La fugitive

Chapitre 2

Hélène revint quelques minutes plus tard, la charrette à la main. Elles déposèrent précautionneusement l'étrange fille à l'intérieur et firent demi-tour, prenant garde à ne pas trop la secouer et à éviter les chemins trop fréquentés pour éviter les questions. Enfin, au bout d'une demi-heure de détours, elles arrivèrent enfin chez elles et entrèrent discrètement par le garage.

" Maman? cria Hélène tandis que sa sœur attendait avec l'inconnue. Maman! Maaa-maaannn! Je crois qu'elle est partie faire des courses, dit-elle en revenant vers Maya. Je l'ai cherché partout mais je ne l'ai pas trouvée.

Maya soupira.

- Bon, on va la monter dans ma chambre et la mettre dans mon lit en attendant que Maman rentre. Ensuite, on verra."

Quelques minutes plus tard, l'étrangère était donc allongée dans un lit et les deux sœurs avaient entrepris de nettoyer ses blessures les moins profondes, de peur de faire une bêtise, lorsque tout à coup, une porte claqua.

" Je suis rentrée! fit une voix.

- Maman! s'écria Hélène qui courut à sa rencontre, bientôt suivie de sa grande sœur.

- Coucou! Alors, la pêche a été bonne?

- Ben, justement... commença Maya.

Tout à coup, on sonna à la porte.

- Zut, on verra ça plus tard, répondit leur mère en ouvrant la porte. Bonjour!

Deux hommes se tenaient dans l'encadrure de la porte, accompagnés de chiens qu'ils tenaient en laisse et qui aboyaient.
Effrayées, les deux sœurs se réfugièrent dans les escaliers, un endroit où elles pourraient suivre toute la conversation sans être vues; mais elles ne doutaient pas un seul instant qu'il s'agissait des gens dont l'étrangère leur avait parlé.

- Bonjour Madame, commença le premier, nous recherchons la fille de notre maître, Élise, qui s'est échappée il y a deux jours. Voici une photo: vous ne l'auriez pas vu, par hasard?

Il y eut un silence et les deux filles devinèrent que leur mère examinait l'affiche.

- Non, je suis désolée, je ne l'ai jamais vu...

Nouveau silence.

- Excusez-nous de vous remettre en question mais nous suivons la piste avec nos chiens depuis ce matin et les traces nous ont mené jusqu'à votre maison...

Les deux sœurs se crispèrent: elles n'avaient pas imaginé que l'inconnue pouvait être traquée par des chiens!

- Non, je suis vraiment désolée, repris leur mère, je n'ai vu personne ce matin. Elle a du passer derrière la maison et vous l'avez manquée...

- Merci Madame, dit une nouvelle voix, puis-je vous laisser l'affiche ? Il y a le numéro de notre maître dessus, si vous la voyez, pourriez-vous le contacter ?

- Bien sûr ! Au revoir Messieurs!"

En entendant la porte se refermer, les deux filles descendirent de leur cachette pour voir l'affiche : au centre se trouvait le portrait d'une jeune fille blonde aux yeux clairs et au regard triste. En dessous de l'image était marqué : "On recherche Élise Camille Thérèse Du Champs, disparue le mercredi 12 août aux alentours de minuit. Si vous la voyez merci de nous contacter au : 34 56 78 09."

Hélène mit un coup de coude à sa sœur : le portrait était celui de l'étrangère qu'elles avaient ramenée!

"Maman, qui sont les Du Champs? demanda Maya.

- Ce sont les propriétaires du manoir près du bois, tu sais, celui près de la plage où vous récoltez des moules! On dit que leur terrain s'étend sur des hectares! Ils sont aussi extrêmement riches...

Hélène et Maya échangèrent un regard impressionné : alors comme ça, elles cachaient dans leur maison une riche héritière disparue ?

- Et qu'est-ce que tu ferais si tu la voyais ? repris nerveusement la jeune fille.

- Eh bien, j'appellerai ses parents,ils doivent être morts d'inquiétude! Quelque chose ne va pas? dit-elle en voyant l'air gêné des ses deux filles.

- Ben... fit Maya

- On a ramené la fille de l'affiche à la maison. répondit directement Hélène.

- Attendez... Vous avez fait quoi? "

Maya monta à l'étage, suivit de sa mère et de sa sœur, bien qu'elle soit morte de peur que l'on appelle les parents d'Élise, si c'était ainsi qu'elle s'appelait. Comment allait le prendre la jeune fille si elle devait retourner chez elle alors qu'on lui avait promis la sécurité? Prenant son courage à deux mains, elle poussa la porte de sa chambre...

Élise était toujours allongée sur le lit et n'avait pas bougé lorsqu'elles pénétrèrent dans la pièce, et la mère des deux filles ouvrit de grands yeux: c'était bien la jeune fille disparue qui se trouvait là, devant elle. Elle était en piteux état, les deux derniers jours n'avaient pas dû être faciles... Certaines de ses plaies avaient été bandées mais pas toutes.

"Allez me chercher la trousse à pharmacie," demanda-t-elle aux deux filles qui s'exécutèrent sans attendre.