Chapitre 4 : Hold On

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We don't have time left to regret
So stop your wondering, take a stand  ♪


Mon coeur rata un battement. Ce n'était pas Karl, c'était Abbie, ma meilleure amie !

      - Evie ? Où est-ce que tu étais, je t'ai che...

Soulagée, je ne lui laissai pas le temps de finir sa phrase et courus la prendre dans mes bras. Voilà maintenant 2 ans que nous nous connaissions elle et moi. Abbie était arrivée à l'orphelinat quelques jours après moi, pour des raisons différentes mais toutes aussi tragiques. Pourtant, lorsqu'on la regardait, aucune trace de colère ni de chagrin ne venait encombrer son beau visage. Elle avait toujours le sourire aux lèvres, les yeux pétillants. C'était la personne la plus jolie et la plus adorable qu'il m'avait été donner de rencontrer.

      - Evie, qu'est ce qu'il se passe ? me demanda t-elle, inquiète 
      - Je pars Abbie...
      - Où ça ? Qu'est ce que ...
      - Je n'ai pas le temps de t'expliquer, il faut que je m'en aille. Je...

Face à son regard implorant, je compris qu'il y avait une légère faille dans mon plan. J'allais devoir partir sans elle. Alors que je restai figée face à cette évidence dévastatrice, un bruit de pas se fit entendre derrière la porte.

      - Je crois que quelqu'un arrive, signala Abbie 
      - Viens avec moi ! lui suppliai-je alors, paniquée
      - Quoi ?
      - Viens avec moi Abbie, partons d'ici, toutes les deux !

Toute raison semblait m'avoir abandonnée. Sous la panique, je ne pouvais plus réfléchir correctement. Mon coeur me dictait les mots tandis que mon cerveau laissait de côté toute rationalité. 

       - Mais... Non. Je peux pas tout quitter comme ça. Toi peut être, mais pas moi.
       - Je t'en pris, tu sais ce dont il est capable ! chuchotai-je en entendant les pas se rapprocher
       - Justement, je préfère éviter les ennuis. Il s'acharne après toi uniquement parce que tu lui tiens tête. Moi je n'ai rien a craindre.               - Mais...


On toqua à la porte, coupant court à toute protestation. La voix grave de Karl nous fit sursauter.

       - Qu'est-ce qu'il se passe ici ?
       - Il faut que tu y ailles, me murmura Abbie en plongeant son regard dans le mien
       - Non, pas sans toi !
       - Ne sois pas stupide ! insista t-elle. Ce serrait trop louche qu'on disparaisse toutes les deux de toute manière.                                                        - Abbie, ouvre la porte ! pesta Karl en haussant le ton. 

Il essaya d'ouvrir la porte mais heureusement pour moi, Abbie avait pris le temps de la verrouiller. Dans l'urgence de la situation, mon amie me poussa jusqu'à la fenêtre, me forçant presque à l'enjamber. 

       - Abbie, je suis désolée, je n'avais pas pensé... commençai-je embrassée. Il va s'en prendre à toi.

Le coups contre la porte redoublèrent, Karl commençait à perdre patience. Si ça continuait, il allait finir par alerter le reste du foyer. 

      - Va t'en Evie ! m'ordonna Abbie. Si tu as les moyens de t'en allez fais le, tente ta chance ! Il ne me fera rien, t'inquiète pas.
       - Mais...
       - Tu as toujours été plus forte que moi, tu vas très bien t'en sortir. Maintenant s'il te plaît, sauve toi !

Sa bouche m'en donnait l'ordre mais ses yeux me hurlaient le contraire. Elle avait peur, pour elle, pour moi et cela me paralysait complètement. Karl s'acharna à nouveau sur la poignée et Abbie me supplia à nouveau de filer. Sentant l'adrénaline arriver,  je jetai un dernier regard à mon amie et franchis la fenêtre. Une fois mon sac attrapé à la volé, je me mis à courir à toute jambe sans jamais me retourner. Mon sang pulsait dans mes tempes, j'avais du mal à respirer.Je franchis le mur d'un bond et redoublai d'allure alors que ma course folle fut signaler par des klaxons de voiture. Etais-je poursuivis ? Je n'osais me retourner pour vérifier. J'étais incapable de réfléchir correctement. Mon instinct de survie avait pris le dessus. Coupant par des rues parallèles, j'évitai les grands axes. Et lorsqu'enfin je vis apparaître la façade de l'hôtel au loin, je m'autorisai à ralentir sans pour autant me laisser aller. Il fallait que je garde une certaine contenance devant le personnel et les clients. Ils pouvaient me dévisager cependant, ce soir là je m'en fichais royalement. Après un dernier effort qui me sembla interminable, je finis par arriver jusqu'à la chambre de Joe. D'une main tremblante, je sortis la clef électronique de ma poche et entrai dans la pièce. Lorsque la porte se referma dans mon dos, je me laissai aller à mes sanglots. Qu'avais-je fait ?  Karl savait qu'Abbie et moi étions proches, il risquait de s'en prendre à elle. Comment avais-je pu envisager m'en aller sans elle ? Je me sentais si coupable tout à coup. L'espace d'un instant, je me mis à souhaiter remonter le temps. Que rien de tout ça ne soit jamais arrivé, que les Jonas ne m'aient jamais aidé. Peut-être était-il encore temps de refuser leur proposition et rentrer. Mais après ce soir, Karl allait tout sauf m'épargner. J'étais prise au cou, encerclée. De colère, je serrai les points. Ma respiration s'accélérait alors que je faisais les cent pas dans la pièce, m'étouffant presque dans mes sanglots. 

Take a breathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant