Chapitre 3

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"Tu crois qu'elle est morte? demanda Hélène à sa grande sœur une fois que leur mère, ayant fini de bander les blessures de leur invitée, était descendue préparer le repas.

Maya soupira:

- Non, elle n'est pas morte. Elle n'a pas encore repris connaissance, c'est tout.

- Et c'est quand qu'elle se réveille ? repris la petite fille au bout de 30 secondes de silence.

- Tu m'énerve avec tes questions ! Tu veux pas plutôt aller aider Maman?

- Non, protesta-t-elle, parce que si elle se réveille, tu vas la garder pour toi toute seule parce que tu vas encore dire que je suis trop petite et tout ça!

- T'as vraiment bête! C'est une personne, je peux pas la garder pour moi! Et puis, je la connais même pas !"

À cet instant Élise remua, stoppant aussitôt la disputes des deux sœurs, leur attention étant totalement reportée sur cette fille dont elle ne connaissaient que le nom et l'origine. Ses paupières frémirent et s'ouvrirent sur deux yeux bleus-verts qui s'écarquillèrent lorsqu'ils aperçurent les deux filles à sont chevet. Visiblement terrifiée, elle n'osait pas prononcer un mot, ni même bouger. C'est alors que Maya et Hélène qui l'avaient observée, bouche-bée, réagirent enfin.

" Salut, moi c'est Hélène, et elle, c'est ma grande sœur, Maya, elle est un peu pénible, parfois, mais au fond elle est gentille, tu verras...

Maya tapa sur la tête de sa petite sœur: décidément, elle ne connaissait pas le mot "délicatesse"...

- Va prévenir Maman qu'elle s'est réveillée, lui demanda-t-elle.

- D'accord ! fit l'intéressé avant de disparaitre dans le couloir. Mamannnn?

- Désolé, je ne pensait pas qu'elle serait aussi... excitée. Je suis Maya Snow. On t'as ramené ici, avec Hélène, lorsque l'on t'a retrouvé sur la plage. Tu t'en souviens ?

Son interlocutrice hocha la tête, oui, elle avait de vagues souvenirs de quelque chose de ce genre...

- Des hommes sont venus taper à la porte, durant ton sommeil. Ils avaient des chiens et collaient des affiches comme celle-ci, continua-t-elle en lui montrant l'affiche.

Élise blêmit: ils étaient prêts à tout pour la retrouver ; elle n'avait aucune chance...

- Ils ne te trouveront jamais, ici, la rassura Maya en percevant son malaise. Et dans le quartier, personne n'a vraiment apprécié ni fait confiance aux deux lourdaud qui te cherchaient; je suis sûre qu'ils comprendront, si on leur parle...

Élise hocha de nouveau la tête, et son hôte compris qu'elle était septique.

- Oh, tu veux peut-être que je t'aide à t'asseoir ? fit la jeune fille en tentant de changer de sujet.

Mais la blessée semblait aller beaucoup mieux et pu s'asseoir sans trop de difficultés et sans l'aide de son hôte. C'est alors qu'elles entendirent des pas dans les escaliers et quelques secondes plus tard, la mère et la plus jeune des deux sœurs étaient au pied du lit et de la patiente. Hélène était surexcitée et sautait de partout tandis que sa mère, pondérée, examinait les blessures de la jeune fugitive.

- Comment te sens-tu ? demanda-t-elle une fois l'inspection terminée.

- Beaucoup mieux, je vous remercie, madame Snow.

C'était les premiers mots qu'elle prononçait depuis que les deux sœurs l'avaient trouvée. Elle possédait une voix mélodieuse et chaque mot qu'elle prononçait résonnait comme une note de musique dans la chambre.
Madame Snow souri.

- Tu dois avoir faim, veux-tu manger quelque chose?

- Je...

- Tu veux des frites ? Oh, on a des glaces aussi! Et si on allait acheter une  pizza au magasin italien? Et ils vendent des pâtes aussi! débita Hélène d'une traite.

Élise paraissait à la fois hébétée par le flot de paroles qui sortaient de la bouche de la petite fille à une vitesse impressionnante, mais aussi gênée de l'attention qu'on lui accordait. Madame Snow éclata d'un rire joyeux.

- Je vais aller te chercher un plateau avec ton repas, déclara-t-elle, ne bouge pas, je reviens.

- Ne vous donnez pas cette peine, je peux très bien me déplacer! protesta la jeune fille qui repoussa les couvertures qui la recouvraient.

La mère de Maya lui jeta un regard suspicieux, avant de finalement hocher la tête, sous le regard suppliant de ses deux filles qui entraînèrent aussitôt Élise à travers la maison, lui montrant tous les recoins de l'habitation : là, dans la chambre d'Hélène, on pouvait voir la mer au loin, et là, dans le salon, il y avait une magnifique photo de coucher de soleil prise par leur grand-père, et là, c'était un souvenir ramené de Paris... Madame Snow les entendit courir partout dans la maison, et elle était sûre que leur invitée connaissait à présent l'endroit comme sa poche, bien qu'elle ne fut pas là depuis très longtemps.

La fugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant