Chapitre 9

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Maya ouvrit les yeux avec difficulté: où se trouvait-elle? En se relevant à moitiée, elle aperçut tout d'abord Hélène et Marion allongée à ses côtés. Que faisaient-elles ici? Tout à coup, elle se souvint : le marché, les hommes, la voiture...

D'après ce qu'elle pouvait déduire de ce qui l'entourait, elles n'étaient plus dans l'engin. Le sol était confortable et moelleux et la pièce était étroite et les murs semblaient faits de rideaux rouges. Curieuse de savoir si il s'agissait vraiment de tissu, elle tendit la main pour effleurer quand tout à coup, Marion remua. Elle entrouvrit les paupières avant de se relever subitement.

" Tout va bien? demanda Maya, inquiète.

Marion la fixa un instants avant de soupirer de soulagement.

- Tu es là... Et Hélène aussi... Tant mieux ! J'ai eu peur qu'ils vous fassent du mal...

- Maya? Marion? les deux jeunes filles sursautèrent en entendant leurs noms mais se détendirent aussitôt qu'elles aperçurent Hélène qui se frottait les yeux comme si elle se réveillait d'une sieste.

- On est où ? demanda la petite fille en détaillant la pièce du regard.

- Dans la villa des Du Champs. lui répondit Marion.

- Chouette ! s'écriat-elle alors. Tu crois qu'il y a des robes de princesses? C'est un château, non?

Maya soupira d'agacement : elle aurait préféré que sa sœur reste endormie.

- Non Hélène, dit doucement la fugitive, si nous sommes ici, c'est parce que nous sommes... prisonnières.

- C'est trop cool! Et il y a un prince charmant pour nous libérer ?

Un peu plus et Maya se mettait à pleurer de désespoir.

- Monsieur et Madame Du Champs n'ont pas de fils, la contredisit la jeune fille, il n'y a donc pas de "prince charmant"...

Tout à coup, une tête apparue dans le mur. Après un instant de frayeur, Maya se rendit compte qu'elles se trouvaient en fait dans un lit à baldaquin, ce qui expliquait l'impression de draps pendu pour les murs.

L'homme qui avait passé sa tête ricana en voyant que les jeunes filles étaient réveillées.

" Alors, mademoiselle Élise, vous croyiez nous échapper?

- Élise ? Elle est où, Élise? QU'EST-CE VOUS LUI AVEZ FAIT? hurla Hélène.

Le ricanement se transforma en un interminable fou-rire.

- Alors ça, s'exclama-t-il une fois qu'il se fut calmé, je ne m'y attendais pas! Tu as vraiment cru que tu nous échapperait et tu as même menti pour ça! Je ne te croyais pas capable d'une chose pareille!

Et il rit de plus belle,tandis que le regard de la petite fille passait de l'homme à Marion et de Marion à l'homme.

- Ben, elle est où Élise?

Mais l'homme l'ignora.

- C'est vexant, tu ne demandes même pas comment on t'as retrouvé? continua-t-il, imperturbable face à Hélène qui faisait tout son possible pour que quelqu'un réponde à ses questions. Ah, tu commences à réaliser? fit-il lorsque la jeune fille lui lança un regard assassin.

- Vous n'avez pas honte de vous servir d'une pauvre bête qui ne vous a rien demandé? s'écria-t-elle.

- Bah, c'était ça ou elle finissait en steak haché... Non, décidément, je ne me laisserai jamais de cette tête!

Il siffla et un bruit de cavalcade retentit et, lorsque leur geôlier ouvrit les rideaux du lit, un énorme chien qui devait être un bouvier bernois d'après ce que Maya avait vu dans les livres, sauta sur la fugitive, visiblement contrariée de s'être fait trahir par son propre animal de compagnie. L'animal, par son poids et sa taille, avait facilement plaqué sa maîtresse contre le matelas pour lui lécher le visage, sa manière à lui de lui dire bonjour.

- Dolly, au pied ! ordonna l'homme, agaçé. Au pied!

Mais si le chien avait l'air affectueux, il n'en demeurait pas moins une vrai tête de mule. Perdant patience, il tira brusquement sur une laisse que la jeune fille n'avait pas vue et le chien descendit du lit avec un gémissement.

- Arrête! Tu lui fais mal! protesta Élise.

- Fallait prévoir les conséquences de ta fuite, p'tite princesse! Allez, suivez-moi et je te promet que si tu tentes quoi que ce soit, tu risque de le regretter, miss Élise...

- Élise? s'écria Hélène qui venait de comprendre ce qu'il se passait. Élise! Pourquoi tu m'avais pas dit que tu étais encore là?"

Mais la jeune fille détourna la tête et se concentra sur son chemin, surveillant au passage l'homme et la fermeté avec laquelle il tenait la laisse de sa chienne. Quelques couloirs plus tard, il les enfermait de nouveau mais dans une luxueuse pièce, cette fois-ci.

" Profitez du calme tant qu'il y en a... vous allez bientôt recevoir de la visite!

Élise jeta un dernier regard assassin à cet homme qui semblait prendre tant de plaisir à l'énerver refermer la porte et la vérouiller à clé.

- C'était qui? demanda Maya une fois qu'elle entendit les pas du bonhomme s'estomper.

- Mon cousin... soupira la jeune fille. Enfin, mon demi-cousin, ma demi grand-mère maternelle  l'a adopté il y a dix ans, quand il n'en avait que huit... Je vous ai perdu? demanda-t-elle en remarquant l'air dubitatif des deux sœurs.

- Non non... fit Maya en tentant de décrypter la phrase de son amie.

- J'ai rien compris, déclara Hélène.

- Bon... Pour faire simple, quand ma grand-mère maternelle est morte, il y a douze ans, mon grand-père s'est remarié deux ans plus tard avec une autre femme. Mais celle-ci venait d'adopter un petit garçon de 8 ans         - mon cousin - qui a donc aménagé ici avec ma mère, donc sa "demi-sœur". Maintenant que mes grands-parents ne sont plus là, il s'est approprié la maison...

- Mais ton père et ta mère, ils ne savent pas ce qu'il se passe ici? s'indigna l'aîné, soutenue par sa cadette.

- Je vous l'ai dit, ma mère est morte et mon père... Cela fait deux ans qu'il est parti à l'autre bout du monde sans donner aucune nouvelles...

Le silence s'abattit, pesant, sur la pièce, personne ne sachant quoi dire de plus, jusqu'à ce qu'Hélène ne reprenne la parole.

- Au fait Élise, pourquoi es-tu partie ? Et pourquoi te poursuivent-ils comme ça?"

La jeune fille hésita un instant mais n'eut pas le temps de répondre : la porte s'ouvrit avec fracas et le fameux cousin apparut dans l'encadrure de la porte, un sourire aux lèvres. Un sourire qui n'augurait rien de bon à Maya, hypothèse que confirma l'air alarmé de son amie.

La fugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant