Chapitre 1

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Le soleil était haut dans le ciel et Maya avait décidé d'emmener sa petite sœur, Hélène, pour aller jouer au bord de la mer sur une plage connue d'elles seules. Bien sûre, elles auraient pu rester plus près de chez elles, mais il y avait un tel nombre de touristes qu'il était impossible de faire deux pas sans marcher sur les affaires de quelqu'un. Elles avaient donc décidées de se rendre là ou, habituellement, elles allaient chercher des moules tout en s'amusant avant que leur mère ne les fasse cuire avec de la paella, qui était sa spécialité.

"Maya! Attends-moi! cria Hélène.

Maya se retourna, agacée.

- Dépêche-toi un peu! Il est presque midi et on a toujours pas ramené la moindre moule! Et puis, à cette heure-là, ce n'est même pas la peine d'espérer trouver un petit crabe!"

Et elle repris l'ascension d'un énorme rocher qui, elle le savait, cachait une quantité de moules. Une fois arrivée en haut, elle jeta un coup d'œil à sa petite sœur pour s'assurer qu'elle suivait toujours avant de contempler le magnifique paysage qui s'offrait à elle : la mer, d'un bleu profond, et le roulis incessant des vagues au dessus desquels un soleil resplendissant brillait. Au loin, on pouvait voir un petit voilier qui s'éloignait au large et, sur une plage proche de là ou elle se trouvait, de nombreux touristes étaient déjà présents et profitaient du temps clair. Derrière elle se trouvait un amas de rochers, un peu comme une enceinte les protégeant de ces amateurs prêts à tout pour une place au soleil et à sa droite, une petite butte avec une forêt privée appartenant à un riche propriétaire, empêchant ainsi quiconque de passer par là pour rejoindre la petite plage tranquille.

Soudain, Maya se figea : là-bas, non loin de la forêt, quelque chose bougeait. Ce n'était pas un animal, elle en était certaine, alors que cela pouvait-il être?

"J'y suis arrivée!

Elle se retourna brusquement avant de soupirer : ce n'était qu'Hélène qui venait de la rejoindre.

- Alors, il y a beaucoup de moules? demanda la petite fille. Hé, mais tu n'as rien fait! s'écria-t-elle en remarquant le seau vide de son aînée.

Maya l'ignora pour observer à nouveau l'étrange chose: on aurait dit un bout de tissu... rose pâle... et qui ondoyait avec le vent léger qui s'était levé.

Surprise par son manque de réaction, Hélène se mit à la hauteur de sa sœur avant d'apercevoir à son tour l'étrange bout de tissu.

- On dirait une robe, déclara-t-elle. On va voir? Allez, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît !"

Maya acquiesça : si sa petite sœur avait raison et qu'il s'agissait bien d'une robe qui flottait au vent, quelqu'un devait avoir besoin d'aide, d'autant plus qu'il était impossible de pénétrer sur la plage par une autre entrée que par celle où elles se tenaient et qu'elles n'avaient vue aucune autre présence jusqu'ici.

"Alors, tu viens? lui cria la voix d'Hélène, déjà en bas du rocher. Je veux savoir ce que c'est, moi!"

Maya descendit donc du rocher et les deux sœurs se mirent à courir vers le petit bois. Au fur et à mesure qu'elles avançaient, une silhouette commençait à se dessiner; c'était elle qui portait la robe.

Quand elles ne furent plus qu'à quelques mètres et qu'elles cessèrent enfin de courir, elles découvrirent une jeune fille allongée par terre avec de longs cheveux blonds et sales qui lui arrivaient à la moitié du dos et étaient retenus en deux tresses, l'une retombant sur son visage et l'autre dans son dos. Vu son état, elle devait venir de loin et arriver jusqu'ici n'avait pas dû être facile...

" Qu'est-ce qu'on fait? demanda enfin Maya après un long silence.

- Ben on n'a qu'à la ramener chez nous! s'exclama Hélène.

- Tu es folle! lui rétorqua sa sœur. Que vas dire Maman?"

Soudain, l'inconnue bougea, sans doute réveillée par les éclats de voix, et les deux sœurs se figèrent.

Elle tremblait, et Maya n'aurait su dire si c'était par peur ou par douleur, car elle avait quelques écorchures profondes qui devaient lui faire mal, surtout avec le sable qui s'y était engouffré.

"S'il vous plaît... murmurait-elle, ne me livrez pas à eux...

Des larmes coulaient sur son visage, se mêlant au sable et à la terre dont elle était couverte.

- On n'a aucune raison de te livrer, la rassura Maya. On va te soigner et tu pourras repartir.

La jeune inconnue esquissa un sourire avant de fermer les yeux et de ne plus bouger.

- Elles est morte? demanda Hélène.

- Non, elle a simplement perdu connaissance. Il faut qu'on l'aide, mais comment?

- On la ramène à la maison? proposa une nouvelle fois la petite fille.

- Mais... que va dire Maman? s'inquiéta sa grande sœur. On revient sans le dîner et en plus on ramène une étrangère dont on ne sait rien?

- Parce que tu préfères la laisser mourir, la livrer à ces gens ou la mettre en sécurité à la maison et la laisser repartir quand elle ira mieux?

Maya devait admettre que le résonnement de sa sœur était juste.

- Va chercher la charrette dans laquelle on mets les seaux des moules." dit-elle finalement.

La fugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant