Chapitre 16 : What did I do to your heart

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Did I break it ?


Vu la tête qu'il fit en me voyant, je devinai que non, il n'était pas au courant. Danielle se leva pour lui faire la bise mais le sourire qu'il lui adressa en retour n'était qu'à moitié vrai. Son regard s'était posé sur moi et la surprise l'avait rendu muet. S'il restait planté là, ses parents allaient deviner que quelque chose n'allait pas.

      - Joe, intervint finalement Kevin. Je te présente Evie, une amie de Danielle.

Un coup d'oeil à son frère et mon beau brun sembla comprendre. D'une voix qui se voulait le plus neutre possible, il me dit qu'il était enchanté de faire ma connaissance et m'adressa un petit sourire gêné. Je lui renvoyai le même. Nick engagea ensuite la conversation sur un tout autre sujet et je réussis à me détendre. Tant que Joe ne croisait pas mon regard, l'honneur était sauf.
Une fois l'apéritif terminé, Denise nous invita à passer à table. Je me levai tant bien que mal du canapé avec la dérangeante impression d'avoir une robe dix fois trop courte. J'étais bien trop habituée à mes jeans pour me sentir parfaitement à l'aise avec ce type de vêtements. Je priai aussi pour qu'il n'y ait pas de plan de table malencontreux: passer toute une soirée à ignorer mon voisin aurait été très embarrassant. A mon grand soulagement, nous pouvions nous mettre où nous le souhaitions et Nick s'arrangea pour m'escorter. Il s'installa à ma droite tandis que Danielle prenait place à ma gauche. Joe quant à lui s'installa volontairement en bout de table pour ne pas avoir à croiser mon regard.

      - Alors vous êtes française Evie ? demanda Denise sur un air enjoué

      - Oui, j'habite à Paris.

      - C'est drôle, poursuivit-elle en regardant Danielle. Vous vous êtes connues comment toutes les deux ?

Je jetai un rapide coup d'œil à cette dernière pour savoir qui de nous deux devait répondre et une fois de plus, Kevin vint à notre secours.

      - C'était lors d'un stage à Paris, maman. Je ne sais plus si je t'en avais parlé.

      - Oui c'est possible... Tu sais, j'ai tellement de choses à penser.

A l'autre bout de la table, Joe, qui s'était fait discret depuis le début de la soirée, reporta l'attention de ses parents sur la beauté de cette ville française ainsi que toutes les merveilleuses choses qu'ils avaient vu pendant leur tournée. Le but était de changer de sujet afin que le mien ne soit pas abordé. Même sans un regard ou sans un mot, il arrivait à me comprendre. Le repas toucha à sa fin et le dessert fut accompagné d'un cri strident.

      - C'est pas vrai... s'extasia Frankie. Il neige !

Il se précipita à la fenêtre et colla son visage à la vitre.

      - Frankie, le réprima son père. Viens te r'assoir.

      - Je n'ai plus faim... gémit-il. Est-ce que je peux aller dehors ?

Il supplia au moins trois fois de suite ses parents pour être sûr qu'ils acceptent.

      - Bon d'accord, céda Denise. Mais tu attends que je mette mon manteau.

      - Laisse maman, intervint Joe. J'ai fini, j'y vais.

      - C'est gentil mon chéri... Couvrez-vous bien surtout !

Nick en profita pour plaisanter

      - Tu vois Evie, moi j'aurais fait ça étant petit, on ne m'aurait jamais dis oui. Bonjour le favoritisme !

Denise ria tout autant que moi. Cependant, je sentais que malgré sa plaisanterie, il mourrait d'envie d'y aller. Pour preuve, il s'empressa de finir son assiette et se rua sur la porte d'entrée. Denise et son mari nous proposèrent de les rejoindre le temps qu'ils débarrassent la table. Kevin nous escorta Danielle et moi jusqu'au cellier et nous tendit nos vestes. Au dehors, une bataille de boules de neige avait commencé. Dans un premier temps, Danielle resta au bas des marches avec moi pour laisser les garçons se battre entre eux. Le répit étant de courte durée, elle fut obligée de m'abandonner quelques minutes plus tard pour aller aider Kevin qui se faisait littéralement enneiger. Je riais en voyant cette joyeuse fratrie. Moi je n'avais jamais connu ça. Jamais. Ce mot revenait sans cesse ces derniers jours. J'essayais de me convaincre que c'était parce que tout était nouveau mais une petite voix dans ma tête ne cessait de me répéter que ces "jamais" signifiaient simplement que tout ça n'était pas à moi. L'espace d'un instant, j'avais réussi à oublier qui j'étais vraiment : une étrangère. Je n'appartenais pas à cette famille et n'avais rien à faire là. D'un coup, mon sourire s'effaça.

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