16 - Santa Monica

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-Sors de là.

J'obéis sans rechigner et m'extirpais par la portière qu'il venait d'ouvrir. Aussitôt dehors, Tyron m'attrapa par le bras pour m'empêcher de fuir, mais j'étais bien trop occupée à regarder autour de moi pour cela. Mes yeux s'arrêtèrent sur un panneau éclairé de quelques ampoules clignotantes. Ma bouche s'entrouvrit de tant d'audace de la part des bandits, et j'écarquillai les yeux.

-On est...

-A Santa Monica, oui.

Comme son nom ne l'indiquait pas, Santa Monica n'était pas le nom de la plage de notre ville. Nous n'avions même pas de plage ici, ni de beaux surfeurs américains qui frimaient sur les vagues, et encore moi de blondasses en bikini bronzées jusqu'aux os. Et, qu'on se le dise, nous n'avions pas atterris aux États-Unis en si peu de temps.

Non. Santa Monica était un hôtel dans la périphérie de la ville. Un hôtel, bordel ! J'aurais voulu savoir à quel moment un bandit recherché par la police de tout l'état décidait de s'arrêter dans un hôtel. Et aussi, comment avait-il réussi à demander une chambre sans que la réceptionniste ne saute sur le téléphone.

L'hypothèse d'un meurtre était invraisemblable. Loin d'être dans la tête de Tyron, je savais qu'il cherchait à être discret. Or, tuer une réceptionniste dans un hôtel sans doute bondé de monde était le contraire de ce que j'appelais discrétion. Et il ne pouvait qu'être d'accord avec moi.

Tyron me coupa de mes pensées en me tirant à l'arrière de la voiture. Il ouvrit le coffre d'une main et en sortis les sacs noirs comportant leurs affaires, qu'il me fourra dans les bras. Je ne dis rien et le laissait faire. Il referma le coffre le plus naturellement du monde, sa main toujours refermée sur mon bras. Il verrouilla la voiture, avant de me tirer vers l'hôtel. Je n'eus même pas le courage de résister et me laissais faire. Alors que nous approchions, je sentis le métal froid de l'arme de Tyron contre mon cou. Mon cur loupa un battement. Je ne l'avais même pas vu la sortir.

-Écoute bien, murmura-t-il à mon oreille. Tu n'es pas stupide, tu sais qu'il y a des gens ici. Aussi je te mets en garde. Au moindre cri ou comportement suspect, tu peux faire ta dernière prière. Tu n'es pas sans savoir que j'ai la gâchette facile.

En effet, je le savais plutôt bien. Aussi, le dos raide, je me contentai de continuer à avancer sans rien dire. Que faire de plus qu'acquiescer ? Je n'étais clairement pas en mesure de rechigner. Il me fit monter quelques marches que je faillis ne pas voir dans la nuit. L'hôtel de Santa Monica avait un gros avantage pour les deux bandits : Il s'étalait sur la longueur avec de petits îlots isolés de plusieurs chambres séparées. Ce qui signifiait qu'il n'y avait pas besoin de passer devant l'accueil pour accéder aux chambres. Il était donc facile de ne pas se faire remarquer, ce qui avait sans doute arrêté le choix de Tyron.

Mais la question de la clé restait un vrai mystère. Le meurtrier me poussa le long d'un couloir en bois, avant de me faire arrêter devant une porte, d'où sortait de la lumière. Il l'ouvrit, me poussa à l'intérieur et referma derrière moi. J'entendis la clé faire un double tour dans la serrure, m'enfermant à nouveaux avec mes ravisseurs. Je me frottai le bras en grimaçant et regardait autour de moi.

La chambre était assez spacieuse. Un grand lit double en prenait presque toute la place, entouré d'une table, d'armoires, d'un frigo et d'une porte menant sans doute à ce qui devait être une salle de bain. Sur le lit était étendu James qui gémissait, tordu en deux par la douleur.
Je lâchai les sacs par terre, et jetai un regard interrogateur à Tyron, qui était resté derrière moi. Le visage fermé, il me fixa un instant :

-On peut savoir ce que tu attends ? Que mon frère crève sur ce lit peut-être ?

Je secouai vivement la tête et m'approchait du lit. J'entendis Tyron rengainer son arme, puis il m'amena un des sacs qu'il vida sur le lit. Je reconnus les affaires médicales qu'il avait volé, et qui m'avaient déjà servies deux fois pour son frère. Je retroussai les manches et posai les mains sur James, qui tressaillit en se crispant. Mais, ainsi tordu en deux, je ne pouvais même pas approcher sa blessure. Je pinçai les lèvres et levait à nouveau les yeux vers Tyron.

Celui-ci sembla comprendre et posa une main sur l'épaule de son frère. Il se pencha à son oreille, lui chuchota des mots que je ne pus comprendre, mais qui semblèrent être efficace. En geignant, James se retourna sur le dos et écarta les bras de son tee-shirt ensanglanté. Je dégageai délicatement le tissu, dévoilant la plaie infectée. Je ne pus retenir une grimace. Ce n'était franchement pas beau à voir. La coupure qui s'étendait sur son ventre était rouge, la peau était boursoufflée, entourée de pus verdâtre.

Tyron se détourna avec un air qui devait refléter le mien, mais je le retiens d'une main. Il s'arrêta et fronça les sourcils, mais le médecin en moi avait repris les commandes. Il n'était plus question d'avoir peur quand une vie était en jeu.

-Va me chercher une bassine d'eau et un chiffon. Il faut également que tu désinfectes les outils. Et passes moi une bouteille d'alcool.

Peu importe à quel point Tyron devait détester se faire commander, il eut l'intelligence d'obéir en voyant l'état de son frère et disparut dans la salle de bain. Personnellement, je ne pensais même pas à essayer de fuir, bien trop préoccupée par mon patient. James battit des paupières et agrippa les draps en grognant entre ses lèvres :

-J'ai tellement mal...

-Je sais. Ça va bien se passer. C'est bientôt fini.

En vérité, j'avais horreur de voir des gens aussi mal que l'était actuellement James. C'est pour cela que je voulais devenir médecin. Je ne pouvais assurément pas sauver la terre entière. Mais si, grâce à moi, seulement quelques individus sur terre survivaient, ça me suffisait. Je n'aurais pas été ici en vain, j'aurais pu améliorer les conditions d'existence d'au moins une personne. Et ça, ça valait tous les métiers du monde.

Tyron revint, une bassine bleue remplie d'eau chaude entre les mains alors que j'étais en train de découper le reste de tee-shirt de son frère. Je jetais le morceau de tissu sale à terre et Tyron, sans rien dire, posa une bouteille d'alcool à mes côtés avant de prendre mes quelques outils médicaux et de retourner dans la salle de bain. J'attrapai le chiffon, le plongeai dans l'eau avant de l'appuyer doucement contre le ventre du bandit, contournant la blessure. Une fois la zone un peu plus claire, j'attrapai la bouteille - un bourbon à 45 % d'alcool et en imbibais le tissu. Bon, s'il n'y avait que ça. Je m'apprêtais à l'appliquer sur la blessure infectée quand Tyron m'arrêta d'une main :

-Attends.

Il me tendit un morceau de bois, dont j'ignorais la provenance. Étant étrangement sur la même longueur d'onde, je l'attrapai et le glissai entre les dents de James. Celui-ci resserra la bouche dessus en lançant un long regard effrayé à son frère qui montrait à quel point il avait peur de l'issue de cette opération, mais aussi un regard empli d'amour qui me fit détourner les yeux.

Je posai mon regard sur la bouteille d'alcool dans mes mains, me sentant bizarrement de trop. Ce qui était troublant, étant donné que j'étais ici contre mon gré. Alors que le silence s'étendait, je toussotais. Tyron détourna les yeux de son frère pour les planter dans les miens, et il hocha la tête. Super, j'avais l'accord du grand manitou. Celui-ci même se leva et partis près de la fenêtre. Me reconcentrant, j'interrogeai James du regard.

Les traits tirés par la douleur, il hocha à son tour la tête. Je versai alors une bonne rasade d'alcool sur sa blessure. Certes, ce n'était pas très réglementaire, et mes profs me tueraient sans doute pour ça. Mais je n'avais pas vraiment d'autres solutions pour le moment. Le corps entier de James se crispa et ses dents se serrèrent violemment contre le morceau de bois. Il serra les yeux, les poings, lâcha un long gémissement de douleur. Je reposai la bouteille et me penchai sur son ventre.

Il allait bientôt être question de vie ou de mort.

Bonjour à tous, comment allez-vous aujourd'hui, en ce début de week-end ensoleillé ? 😊🌞☀

Pour ma part, ça roule. J'essaie de m'activer dans l'écriture pour ne pas vous faire aux-bond, alors on verra bien si j'arrive à tenir le rythme. 😆
Bon, que pensez-vous de ce chapitre ?

J'ai l'impression qu'il ne s'y passe pas grand chose... 🤔Vous trouvez que je m'étale trop ? Que je devrais accélérer les choses ? 🙄

Autre question, que pensez vous de l'attitude de Morgane ? Selon vous, devrait-elle soigner James ou non ?

Bon et bien je vous laisse, et à mercredi avec un peu de chance 😆😊

Biz😘

Mémoire en CavaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant