Epilogue

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Bonjour amis lecteurs, 

Comme annoncé précédemment, ce chapitre sera le dernier : j'espère sincèrement qu'il vous plaira. Et pour les plus curieux d'entre vous, rendez-vous en bas pour une grande annonce ;D

Bonne lecture, 

Nat'

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Le bruit d'une goutte d'eau contre de la pierre mouillée. Le baiser glacé d'un vent froid contre une chair dénudée. L'odeur de l'ancien, du minéral, de l'océan salé et de la tristesse, plus salée encore. C'est peu de choses, en fin de compte. La vie. Et c'est aussi tellement.

Cela fait longtemps que Drago ne s'attache plus à des choses aussi futiles que le passage du temps, ou l'identification d'un lieu. Pourtant à cet instant, Drago fait l'effort. Il se concentre, peut-être quelques secondes, pas plus. Pour capter ces moments fugaces qui se fraient doucement un chemin dans son horizon. L'éclat du soleil le matin. Différent de celui du soir. L'odeur du pain grillé au réveil, et celle de la soupe chaude au coucher. Le son régulier, rassurant, inarrêtable des vagues, qui le berce, l'irrite ou l'inspire selon les circonstances. Autant d'émotions qui se raniment en lui comme des nouveau-nés, hurlant à pleins poumons leur désir de vivre, leur soif de découverte, leur terreur et leur volonté vorace de dévorer le monde, d'en absorber jusqu'à la moindre goutte. Tout ceci remonte à tellement loin pour lui que Drago a presque l'impression d'effectuer ainsi le travail d'un archéologue. Exhumant une civilisation exotique et inconnue, perdue aussi bien dans l'espace que dans le temps. Il déterre les vestiges de sa vie, de son être, comme on met au jour des trésors précieux, des reflets d'or et de lapis-lazuli à la lueur tremblotante d'une bougie, dans le secret de quelque pharaon oublié depuis des siècles immémoriaux...

Drago fait l'effort. À quel point, pour combien de temps, il ne se pose plus la question. La décision s'est scellée en lui au seuil de son passage à l'autre monde, et quelque part, c'est comme s'il s'agissait du signal que son corps avait toujours attendu depuis si longtemps. Le levier, l'élément déclencheur, enfin, pour inverser l'emprise qui s'était lentement refermée sur lui pendant toutes ces années, et le ramener doucement vers la surface...

Cela n'avait pas été facile, bien sûr. Et ça ne le serait sans doute pas pendant encore très longtemps. Toute naissance réclame de la souffrance et du sang, après tout. Elle peut même être fatale, parfois. Mais Drago fait l'effort. La résolution s'est ancrée en lui et s'agrippe, remplit ses membres et son esprit de cette pensée unique : il doit essayer. Il doit tenir. S'accrocher, endurer, continuer. Encore. Saisir chaque redécouverte comme un cadeau et en extraire toute la substantifique moelle de la vie. Accepter de reconnaître la beauté là où personne d'autre ne songerait à la chercher : le ballet d'une araignée construisant lentement sa toile, dans un coin de sa cellule. Les reflets aux allures de diamant qui s'accrochent à ce fin réseau de filaments entrecroisés, lorsque la rosée du matin bourgeonne. L'humanité de ce gardien d'Azkaban, qui prend toujours la peine de lui dire « Bonjour, Monsieur Malefoy, comment allez-vous aujourd'hui ? », lorsqu'il entre dans sa cellule, alors que Drago n'a jamais été en mesure de lui répondre au cours de ces deux dernières années.

Depuis quelque temps maintenant, Drago s'efforce d'articuler un « Merci ». Il ne saurait dire exactement depuis quand il s'y essaye. Mais c'est son objectif. Son esprit reste focalisé là-dessus, comme son araignée sur sa toile. Il fait l'effort. Dans l'univers réduit que son cerveau atrophié tente péniblement de reconquérir, c'est tout ce qui compte.

Un jour, la lettre « M » franchit ses lèvres. C'est une victoire sans prix, sans forme, mais porteuse d'une joie tellement intense qu'elle plonge Drago dans l'inconscience totale pendant plusieurs heures. À son réveil, il revit tout une seconde fois. Le mouvement des lèvres, l'air vibrant contre ses cordes vocables, le son de sa voix, éteinte depuis si longtemps, le réflexe des muscles de son visage qui se contractent pour sculpter la consonne, comme pour tailler directement dans le vide et y donner un sens... C'est ça, la vie. Ce petit « M » qui lui ouvre l'univers des possibles. L'univers des « Je t'aiMe ». L'univers d'HerMione.

Perfect Sense (Dramione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant