Chapitre 9 - Clarke

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    À tous les coups, Lexa va me parler du dessin. Pourquoi me convoquerait-elle sinon ? Pour me parler de notre danse endiablée ou bien parce qu'elle a vu mon corps à demi-nue ? Hum, oui, ça pourrait tout aussi bien être sur la seconde hypothèse. Tant qu'elle évite de me parler du passage de Finn, tout ira bien. Même si je préfère être honnête avec elle.
    Finn me plaît toujours.
    Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il a encore une chance de me reconquérir, mais un premier amour, ça reste un premier amour. Qu'il soit bon ou mauvais.
    Lorsque je me dirige vers l'ascenseur pour monter dans sa suite, le tract me gagne. L'appréhension de la voir me submerge, et une bouffée de chaleur me parcours. Devant sa porte, je mets au mois cinq minutes avant de frapper.

    — Entre, Clarke, dit-elle en ouvrant.
    Son visage est rayonnant, rien ne montre qu'elle a passé un vendredi soir en boîte. Elle a sûrement un remède miracle contre la gueule de bois ou contre la fatigue passagère.

    — Tu vas toujours bien depuis tout à l'heure ? me demande-t-elle en s'asseyant derrière son bureau.

    — On fait aller, dis-je. Du moins, je devrais cesser de boire. J'ai l'impression d'avoir encore la gueule de bois.

    Je rougis et détourne les yeux devant les siens qui me rappelle la soirée en question.

    — Tu voulais me parler de quelque chose en particulier ? Rajoutai-je pour en venir à mes hypothèses.

    — Oui, mais avant, parle-moi de Finn. Dans la voiture, en revenant de la boîte, tu voulais l'appeler. Tu me dis qu'il t'a brisé le cœur, et samedi matin, le voilà devant ta porte à me dire qu'il est ton petit ami. Je t'avoue que j'ai dû mal à suivre votre histoire.

    Pourquoi est-ce que mon histoire avec lui l'intéresse ? Elle veut savoir si c'est vraiment fini ? Si elle a une chance avec moi ?
    Hors de question que je fasse partie de son tableau de chasse.

    — J'ai voulu l'appeler ? Crois-moi, dis-je en riant, c'étaient les effets de l'alcool. Comme je t'ai dit, il m'a brisé le cœur, et du coup, il essaie de se racheter. Mais il n'est pas mon petit ami, et je ne veux plus qu'il le soit. Enfin, je crois.

    Une étincelle s'allume dans ses yeux verts.

    — Tu ne l'aimes plus, alors ?

    — Les sentiments ne partent pas en un claquement de doigts, Lexa, répliqué-je doucement.

    Un voile de tristesse se décharge dans ses yeux.

     — C'est certain.

    Son ton passe du chaud au froid. Elle n'est plus aussi enjouée qu'à mon arrivée dans cette pièce. Je fronce les sourcils.

    — Excuse-moi, Clarke. J'ai eu un week-end difficile.

    — Aucun souci, répondis-je rapidement.

    Elle a détourné le regard en me disant ça. Elle ment. Le fait que j'aime encore Finn semble la toucher. Et je ne veux pas lui faire de mal, mais je ne veux pas non plus lui donner de faux espoirs.

    — Passons au sujet pour lequel tu es là, reprend-elle en souriant sincèrement.

    Je n'ai pas le temps de me poser une autre question sur ce fameux sujet, qu'elle sort quelque chose de son sac. Je reconnais immédiatement mon dessin.
    Elle le pose en douceur devant moi et m'observe attentivement.

    — Où... Où est-ce que tu as trouvé ça ? demandé-je, même si je connais parfaitement la réponse.

    Lexa pose ses coudes devant elle, soutenant sa tête, ses cils papillonnent.

    — Toi et moi connaissons la réponse, Clarke. Pourquoi m'avoir dessiné ?

    La franchise m'aidera-t-elle à garder mon boulot ?

    — Je l'ai fait sans le vouloir, avoué-je. Je dessinais sans but précis, et c'est toi qui est apparu.
    Elle esquisse un autre sourire.

    — On ne peut pas dessiner sans avoir une petite idée derrière la tête, tu ne crois pas ?

    Je tente de me défendre.

    — Bien sûr que si. Justement, on commence par tracer quelque chose au hasard, et on laisse notre main faire le reste. On se rend compte du résultat qu'à la fin.

    — Clarke, je t'en prie... Pourquoi nier l'évidence ?

    J'ai du mal à trouver les bons mots. Mon regard ne cesse de dévier sur son décolleté.

    — Je ne nie rien du tout, je... Il faut. Oui, il faut que j'y aille, j'ai des invités ce soir.

    C'est un mensonge. Je n'attends personne.
    Sauf elle.
    La température semble avoir monté d'au moins 10°C de plus qu'à l'ordinaire. Mon sang bouillonne à l'intérieur de moi. Mon cœur tambourine, sur le point d'exploser.

    J'ai envie de lui dire, peut-être que ça me ferait du bien.
    Lui dire qu'elle me plaît, qu'elle est la première femme à me faire cet effet-là. La première femme tout court. Mais je ne peux pas, c'est au-dessus de mes forces. N'être qu'un nom sur son tableau de chasse..., ce n'est pas ce que je veux. Une relation stable, voilà ce dont j'ai besoin. Et pas d'une briseuse de cœur de plus dans ma vie.

    — Ne pars pas, Clarke. S'il te plaît. Je suis désolée. Je veux juste que l'on soit honnête l'une envers l'autre.

    Je la regarde fixement, attendant qu'elle dise autre chose.
    Je soupire doucement et ouvre la porte, écoutant le silence pesant.

    — Clarke...

    Elle s'approche de moi, pose une main sur la porte pour la refermer.
    Son corps n'est qu'à quelques centimètres du mien. Je suis bloqué.
    Il m'est impossible de m'échapper de son emprise.
    Je veux figer chaque moment où je suis si près d'elle.

Un amour inattendu - ClexaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant