Le week-end finit par s'achever, quelque part entre la seconde et l'infini. Hermione et Drago auraient peut-être préféré rester dans cette cave pour toujours. Mais ils se sont promis d'apprendre à revivre ensemble, alors, le matin venu, ils se doivent d'essayer.
Hermione rentre chez elle après un dernier baiser. Elle transplane devant sa porte d'entrée, et passe plusieurs secondes à écouter, l'oreille tendue, guettant le moindre signe de la présence de Ron. Une boule palpite dans son ventre à la seule idée de devoir l'affronter si tôt. Mais au bout d'un moment, elle finit par se convaincre que personne ne l'attend, alors elle ouvre la porte et trouve simplement une feuille de papier pliée, glissée sous sa porte. Elle reconnaît immédiatement l'écriture un peu brouillonne de Ron. Il n'a écrit que quelques mots, mais cela suffit pour que son cœur se serre.
« Ecris-moi quand tu seras prête. »
Hermione froisse fort la lettre entre ses mains, les joues brûlantes de culpabilité, mais elle se force à penser à Drago, à ces instants si vrais et si forts qu'ils ont vécus ensemble à peine quelques minutes plus tôt, et elle admet finalement que oui, elle a fait le bon choix, aussi malheureux cela soit-il pour Ron.
Elle abandonne la feuille sur la table basse du salon et se dirige vers la salle de bain. L'eau de la douche lui paraît étonnamment chaude sur sa peau, après l'atmosphère humide de la cave de Drago. Pendant quelques minutes, Hermione s'abandonne totalement à cette sensation qui lui permet de se vider l'esprit, de ne plus penser à rien d'autre qu'à la quiétude qu'elle ressent. Elle se demande si un jour, Drago sera capable de retrouver de telles sensations, lui aussi. Avec elle...
Elle n'arrive décidément pas à le chasser de ses pensées. Chassant la buée qui obture son miroir, Hermione contemple un bref instant son reflet nu, à la lueur du petit jour. Son image la trouble. Peut-être est-ce simplement la chaleur qui a rendu des couleurs à ses lèvres et à ses joues, mais cela fait bien des années qu'elle ne s'est pas trouvée aussi vivante. Aussi jeune. Elle reconnaît enfin ses vingt-huit ans. Dire qu'en pensée, elle a l'impression d'avoir vécu beaucoup, beaucoup plus longtemps...
Cela se ressent un peu, dans les petites rides discrètes qui cherchent à se creuser un chemin au coin de ses yeux. Mais ce matin, ses prunelles brunes et lumineuses irradient de mille feux, éclipsant tout le reste. Il lui suffit de penser au corps de Drago enroulé au sien pour qu'une myriade de petits frissons hérissent sa peau, électrisent ses sens, et pour qu'un sang rouge et vivifiant ne vienne tonifier son visage une nouvelle fois. Ainsi, la légende disait-elle vrai ? Être éprise vous rend belle, plus belle que vous ne l'auriez jamais imaginé.
Secouant la tête, Hermione maudit sa distraction, sans toutefois avoir vraiment le courage de se la reprocher. Elle se sent d'humeur indulgente, ce matin. Elle se sent adolescente. Elle retrouve avec une sorte d'émerveillement stupéfait l'insouciance et la passion qu'elle pouvait ressentir à l'aube de ses seize ans, lorsque la guerre n'avait pas encore étendu son emprise sur le monde, et que ses parents étaient toujours eux-mêmes. Dire qu'à l'époque, elle ressentait tout cela pour Ron...
A nouveau, la culpabilité revient en flèche, et Hermione se prend la tête entre les mains. Une tempête se débat dans son cœur : un mélange de félicité absolue et de remords, qui ne se marie pas bien ensemble. Il faut qu'elle affronte Ron. C'est la bonne chose à faire, aussi bien pour lui que pour elle. Peut-être est-ce un acte égoïste de sa part, peut-être n'en ressent-elle le besoin que pour sa propre tranquillité d'esprit... Mais peu importe. Elle ne peut rester ainsi entre deux feux, entre deux hommes. Au nom de tout ce qu'ils ont traversé ensemble, elle lui doit bien une conclusion...
La jeune femme soupire. Du bout de sa baguette, elle sèche ses cheveux et les discipline en boucles bien nettes. Il y a bien longtemps que la petite fille aux cheveux hirsutes de Poudlard a disparu. Quelques fois, elle aimerait bien la retrouver... Sa vie était plus simple, à l'époque. Lorsque son principal problème était de maîtriser son indomptable crinière.

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Perfect Sense (Dramione)
Hayran KurguA 27 ans, Drago Malefoy souffre d'une étrange maladie qui lui dérobe ses sens, l'un après l'autre, inéluctablement. Tandis qu'il s'enfonce de plus en plus dans la nuit, Hermione Granger, Médicomage, tente de lui venir en aide.