La fugitive

Chapitre 21

Les sirènes de police, pompiers et ambulances hurlaient dans la propriété privée mais les deux camps, loin de s'en soucier, continuaient leur combat à mort. Bien qu'il fut seul, Gaël était incroyablement adroit, sûrement du même niveau que Nuit, à vrai dire, mais la balle qu'elle avait reçut dans l'épaule la ralentissait considérablement. Renard ne cessait de jeter des regards inquiets en arrière et Storm, attentif, surveillait les moindres faits et gestes de leur adversaire vers sa chef.

Les trois enfants, eux, avaient récupérés Élise et l'avaient allongée par terre. Elle ne semblait pas blessée mais n'avait pas l'aire endormie pour autant, ce qui préoccupait ses amis : qu'avait-il bien pu lui faire ?

Un premier puis un deuxième coup de feu leur fit lever la tête et Siméon glissa prudemment un œil hors de leur abri.

"Ils ont sortis les pistolets !" annonça-t-il avec effroi en revenant auprès des filles.

Une série de détonations eut lieu et les trois membres de l'organisation virent soudainement les rejoindre à l'abri, derrière une haute cheminée reposant sur un socle de béton.

Un silence tendu tomba, chacun étant concentré sur les moindres gestes des autres, amis ou ennemis. Au sol, une voix leur braillait dans un mégaphone de cesser le feu et de se rendre car une patrouille n'allait pas tarder à arriver sur le toit, mais le son leur arrivait à moitié étouffé par le hurlement des sirènes alentours.

Renard jeta un regard nerveux vers le bas avant de le poser ensuite sur Élise, toujours étendue et inconsciente au sol. Storm eut un coup d'œil pour Nuit qui fixait Gaël d'un air contrit et imita sa patronne, sans remarquer le rictus de douleur que l'on pouvait deviner à travers son masque un court instant tandis qu'elle se tenait l'épaule de sa main valide.

L'homme adverse rouvrit le feu mais le bruit d'un hélicoptère couvrit tous les sons, pourtant assourdissants, accompagnant chaque tirs. Levant la tête vers l'engin volant qui traînait une corde derrière lui, il esquissa un de ses sourires effrayants de satisfaction avec un regard triomphant vers ses opposants. L'hélicoptère se rapprochait plus à chaque seconde et Gaël leva les mains, prêt à réceptionner la corde pour s'enfuir... mais il n'eut pas le temps de bondir qu'il tomba à terre dans un long gémissement; Nuit, toujours avec ses excellents réflexes, l'avait plaqué à terre en lui sautant dessus. Mais elle n'avait pas sortit la corde qui devait servir à attacher le malfaiteur qu'elle tomba à son tour sur le sol en gémissant : un autre homme avait fait son apparition et venait de lui tirer dans la cuisse.

"Nuit !"

Le cri de détresse déchira le silence qui s'était installé et tous tournèrent la tête vers son propriétaire qui, outrepassant le fait qu'il se faisait tirer dessus et se trouvaient entre deux feux, se rua sur la silhouette inanimée gisant par terre, sur le sol mouillé par la pluie incessante. Il attrapa la jeune femme aux vêtements bleu marine qui avaient virés au pourpre sous le sang qui coulait de ses multiples blessures pour la porter à couvert et Maya sentit son cœur s'arrêter de battre : l'immobilité de leur leader ainsi que sa pâleur faisait peur à voir... Était-elle seulement encore en vie?

A cette idée qui lui glaçait le sang, elle détourna les yeux du corps reposant entre les mains du jeune homme blond et trempé, comme pour échapper à la peur qui faisait surface, et se concentra sur les bruits l'entourant : les sirènes, le mégaphone ainsi que le pistolet de Gaël s'étaient tus.

*

Les secours tentaient à présent de forcer la porte que Renard avait judicieusement bloqué peu après son arrivée. Elle et Storm échangeaient un regard mi-nerveux mi-interrogateur : visiblement, la seconde voulait que leurs existences restent secrètes mais sans devoir non plus abandonner leur chef qui les avaient si bien mené et protégés.

Ils avaient attachés dans un coin Gaël et son acolytes, vaincus par Renard tandis que Storm récupérait leur leader. A présent, les deux homme, un tissu bandé autour des yeux, n'avaient pas conscience de ce qui leur arrivait car Renard leur avait administré un puissant somnifère qui risquait de les faire dormir un bon bout de temps. Mais à présent, la question était de savoir ce qu'ils allaient faire pour sauver les deux victimes, et il ne leur restait plus beaucoup de temps...

Soudain, les deux braquèrent leur attention sur les  filles Snow qui se firent toutes petites : leurs regards ne présageaient rien de bon -du moins, pour elles en tout cas.

"Est-ce qu'on pourrait vous laisser seules avec Élise et Nuit ? demanda Renard. Vous n'aurez rien à craindre, on emmène les deux autres.

- Et moi ? l'interrogea Siméon.

- Tu viens avec nous. Il ne faut pas qu'on découvre que tu étais là-dedans depuis le début.

- Mais... et elles ?

- Elles sont déjà impliquées jusqu'au coup, soupira la jeune femme, mais normalement, on a déjà contacté un agent spécialisé pour ce genre de situations qui doit être sur place. Tout ira bien.

Peu convaincu mais sachant qu'il n'avait pas le choix, Siméon hocha la tête.

- A la prochaine alors ! s'exclama-t-il, faussement enjoué.

Puis il alla rejoindre Storm, accroupis près de Nuit qui gisait dans une flaque moins faite d'eau que du sang qu'elle perdait abondant, bien que son amant ai essayé de compresser les blessures avec du tissu. Il avait été décidé que les agents emporteraient le costume de leur chef, laissant ainsi sur place non pas Nuit mais... Caliawen ! Mais vu les circonstances, personne n'avait fait de réflexion, se contentant d'essayer de bander ses blessures avec le plus grand soin.

- Allons-y, déclara Renard en les détachants du triste spectacle. Je vous recontacterai," promit-elle aux deux filles.

Puis elle chargea un des prisonniers sur ses épaules, bientôt suivie par Storm visiblement abattu et inquiet, et les trois agents disparurent dans le petit matin détrempé.

La porte s'ouvrit violemment et Maya respira un grand coup avant de signaler leur présence aux nouveaux venus : maintenant, il allait falloir leur faire gober tout l'histoire qu'ils avaient mis au point et elle avait le sentiment que ce ne serait pas facile, même si Renard leur avait assuré qu'elles disposeraient du soutient d'un allié de l'organisation.