La fugitive

Chapitre 20

Comme tous ceux présents dans l'immense bâtiment, Renard avait elle aussi entendu le coup de feu et avait mis hors de combat son adversaire pour se relancer à la poursuite de Nuit, craignant qu'elle ne se soit mis dans une situation compliquée. Bien sûre, elle avait toujours su les protéger et se débrouiller seule ; mais cette situation n'était comparable à aucunes de celles auxquels elle avait fait face. Cette fois... Gaël avait toutes les cartes en main, et il n'hésiterait pas à s'en servir.

" Renard !

La jeune femme s'arrêta un instant pour faire face à Grenade et plusieurs de leurs camarades. Tous arboraient la même mine inquiète et sombre et la seconde sentait qu'ils attendaient le moindre signe de faiblesse de sa part pour confirmer l'idée qu'ils étaient perdus.

- Les hommes ont presque tous étés maitrisés, annonça Grenade. En revanche, on n'a trouvé aucune trace de Storm. Que faisons-nous ?

Elle soupira intérieurement : elle était sûre que sa chef savait où se trouvait le traître et le leur dirait... si elle n'avait pas une trop grande confiance en lui. De plus, elle doutait qu'il n'y ai que la maisonnée qui avait entendue le coup de feu, la police ainsi que les médias n'allaient sûrement pas tarder.

- Rentrez au QG et prenez toutes les mesures nécessaires pour que personne ne tombe dessus.

L'émissaire hocha la tête, étant parvenue à la même conclusion.

- Mais il semble rester des enfants ainsi que la jeune Du Champs et Nuit à l'intérieur, prévint-elle tout de même. Faut-il qu'on fasse un détour pour en récupérer ?

- Je m'en charge. Prévenez simplement Blizzard qu'elle reste à proximité ; on va avoir besoin d'une couverture..."

Avec un dernier hochement de tête, le groupe tourna les talons et Renard en fit autant, reprenant son ascension à travers les étages. Elle monta rapidement un escalier menant à une unique porte de bois qu'elle ouvrit immédiatement avant de reculer, surprise par la violence de la pluie qui s'engouffra par l'ouverture.

Des briques et des morceaux de fer sortaient du bâtiment pour monter vers le toit où elle distingua une forme enveloppée d'un long manteau s'élancer vers une personne que la spectatrice pouvait deviner aux mouvements que la première faisait pour éviter les coups.

Un passage. Je dois aller aider Nuit.

Et sans plus hésiter, la jeune seconde se jeta dans le vide, se balançant d'un appuie à un autre pour parvenir jusqu'à son objectif.

*

"Attendez un instant, pourquoi sur le toit ?

- Tais-toi, la rabroua sa sœur. Regarde, c'est Gaël là-bas. Il est avec... Élise !?

- Il semble la retenir en otage, souligna Siméon. Peut être que l'homme est venu aider son patron ?

Maya hocha la tête tandis que sa sœur la secouait vivement.

- Dans ce cas, pourquoi il se met entre eux ?

Sous les yeux ébahis des trois jeunes, l'étrange homme se trouvait entre Nuit et Gaël, celui-ci tenant toujours Élise d'une poigne de fer. Mais contrairement à ce qu'ils auraient pu s'attendre, la leader du groupe ne semblait pas ravie, voir même en colère, de voir son protecteur arriver ainsi.

- Storm ! lâcha soudain le garçon.

- Tu es sûre ? demanda l'aînée des filles.

- Qui d'autre sur qui Nuit pourrait-elle crier ?

Soudain, il y eut un coup de feu, faisant sursauter tout le monde : Gaël venait de tirer.

Il y eut un silence assourdissant après la détonation, seulement troublé par le clapoti des gouttes d'eau sur le toit plat de béton. Nuit et Storm regardaient, effarés, la silhouette d'Élise tomber dans une flaque de même que Gaël, même si celui-ci affichait une mine satisfaite.

- On doit aller chercher Élise, déclara Siméon, ça permettra aux autres de se concentrer.

- Aux autres ?

Le garçon leur désigna deux mains sur le rebord du toit. Quelques secondes plus tard, Renard se dressait elle aussi fièrement face à leur adversaire. Contrairement à ce que les personnes présentes imaginaient, Gaël, bien qu'en infériorité numérique, eut un sourire glaçant.

- C'est fini, annonça-t-il.

- Ce qui veut dire ? l'interrogea Renard tandis que Nuit lançait un regard noire à leur interlocuteur.

- Elle l'a compris, elle, répondit l'homme en désignant la meneuse. La police arrive, c'en est fini de moi... Comme de vous et votre ligue de minables.

- Parfait, dans ce cas, j'ai juste le temps de te mettre hors d'état de nuire avant qu'ils ne viennent te récupérer... menaça celle-ci.

- Tu n'oserai pas alors que je détiens un otage ! Si ? Tu t'améliores, cocotte !

La jeune femme sorti une dague d'une poche interne de son costume avant de foncer sur le personnage, n'appréciant visiblement pas le surnom.

- Enfin, nous y voilà... murmura l'agressé en esquissant un sourire de mauvais augure.

- On y va, déclara Siméon lorsque le cliquetis de deux lames qui s'entrechoquent résonna sur l'esplanade que formait le toit. On a plus de chances que Storm et Renard d'aller la chercher parce que Gaël ne nous a pas encore remarqué ; expliqua-t-il sous la mine perplexe des deux filles. Ils vont faire une diversion.

- Mais comment...

- Comment on va faire pour la ramener et où est-ce qu'on l'emmène ?

- On la dépose ici. Vous êtes prêtes ? Trois... Deux... Un...

Le trio s'élança sur le champ de bataille mais tout en veillant à se tenir hors de vue de leur adversaire, tandis que Renard et Storm, parfaitement en accord contrairement à leurs habitudes, accouraient eux aussi en direction d'Élise, mais de face.

Sans se soucier de Nuit qui essayait de lui asséner des coups à la nuque, Gaël se tourna vers le duo et s'apprêta à lancer sa dague pour en tuer au moins un des deux... Mais il n'eut pas le temps d'ajuster sa trajectoire que l'arme tombait à terre et qu'il ouvrait de grands yeux pour dévisager la jeune femme en poussant un hurlement de douleur : elle lui avait entaillé la main ! Ivre de douleur et de rage, il plongea sa main encore valide dans sa poche et en sortit un petit pistolet qui, malgré sa taille,semblait pour le moins redoutable, dont il braqua le canon sur son agresseuse.

- Vous pouvez récupérer votre copine, les enfants, lâche-t-il alors que tous se figeaient. La donne a changé...

Et, sous les yeux effarés de l'assistance, il tira.