Prologue

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Un éclair fusa et la jeune fille se jeta au sol. Cela faisait une journée entière qu'elle s'était enfuie, comment les hommes avaient-ils pu la retrouver aussi vite? En entendant les pas de ses poursuivants se rapprocher, elle courut aussi vite qu'elle put avant de se réfugier derrière un buisson. Peut-être qu'avec un peu de chance, ils continueraient leur route sans s'arrêter...

"Allons, viens, nous ne te ferons aucun mal..."

Elle se fit violence pour ne pas trembler ; pas de mal, vraiment ? Dans ce cas, pourquoi étaient-ils armés de fusils à balles soporifiques?

Il y eu un long silence avant qu'une nouvelle voix n'intervienne:

"Il fait trop noir, il nous faudrait des chiens pour continuer... ceux de Martin arrivent aux premières heures de l'aube, elle n'aura pas le temps d'aller bien loin, il est plus de minuit; et puis, elle ne pourra pas courir éternellement..."

Le premier homme poussa un grognement; même si il lui en coûtait de l'admettre, son compagnon avait raison. Il fit donc demi tour en donnant un coup de pied rageur dans un caillou sans cesser de maugréer.

La jeune fille attendit encore longtemps avant d'oser esquisser le moindre mouvement, et lorsqu'elle sortit de sa cachette, les muscles ankylosés, elle tenta de monter à un arbre pour se repérer grâce aux étoiles. La lune commençait à baisser dans le ciel et la noirceur de la nuit pâlissait; bientôt, les étoiles disparaîtraient  pour laisser place au soleil flamboyant. Les deux hommes avaient raison, il ne lui restait plus beaucoup de temps et si elle voulait leur échapper ainsi qu'aux chiens, il fallait qu'elle se dépêche. Elle sauta donc précautionneusement à terre avant de détaler dans les sous-bois, courant aussi vite qu'elle le pouvait. La ville n'était plus très loin, elle en était sûre. Un regain d'espoir la fit encore accélérer, malgré sa fatigue. Elle se trouvait à des lieux de chez elle à présent. Peut-être qu'on ne viendrait pas la chercher jusqu'ici...

Tout à coup, elle trébucha sur le terrain devenu mou et se retrouva par terre, les nez dans le sable humide de la rosée du matin. Elle avait quitté la forêt et se trouvait maintenant sur le bord d'une plage.

Elle n'avait plus la force de bouger. Combien de temps cela faisait-il qu'elle fuyait sans s'arrêter ? Une journée. Peut-être même un peu plus étant donné qu'un nouveau matin était sur le point de se lever. Peu à peu, la fatigue l'emporta.

Ses poursuivants allaient la rattraper.

Tant pis. Elle n'avait plus le courage de lutter.

La fugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant