Chapitre 7

51 8 7
                                    

"Élise? demanda Maya lorsqu'elles furent couchée. Comment as-tu fait pour convaincre ma mère de t'aider?

- Élise? Qui est Élise? fit la jeune fille avec un signe discret vers la porte entrouverte et en jouant à allumer et éteindre une lampe de poche.

Même si le jeu semblait anodin, Maya avait appris à lire le morse et ne tarda pas à déchiffrer un message caché dans les signaux de sa camarade: plus tard, disait-elle, quand je serai sûre qu'Hélène dorme. Elle acquiesça donc et les deux jeunes filles se concentrèrent sur des banalités, jusqu'à ce que des ronflements réguliers leur parviennent de la chambre d'à côté. Maya fit alors signe à son amie de venir la rejoindre dans son lit et elles se remirent à discuter à voix basse sous la couette.

" Vas-y! l'encouragea l'hôte de la jeune fille qui hésitait.

- Tu es bien sûre qu'il n'y a aucun risque qu'Hélène ne nous entende? demanda quand même Marion, nerveuse.

- Aucun risque, il est près de 23 heures et cela fait déjà deux heures qu'elle dort.

- Qu'est-ce que tu voulais savoir? se lança la jeune fille.

- Comment tu avais fait pour convaincre ma mère...

Elle sembla réfléchir un instant avant de répondre:

- Honnêtement ? J'en sais rien.

- Comment ça? s'étonna son amie.

- Je lui ai juste expliqué ma... Disons... Situation actuelle.

- Et? fit son auditrice, la poussant à continuer.

- Et quoi?

- Ben... Tu vas pas me dire que c'est tout?

Marion fixa le matelas, embarrassée.

- Si ce n'est pas le cas, je ne me souviens pas qu'elle m'ai demandé autre chose... Je te jure que je ne t'ai rien caché! se défendit la fugitive en surprenant le regard étonné que Maya lui lançait.

- Je n'ai jamais dit ça, la rassura la jeune fille, c'est juste que je trouve ça étrange... Sans vouloir te vexer, ma mère n'est pas le genre de personne à faire confiance facilement...

- Je comprends, acquiesça-t-elle, et puis, c'est vrai que c'est bizarre, vous ne me connaissez même pas!

Les deux filles se turent,songeuses. Puis Marion regagna son lit et elles s'endormirent, épuisées. Quelques minutes plus tard, Maya pu voir la poitrine de son amie de se lever et s'abaisser régulièrement, lui indiquant ainsi que celle-ci dormait. Mais elle n'arrivait pas à trouver le sommeil, la question lui revenant sans cesse en mémoire : pourquoi sa mère avait-elle accepté aussi facilement de protéger la jeune fugitive? Elle avait beau réfléchir au maximun, elle ne trouvait rien et toutes les hypothèses la ramenaient à son point de départ ou la poussaient à se poser une autre question : était-il possible que la jeune fille et la mère de ses amies aient un passé en commun? Fatiguée par toutes ces questions sans réponses, elle finit par elle aussi sombrer dans un sommeil agité.

Marion fut la première à se réveiller lendemain matin et lorsque Maya se leva, la jeune fille était déjà partie. Elle descendit donc à la cuisine en catastrophe : et si la fugitive avait profité de la nuit pour s'en aller? Elle soupira de soulagement lorsqu'elle l'aperçu, assise à la table, en compagnie d'Hélène.

"Maya!  s'écria celle-ci en apercevant son aînée. Tu c'est vrai que tu es tombée dans un lac au mariage de Tante Solène?

La jeune fille acquiesça. Mais comment son amie pouvait-elle être au courant de l'évènement ? Puis elle vit sa mère qui, dans un coin, les observait, et la jeune fille compris qu'elle avait aidée son amie à se faire un alibi. Elle joua donc le jeu; elle ne voulait pas ruiner la couverture.

- Oui... Marion me montrait des poissons et en me penchant pour les voir, j'ai perdu l'équilibre...

Madame Snow et leur invitée rirent et si Maya n'avait pas su qu'il ne s'agissait que d'un récit, elle aurait pu croire qu'elles partageaient  vraiment le souvenir.

- Bon, aujourd'hui, c'est le grand marché, fit l'adulte, ça vous dirait qu'on y aille?

- Ouais ! s'écria Hélène. Je veux aller au marché ! Au marché! Au marché!

- Et toi Marion ? Tu veux aussi y aller? demanda sa sœur.

- Bien sûre !

- Ouais! On va au marché! On va au marché! On va au marché !cria la petite fille en courant dans la maison.
On va au marché !

- Hélène, au lieu de faire tout ce bruit, va te préparer ! la rabroua sa mère.

- On va au marché !" continua de chantonner l'enfant tout en mettant ses chaussures.

Quelques secondes plus tard, elles étaient parties en direction du marché qui, malgré l'heure matinal, était bondé. Surprise, Maya constata que Marion paraissait assez décontractée, bien qu'elle soit dehors, sous le nez de ses poursuivants.

"Ça va? lui glissa-t-elle. Tu n'as pas peur de tomber sur les hommes qui te traquent?

- Si. Mais Madame Snow m'a conseillé de me comporter en touriste comme ça, j'ai plus de chances de passer sous leur nez sans qu'ils ne s'en rendent compte que si je restait terré, que ce soit chez vous ou dans une cachette extérieur. Pourquoi?

- Tu es vraiment une très très bonne actrice...

La jeune fille piqua un fard.

- Merci. Mais je ne m'en serait jamais sortie sans votre aide ni sans ton soutien...

- Maman, Maman, tu m'achètes une glace ? s'écria soudain Hélène.

- Hélène, tu viens de finir de manger...  soupira sa mère tandis que sa sœur levait les yeux au ciel.

- Mais je veux une glaaaaceuuuuu! pleurnicha la petite fille.

- Hélène j'ai dit non!

Mais elle ne voulais rien entendre et continua à faire son caprice sous le regard excédé de sa famille et désapprobateur des passants alentours.

- Hélène? fit Marion d'une voix douce, tu ne voudrais pas venir avec Maya et moi voir les poissons, là-bas ?

- Des poissons? Où ça? Où ça? Là! Je les vois! s'exclama-t-elle en oubliant totalement la glace tant convoitée. Alors, vous venez?

Et sans même attendre de réponse, elle détala en direction des petits animaux.

- Désolé, s'excusa Marion, je n'ai pas trouvé mieux...

- Au contraire, la rassura Madame Snow, c'était une excellente idée. Ça ne vous dérangerait pas de la garder le temps que j'aille faire les courses de la voisine ? Je ne serai pas longue.

- Bien sûre, acquiesça Maya, on t'attend aux poissons!"

Rassurée de savoir sa cadette sous surveillance, la mère s'éloigna et les deux filles rejoignirent la petite fille, collée à l'aquarium. Elles y restèrent seules quelques instants avant que deux gros bonhommes ne les rejoignent. Ils échangèrent quelques mots avec le propriétaire du stand avant de désigner du regard les trois filles. Le propriétaire sembla s'opposer un instant à ce que devais lui proposer ses interlocuteurs mais ne résista plus après quelques mots dis à l'oreille.

Maya n'était pas rassurée : que leur voulais les deux hommes? Elle sentit Marion se crisper à côté d'elle : elle avait beau être sous couverture, le danger n'en restait pas moins réel...

La fugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant