"Maya ?
- Oui ?
- Je crois que j'ai peur.
La jeune fille grogna : pourquoi avait-elle emmené sa sœur, déjà ? Sur les ordres d'une voix inconnue qui lui semblait pourtant familière ?
C'était louche. Tout dans cette histoire était louche. Pourtant... Pourquoi avait-elle ce sentiment de confiance et d'obligation ?
Elle se concentra sur leur cible : aucun mouvement ni signe de vie dans le noir. Mais n'était-ce pas ici qu'elle devaient rencontrer leur "meneur" ?
Un bruissement trancha le calme de la nuit et les deux sœurs sursautèrent avant de se retourner vers la source du bruit.
- Qui est là ? demanda l'aînée tandis que sa cadette se cachait derrière elle.
Un homme et une femme sortirent à découvert : le premier, grand et musculeux, les toisaient d'un air sévère tandis que la seconde laissa échapper un pouffement, s'attirant un regard glacial de la part de son compagnon.
- À ce rythme là, c'est vraiment trop facile ! Quoi ? se défendit-elle en surprenant son air à présent courroucé.
Celui-ci soupira, avant de laisser ses yeux bleu glacier retomber sur les deux jeunes filles qui les regardaient, indécises.
- Le pire, c'est que t'as raison... murmura-t-il, songeur.
- Qui...
- Hélène ! Attention ! s'écria Maya en poussant sa sœur en arrière.
Luisant aux ceintures des deux étrangers, deux poignards brillaient d'un éclat lugubre. La petite fille ouvrit de grands yeux terrorisés lorsqu'elle les remarqua à son tour.
- Qui êtes-vous ? gronda la jeune fille, sur ses gardes.
Les deux inconnus eurent un sourire suffisant et un gémissement retentit derrière Maya qui fit volte-face... Juste à temps pour voir sa petite sœur s'effondrer.
Un troisième homme à la carrure imposante se tenait derrière elle, un bâton de bois à la main.
- S... Storm ? bredouilla-t-elle, aussi confuse de se rappeler de lui que de voir ce qu'il venait de faire.
Mais leur ex-allié ne répondit pas et se contenta de lui jeter un regard indifférent avant de lever une nouvelle fois son bâton qui, à bien y regarder, tenait plus de la bûche que d'autre chose.
- Non !
La jeune fille recula de l'agresseur, affolée, avant de se heurter à un corps : la femme !
Celle-ci lui attrapa les bras et l'immobilisa, laissant ainsi le loisir à sa victime de voir leur compatriote s'approcher, sans avoir pour autant baissé son arme.
- Comment peux-tu... souffla-t-elle.
Mais l'homme, sans aucune pitié, abbattit le bout de bois et regarda ensuite la silhouette inanimée de celle avec qui il avait jadis fait équipe s'effondrer dans les bras de sa compagne, qui éclata d'un rire glaçant.
- J'te l'avais dit, lança-t-elle à l'autre homme qui avait assisté à la scène sans broncher, trop facile !
- Ce n'est pas toi qui a fait le sale boulot, rectifitia-t-il.
Laissant le corps sans vie de sa proie retomber au sol dans un bruit mat, elle haussa les épaules avant de se retourner vers l'auteur de l'exploit.
- Et maintenant ?
- Je les ramène au patron. Vous, vous continuez de faire le tour de la propriété, ils seront bientôt là.
- Tu es sûr ? Il n'y a aucun bruit !
- Oui, j'en suis sûr ! grogna-t-il. C'est moi qui ai organisé cette opération. Dépêchez-vous, ils ne vont pas tarder.
- Oui, c'est bon, on y va... T'es vraiment pas drôle, comme type ! se plaignit la femme avant de disparaitre dans la végétation à la suite de son compagnon.
Storm les regarda s'éloigner avant de partir à son tour, un corps sur chaque épaule, toujours vêtu de la même indifférence qu'il avait appris à afficher.
*
L'appel avait été trop fort. Elle était sortie quelques heures avant le lever du soleil, ainsi, elle aurait le temps de faire un aller-retour jusqu'au QG pour prendre des nouvelles, voir même faire un petit détour par la propriété si besoin.
Mais jusque là, elle n'avait eut aucun message ni indice pouvant lui indiquer la tournure que prenait le combat, et cela l'inquiètait ; la présence de gardes du corps ne devrai jamais empêcher les membres de l'organisation d'échanger entre eux !
Courant le plus vite possible, flèche invisible à travers la brume matinale, elle filait à toute vitesse : elle devait se dépêcher...
*
Les yeux encore embués de sommeil, Éléonore tourna difficilement la tête vers la droite pour laisser son regard retomber sur le réveil. Six heure dix...
Pourquoi s'était-elle réveillée à cette heure-ci déjà ?
Prenant peu à peu conscience de ce qui l'entourait, un virement étouffé lui parvient, venant du téléphone de son amie, posé sur la table de chevet en bois, reposant elle-même à côté du lit que la jeune femme occupait.
Malgré tout, Éléonore ne l'entendait pas bouger et, légèrement surprise, elle se mit à l'interpeller.
" Milie?
N'obtenant aucune réponse, elle recommença plus fort.
- Milie, tu voudrais pas éteindre ton tel, s'il te plaît ?
Comprenant que sa sœur de concert ne bougerai pas, elle décida de se charger elle-même de raccrocher au perturbateur qui appelait au beau milieu de la nuit. Mais dès qu'elle pris l'engin dans ses mains, celui-ci, après avoir passé une bonne minute a s'égosiller, s'éteignit tout seul. La jeune chanteuse eut tout juste le temps de déchiffrer le nom de ce contact aux horaires de noctambules.
"R". "R"? Mais qui est "R"?Mais son étonnement croissa encore lorsqu'elle se rendit compte que si Amélie n'avait pas entendu le téléphone vibrer instamment, s'était tout simplement parce qu'elle ne se trouvait pas dans son lit !
Peut-être était-ce à cause de ces mystérieuses insomnies qui la prenaient lorsqu'elle se trouvait dans la région... Elle ne tarderai pas à revenir, elle en était certaine.
Elle se rallongea dans son lit avec la ferme intention de rabrouer son amie sur les heures étranges que ses connaissances avaient pour appeler mais à peine eût-elle posé la tête sur son oreiller qu'elle se sentit se rendormir sans même le vouloir, avec la désagréable sensation d'une piqûre à travers le tissu de son pyjama.
"Saleté de moustiques..." Pesta-t-elle avant de sombrer dans le monde de Morphée.
*
Pareille à une ombre, elle se glissa dans la pièce, une petite sarbacane de bambou taillé à la main, avant de retirer la fléchette somnifère du coup de la jeune fille endormie.
Une chance, se dit-elle, comme ça, on dirait presque qu'elle ne s'est jamais réveillée... Elle ricana intérieurement avant de récupérer le téléphone et de ressortir par là où elle était entrée, à savoir par la fenêtre, sans laisser aucune trace de son passage, effaçant par la même occasion toutes preuves de l'existence de l'organisation.

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La fugitive
AventuraMaya et sa petite sœur, Hélène, habitent une petite maison en bord de mer. Leur passe-temps favori est d'aller chercher des moules sur une petite plage éloignée des touristes et inconnue de tous. Mais un matin, les deux sœurs découvrent une étrange...