Chapitre 4

77 9 9
                                    

Pour le repas, Madame Snow fit sa spécialité : de la paella, et même si il lui manquait les moules qu'auraient dû rapporter Hélène et Maya, Élise sembla beaucoup apprécier le plat et assura aux deux sœurs, penaudes de n'avoir rien ramené, qu'elle n'avait jamais rien mangé d'aussi bon depuis au moins une dizaine d'année.

"Pourquoi ? demanda alors Hélène. Elle ne te fais pas de paella ta maman ?"

Maya se retint de se frapper le front de la paume de sa main : pourquoi sa sœur était-elle incapable de faire délicatement les choses ?

Élise eut un sourire et la jeune fille cru déceler une ombre de tristesse dans son regard.

"Disons... Que je n'ai pas la chance d'avoir une mère comme toi... essaya de lui expliquer la jeune fille.

- Menteuse! s'écria Hélène. Tout le monde a une maman!

- D'accord, repris Élise, alors on va dire que je ne l'ai pas revue depuis trèèèès longtemps...

Maya fut impressionné de la patience que leur invitée avait avec sa jeune sœur et de sa capacité à expliquer aussi simplement ce qu'elle avait vécu, bien que les évènements aient dû profondément la marquer.

- Elle est partie où ? continua la petite fille, sa curiosité n'étant toujours pas rassasiée.

La mère des deux sœurs ouvrit la bouche, prête à réprimander la plus jeune, mais n'eut pas le temps de prononcer un mot que leur invitée répondait déjà à la question, et elle ne pu qu'admirer l'aisance avec laquelle la jeune fille dissimulait ses sentiments.

- Elle est très très loin dans les étoiles et regarde chacun de mes gestes et le fera jusqu'à ce que je la rejoigne.

- C'est une fée, ta maman?

Maya soupira : sa cadette ne comprenait vraiment rien à rien... Mais toujours avec cette patience extraordinaire, Élise trouva les bons mots pour lui répondre :

- En quelques sortes. Mais elle reste avant tout ma maman.

- C'est génial ! s'écria Hélène. Dis, tu me la présentera, un jour? Mes amies seront trop jalouses de savoir que j'ai vu une vrai fée!

- Peut-être un jour..."

Elles achevèrent le repas tandis qu'Hélène s'inventait à haute voix l'histoire de ce qu'il se passerait lorsqu'elle rencontrerais une vrai fée, ce qu'elle lui dirait, puis qu'elle voulait devenir une fée, elle aussi, qu'elle travaillerait dure à l'école pour y parvenir... ect ect jusqu'à ce que madame Snow ne l'envoie dans sa chambre pour avoir un peu de calme et qu'Hélène ne lui réponde, vexée, que si c'était comme ça, elle allait s'entraîner à devenir fée immédiatement et que la première chose qu'elle allait faire serait de tous les transformer en gros cochons dégoûtants, sauf si ils s'excusaient... Mais sa menace n'ayant pas fait beaucoup d'effet, elle entra dans sa chambre avant d'en claquer violemment la porte.

" Je suis vraiment désolée, s'excusa Maya une fois qu'elle fût sûre que sa sœur se trouvait hors de portée pour entendre ce qu'elle disait.

- Pourquoi? s'étonna Élise.

- Pour toutes les questions qu'Hélène t'a posées. Elle n'a jamais su tenir sa langue...

- Ça ? Oh, ce n'est rien, tu sais, elle apprendra... Et puis, comment aurait-elle pu deviner? Après tout, je débarque de nulle part, comme ça, sans prévenir, et vous avez la gentillesse de m'aider, vous avez bien le droit de savoir..."

Puis elle détourna les yeux pour observer le paysage à travers la fenêtre : le soleil était au plus haut dans le ciel et semblait faire briller les cailloux mouillés de la plage en contrebas et sur laquelle la maison, perchée sur une colline, offrais une vue magnifique. Soudain, se souvenant du danger qui planait au dehors, elle s'écarta de la fenêtre, hors de vue de toute personne trop curieuse ayant l'idée de regarder au travers.

"Vous ne pouvez pas me garder, déclara soudainement la fugitive, c'est beaucoup trop dangereux.

- Qu'est-ce que tu racontes? s'exclama Maya. Tu resteras ici jusqu'à ce que la menace se soit éloignée!

Mais elle secoua a la tête.

- Vous n'imaginez même pas la puissance des moyens qu'ils ont à leur disposition... Non, il faut que je parte, je ne veux pas qu'il vous arrive quoi que ce soit par ma faute... Je m'en voudrais tellement...

- Et nous, on s'en voudrait beaucoup si il t'arrivais quelques chose à toi, intervint Madame Snow, tu vas donc rester ici pour le moment.

Mais Élise n'était pas convaincue.

- Non... Vous ne comprenez pas... Et puis, pourquoi m'aidez-vous? Je ne fais que vous embêter et vous mettre en danger...

Des larmes roulaient sur ses joues, et Madame Snow compris qu'elle le pensait sincèrement. Maya essayait veinement de la consoler, mais la peur additionnée à la fatigue ne parvenaient qu'à renforcer ses pleurs, Madame Snow la pris donc dans ses bras et Élise se figea : cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas ressenti ce doux sentiment de sécurité qu'elle ressentait en cet instant...

Puis la mère ordonna une sieste générale à toute la maison et Maya conduisit leur protégée dans la chambre d'amis où, avec son aide, elle déplia un canapé pouvant servir de lit, lui mit des draps et une couverture, avant de demander à Élise de s'y coucher. Exténuée, elle n'eut pas la force de protester et  s'endormit, presque aussitôt qu'elle eut posée la tête sur l'oreiller.

Maya veilla quelques minutes sur elle avant de rejoindre sa propre chambre, non sans lui avoir laissé un plan de là où elle se situait, au cas où.

Puis le silence retomba sur la petite maison, Hélène et Élise s'étant endormies et Maya et sa mère prenant garde à ne pas les réveiller.

La fugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant