Take a breath

Chapitre 6 : Australia

The only thing you knew was true has just walked out of your life. How does it feel ?  ♪

Tout en reprenant ma respiration, j'essayais -en vain- de comprendre ce qui venait de se passer

      - Ok... ça, ce n'était vraiment pas normal.
      - Ça va, tu n'as rien ? s'enquit Joe en m'observant de la tête aux pieds
      - Non ça ne va pas ! m'emportai-je. C'est quoi ce cirque ? Pourquoi elles... enfin, c'était complètement hallucinant !

J'essayai de calmer les trémolos dans ma voix. Je n'allais pas pouvoir vivre dans l'ignorance plus longtemps, ma santé mentale ne le supporterait pas.

      - Vous allez me dire la vérité maintenant...

Les trois frères se regardèrent, hésitant.

      - J'ai bien vu que vous n'étiez pas "normaux". Partout où vous allez les gens vous dévisagent ! Je n'ai pas oublié l'autographe Nick, je veux une explication !
      - Oh mais Joe va s'en charger, c'était son idée.

Ce dernier lui lança un regard assez noir et murmura un "trop aimable" à peine audible.

      - Bon alors quoi ? Vous êtes acteurs ?
      - En partie... commença Joe
      - Pas vraiment, répondit Nick en même temps

Ils avaient toujours le chic pour se contredire ces deux là !

      - Kevin ? grondai-je en serrant les dents
      - Disons que c'est plus un passe temps que notre métier principal, tenta de m'expliquer l'aîné
      - Parce que vous en avez plusieurs ?

J'étais à deux doigts d'exploser.

      - Calme toi Evie, me supplia Joe. Je vais tout t'expliquer
      - Que je me calme ? explosai-je. Que je me calme ? Joe, je sais pas si tu comprends, je viens de me faire écraser par une meute de filles hurlant vos prénoms ! Et contrairement à elles, j'ignore totalement ce que vous êtes.

Il ne pouvait pas lutter contre cet argument

      - Vous auriez été des criminels, ajoutai-je, je me serais jetée tout pareil dans la gueule du loup
      - Sauf qu'à mon avis, souligna Nick, si on avait tué du monde, les gens ne nous accueilleraient pas à bras ouverts.

Sa remarque eut au moins le mérite de me clouer le bec.

      - Cela dit, moi j'ai toujours trouvé que Joe avait une tête pas claire.
      - Nick !

Joe ne savait plus quoi faire contre le cynisme de son frère. Le van s'engagea sur l'autoroute. Le monde semblait être redevenu normal. Plus d'appareils photos, plus de cris. Un silence gênant s'installa.

      - Dites moi la vérité, soufflai-je finalement, un peu calmée. J'ai le droit de savoir... je veux savoir.

Joe regarda ses frères, hésitant

      - Vas-y, céda Kevin en soupirant. On ne pourra pas cacher ça éternellement.
      - On n'aurait pas dû lui cacher du tout !
      - Nick...
      - Quoi ? s'indigna t-il. J'ai toujours trouvé cette idée absurde de toute façon.

Joe prit une grande inspiration et leva les mains, paumes face à moi. On aurait dit qu'il essayait d'apaiser un animal sauvage.

      - Ok, je me lance. Mais avant que tu ne dises quoi que ce soit, sache que nous avions nos raisons de vouloir te le cacher. Ce n'est certes pas très honnête envers toi mais pour notre sécurité à nous, il le fallait.

Je suivis son récit avec la plus grande attention, m'attendant au pire.

      - Nick, Kevin et moi sommes aussi connus sous le noms de Jonas Brothers, un groupe que nous formons depuis quelques années déjà. Nous sommes un peu moins célèbres en France mais, comme tu as pu le remarquer, dans certains autres pays nous ne passons pas inaperçus. Les interviews, nous les donnons en tant qu'artistes, et non en tant que journalistes. Nous étions seulement de passage à Paris, et dans l'hypothèse où nos chemins devaient simplement se
croiser, je me suis dit qu'il valait mieux ne pas t'en parler.

J'en restai sans voix. Tout s'expliquait d'un coup : l'hôtel luxueux, l'autographe, les regards, la foule. Et pourtant, je n'arrivais pas à y croire. Cela m'arrivait, à moi ? Moi qui n'avais rien connu d'autre que l'enfermement et la fuite, je me retrouvais soudain propulsée là où personne n'avait jamais été.

      - Je sais que ça doit te paraitre complètement fou, ajouta Joe devant mon mutisme, mais s'il-te-plait, dis moi quelque chose.