Chapitre 7 : Thats just the way we roll

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We are wild, we are free
We are more than you think so call us freaks  ♪



Le repas s'écourta pour moi. J'avais mangé assez précipitamment pour pouvoir m'isoler avant de remonter dans les chambres. Joe avait fini par nous rejoindre sans laisser transparaitre la moindre émotion. Je décidai donc de ne pas le questionner là dessus. Après tout, ce n'était pas mes affaires. Je laissai les garçons finir leur dessert et me dirigeai vers l'accueil pour demander s'il y avait un endroit à partir duquel je pouvais téléphoner. On m'indiqua gentiment un poste  téléphonique sur la droite, dans le hall d'entrée, plus l'indicatif pour pouvoir joindre la France. Une fois seule, je composai le numéro de l'orphelinat, consciente du risque. Mais c'était plus fort que moi. Lorsque la secrétaire décrocha, je fis mon possible pour déformer ma voix, prenant un certain accent que moi même je ne connaissais pas.

      - Bonjour, je suis une amie de la mère d'Abbie Reynolds, l'une de vos pensionnaires. Je souhaiterais prendre de ses nouvelles. Est-il possible de lui parler ?      

      - Oui. Patientez quelques instants Madame, je vais la chercher.

Je me félicitai d'avoir été si convaincante et aussi, de ne pas être tombée sur Karl. En même temps il était surveillant, pas secrétaire. C'était déjà ça. L'attente me parut durer un moment, je rongeai mes ongles nerveusement. Et puis soudain... 

      -  Allo ? 

Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Mon Abbie... elle était là. C'était si agréable de l'entendre. Je soupirai, soulagée.

      - Abbie... commençai-je prudemment

Immédiatement, elle devina mon identité.

      - Oh c'est pas vrai !
      - Chut, garde ton calme ! Personne ne doit savoir que c'est moi.

Abbie sembla comprendre. Elle poursuivit en baissant la voix.  

       - Je me suis tellement inquiétée, me dit-elle. Où es-tu ? 

       - En Australie.

       - Ce n'est pas drôle Evie, je suis sérieuse !

       - Oui, moi aussi.

Sentant l'euphorie la gagner, je m'empressai d'ajouter 

       - C'est une longue histoire, je t'expliquerai plus tard. 

Je n'avais pas le temps de tout lui raconter dans le détail, encore moins au téléphone au milieu d'un hôtel très fréquenté.

       - Toi, quand tu parles de t'en aller, tu ne fais pas les choses à moitié ! plaisanta mon amie.

Là dessus, je ne pouvais qu'acquiescer. Mais ce n'était quand même pas de ma faute si le destin avait mis sur mon chemin trois stars de la musique ! Peut-être que pour compenser, mon karma s'était d'un coup transformé en une chance insensée... 

       - Comment tu vas ? osai-je lui demander 

J'attendis la réponse avec angoisse, me félicitant au passage de n'avoir presque rien avalé. Un repas trop copieux n'aurait pas pu passer.   

      - Plutôt bien... 

Je décelai cependant une certaine crainte dans sa voix

       - Il n'a pas... 

Des clients de l'hôtel passèrent près de moi. Je me serrai un peu plus contre le combiné et posai enfin le reste de ma question, toujours aux aguets. 

       - Il n'a pas levé le main sur toi ? 
       - Non.. souffla mon amie. Mais il a retourné la chambre et renversé ton lit.

Excès de colère typique. Cela aurait pu être bien pire, Abbie en convint autant que moi. Soudain, je la sentis se crisper.  

Take a breathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant