune.
    -Et comment peux tu le savoir? Murmura la blonde en la fixant.
    -Et bien je... j'ai peut-être utilisé les réseaux sociaux pour faire un peu la promotion de ton livre, et comme tu le sais j'ai pas mal de personne qui me suivent. Admit Cara. D'ailleurs tu devrais le faire toi aussi.
    -Et bien allez faire ça, nous on va faire le déjeuné. Lança Néo.
Cara, enjouée, prit la main de la blonde qui n'avait pas encore pu donner son avis, et l'entraina dans sa chambre à l'étage. Pendant près d'une heure, elles tentèrent de faire une photo à la fois originale et belle d'Alice et son livre, tout en s'assurant qu'on ne voit pas la peau brillante de la jeune femme. La famille de la brune fit le repas pendant ce temps là et finalement elles descendirent pour les rejoindre. Toute la journée ils restèrent tous ensemble, allant se balader, laissant Alice faire plein de photographies d'eux, des gens, des bâtiments et autre. Et le soir, ils dinèrent dans la maison familiale, après avoir cuisiné tous ensemble. Le repas fini, ils burent un verre dans le canapé tous ensemble, Luz et Alice discutant ensemble, Ella finit par rejoindre ses deux filles.
    -Dites moi mes chéries, elles s'entendraient pas parfaitement bien? Questionna la femme, en voyant les deux rires.
    -Oh si, à chaque fois qu'on est toutes les quatre, on finit par voir qu'elles rient ensemble sans nous écouter. Remarqua Ambre.
    -C'est une bonne chose non? Demanda Ella.
    -Oui oui, très bonne. En plus je pense que Luz a vraiment un effet bénéfique sur Alice, elle l'aide à avancer et évoluer je pense. Admit Cara en regardant sa petite amie de loin. Mais au début on a eu peur que se soit plus que de l'amitié. Reconnu-t-elle.
    -Oh mes chéries, je vous assurent que vous ne devez vous faire aucune soucis, elles vous aiment toute les deux énormément. Assura Ella avant d'embrasser le front de ses deux filles et de les laisser ensuite.
Cara sourit doucement, et se leva, elle embrassa furtivement sa soeur avant d'aller rejoindre les deux jeunes femmes.
    -Al', ma puce, tu viens te coucher? Demanda-t-elle en lui tendant la main.
    -Tout de suite! Accepta la blonde en bondissant sur ses pieds. Elle embrassa Luz rapidement, fit un geste vers tout le monde pour les saluer, et finit par s'éloigner avec la brune. Elles grimpèrent les escaliers vers l'étage. T'aurais pas des idées toi? Gloussa-t-elle.
    -Non, tu crois? Ironisa Cara en entrant dans la chambre. Et là la douceur reprit le dessus. Elle tira lentement Alice vers le lit, face à elle. Sur le lit, la blonde assise, elle se mit à califourchon sur la jeune femme, glissant ses mains dans les cheveux blonds. Je n'avais jamais vu la dédicace de ton livre.
    -Et maintenant? Murmura Alice en la serrant dans ses bras.
    -Tu m'as dédicacé ton premier livre. Susurra la brune près de ses lèvres, presque choquée.
    -Tu m'as tout offert, c'est grâce à toi si ce livre existe. La blonde vint tendrement l'embrasser. C'est grâce à toi si j'existe encore. Reconnu-t-elle.
    -Je t'aime Al', je t'aimerais toujours. Chuchota Cara en toute sincérité, comme si elle avait peur.
    -Moi aussi ma belle. Murmura la blonde. Mais là, j'ai envie de toi.
Alors la brune se tut, et appuya sur ses épaules pour l'allonger sur le lit, et venir l'embrasser, pour la déshabiller lentement, comme si elle la découvrait, alors qu'elle l'avait vu un million de fois.

Briller.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant