Le lendemain, Drago attend Granger dans la pénombre de son arrière-boutique. Pour la première fois depuis des années, il a ouvert grand les fenêtres, aérant l'atmosphère, permettant à la lumière du soleil de profaner les lieux. Il s'attendait à l'agression des bruits de la rue, mais non. Pas de circulation, pas de bavardages des passants, pas de courant d'air sur sa peau. Rien qui ne lui soit perceptible. Il a refermé les fenêtres au bout de quelques instants, rassuré par l'opacité de ses rideaux en velours. Depuis, les minutes s'écoulent.
Il est plus de midi. Granger est en retard, ce qui ne lui était jamais arrivé en trois mois. Enfoncé dans son fauteuil capitonné, Drago se repasse en boucle les événements de la soirée. Il a beau avoir bu plus que son saoul hier soir, il se souvient parfaitement de son arrivée à l'hôpital. De Granger, de la Pensine, et de la discussion qui s'en est suivie. Il sait qu'il s'est montré dur avec elle, et il s'en veut. En y réfléchissant, il avait simplement passé une soirée de merde, et il avait un peu relâché la pression sur elle. Ça, et ses théories farfelues sur sa prétendue insensibilité...
— Je t'en foutrais, de l'insensibilité, murmure Drago pour lui-même. Si j'étais vraiment insensible, je ne m'inquiéterais pas pour toi.
Drago attend une heure. Puis deux. Sur le coup de quinze heures, il prend son manteau et transplane à Sainte-Mangouste.
— Je voudrais voir le Mage Granger, dit-il à l'agent d'accueil, un vieux sorcier dont les sourcils froncés ne laissent guère de doute : il l'a reconnu au premier coup d'œil.
— Et qu'est-ce que vous lui voulez ? crache l'homme en jetant un coup d'œil à l'armoire à glace chargée de la sécurité.
— Nous avions rendez-vous, répond posément Drago. Elle n'est pas venue.
— Elle n'est pas de service aujourd'hui, postillonne l'agent. Elle était de garde toute la nuit.
— Vous savez où je pourrais la joindre ?
— Même si je le savais, ce n'est pas à vous que je le dirais.
Drago recule. Il est habitué à ce genre d'attitude à son égard. Pourtant aujourd'hui, cela lui fait l'effet d'un coup de poing en plein visage :
— Je vois, dit-il malgré tout. Merci pour votre aide.
Il sent le regard du garde peser sur sa nuque. Il n'est pas le seul : toutes les personnes assises à l'accueil le dévisagent, et déjà la rumeur enfle. Drago se passe une main sur le visage :
— Vous pouvez m'indiquer les toilettes, s'il-vous-plaît ?
Le vieux sorcier renifle bruyamment :
— Si j'étais vous, je rentrerais chez moi pour y aller.
Drago ne s'avoue pas vaincu. Pas aujourd'hui. Il n'a pas obtenu de réponses, il ne sait toujours pas où est Granger, et il refuse de s'incliner devant ces abrutis :
— Très bien, je trouverai moi-même.
— Monsieur !
L'agent de sécurité le rattrape alors qu'il s'enfonce dans le dédale de couloirs :
— Monsieur, vous ne pouvez pas rester ici.
— Je vais juste aux toilettes, j'en ai pour une minute.
— Monsieur, je ne peux pas vous laisser vous promener seul dans les couloirs.
— Ah bon ? Vous accompagnez tous les visiteurs qui franchissent cette porte ?
— Monsieur Malefoy...
— Accompagnez-moi alors, s'il n'y a que ça pour vous rassurer.
— Je me dois d'insister.

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Perfect Sense (Dramione)
FanfictionA 27 ans, Drago Malefoy souffre d'une étrange maladie qui lui dérobe ses sens, l'un après l'autre, inéluctablement. Tandis qu'il s'enfonce de plus en plus dans la nuit, Hermione Granger, Médicomage, tente de lui venir en aide.