J'emmenais Tyron hors de la bijouterie de luxe. Le vent glacial me fit un bien fou, et j'eus l'impression de respirer pour la première fois depuis que j'étais entré dans ce magasin. Bientôt, Tyron récupéra mon bras d'une poigne de fer et me tira, me faisant slalomer entre les passants, silencieux. Puis il se pencha vers moi :
- Tu as repéré tout ce que je t'ai demandé ?
- Heu... oui, enfin je crois.
- Combien de caméras ?
- Cinq. Deux à l'entrée, une derrière la caisse, une au fond du magasin et une dans l'arrière-boutique.
- Les angles morts ?
- Heu...
L'exercice était bien plus dur que je ne le croyais.
- Près du mur de gauche. Entre les deux armoires vitrées. Et juste à droite de la caisse.
- Le numéro du cadenas ? Celui de la caisse ?
- 2952. Et heu... je ne sais pas. 57 quelque chose je crois.
Il fronça les sourcils, comme si le simple fait de ne pas savoir était une injure. Il ne me lâchait pas, quittant peu à peu le centre de la ville et la population.
- Les agents de surveillance ? Leurs armes ? Le nombre de sortie ? La position de la caisse ? Les armoires comportant le plus de...
- Je ne suis pas une machine, merde ! m'exclamai-je en me libérant de sa poigne.
C'était sorti tout seule. Je m'étais arrêtée au beau milieu de l'allée, devant des passants qui me regardaient bizarrement. J'avais envie de crier au monde entier d'aller se faire voir, en commençant par Tyron qui me regardait, partagé entre la surprise et la colère. Ce fut cette dernière qui l'emporta quand il souffla :
- Freeman si tu...
- Quoi, Freeman ? m'écriai-je sans pouvoir me retenir. J'ai un prénom je te signale ! Et puis merde, j'ai tout enduré sans rien dire. Alors oui, je peux te dire que les chaussures de la caissière était rouge bordeaux, que ce client derrière nous avait le troisième bouton de sa chemise défait ou encore que ce collier que tu vas voler est certi de 39 diamants. 39 putains de diamants ! Alors maintenant...
Je n'eus pas le temps de finir que Tyron me tira violemment dans une ruelle sombre, sous les yeux intrigués des quelques passants qui levaient la tête de leurs téléphones. Nul doute que mes propos risquaient de bientôt les alarmer. Le bandit me plaqua contre le mur le plus proche, sa main enserra mon cou, et il planta son regard dans le mien. Il paraissait furieux, vraiment furieux. Mais je l'étais aussi, c'était si dur à comprendre ? Je l'étais en fait depuis le départ, mais la peur était bien trop forte pour me laisser exprimer une once de colère.Jusque maintenant.
J'étais furieuse que, alors que je commençais tout juste à trouver un équilibre dans ma vie, tout s'effondre. J'étais furieuse que je doive perdre le peu de gens qui m'étaient proche. J'étais furieuse d'avoir tant de morts sur la conscience, et d'avoir le poids du monde sur les épaules. Toute ma vie n'avait été qu'un gigantesque échec, un purgatoire, un enfer. Mais pourtant, il en fallait encore. Pourtant, il fallait qu'on me force à devenir une criminelle ! Et maintenant, il fallait également que je sois gentille, douce, et que j'obéisse sans rien dire ?
Mais quand est-ce que j'aurais enfin le contrôle de ma vie ?!
- Tu veux mourir, Morgane ? grogna mon ravisseur près de mon oreille.
Bizarrement, Tyon avait employé mon prénom, cette fois-ci. Comme si ma remarque l'avait fait réagir. Son visage crispé n'était qu'à quelques centimètres du mien, et sa main serrait toujours mon cou. Je plantai mon regard dans le sien et j'eus l'impression pendant un moment que toute ma peur était restée avec ce collier, enfermé dans une armoire à double tour.
- Peut-être bien, oui ! lui crachai-je au visage. Qu'est-ce que ça changerait au juste ? Vas-y Tyron, tues-moi ! C'est tout ce que tu sais faire de toute façon. Menacer, blesser, tuer. Et rebelote, c'est reparti pour un tour. Merde, vous n'avez pas le droit de m'imposer ça ! Je n'ai rien demandé ! Je veux juste qu'on me foute la paix et si pour ça je dois mourir alors vas-y, tues-moi !
- Qu'est-ce que tu as fais avec la caissière dans l'arrière-boutique ?
Je fronçai les sourcils tandis que ma gorge commençait à manquer d'air. Ce n'était pas la question, ou alors j'avais raté un épisode. Il desserra légèrement sa prise, et il ne m'en fallut pas plus pour repartir :
- Je sais pas, je suis allé prendre le thé. Ou peut-être que j'ai essayé de négocier pour le prix de ce collier. Mais à ton avis ? J'essayais de sauver ma vie du dangereux psychopathe que tu es !
- Pourquoi es-tu revenue alors ?
- J'en sais rien, putain !
Je n'avais jamais été aussi vulgaire de toute ma vie que pendant ces cinq dernières minutes.
Il y eut un moment de silence absolu où nos regards ne se quittèrent pas. Une toute petite pointe d'appréhension vint percer ma bulle de colère. Je venais presque clairement de lui avouer que j'avais indirectement appelé la police. Et pourtant, il n'était plus en train de m'étrangler, mais de me sonder. Ses yeux émeraudes parcouraient les miens avec intensité, tandis que tous les bruits autour de nous s'atténuaient. Ma respiration s'accéléra. Je sentais qu'il préparait un mauvais coup. Pourtant, il se contenta de me lâcher et de reculer d'un pas.
Je repris une longue inspiration, une fois sur mes jambes flageolantes. Traître corps ! Il retranscrivait toute la peur que je pensais avoir évacuée. Je relevai les yeux vers Tyron et son visage grave.
- Je ne suis pas un psychopathe, finit-il par lâcher.
J'eus un hoquet de surprise. Je le toisai, pour m'apercevoir qu'il semblait plus sérieux que jamais. Un léger rire sarcastique (et nerveux, il fallait l'avouer) s'empara de moi et j'arquai un sourcil.
- C'est vrai, tu n'es pas un psychopathe. C'est un trop faible euphémisme. T'es un malade, un fou, un sadique et un meurtrier. Ça te va comme ça ?
Il plissa les yeux, puis sortis son arme de sous sa veste. Mes yeux s'écarquillèrent et je reculai contre le mur, le cur battant. Tyron secoue doucement la tête :
- Attends Tyron, ne...
- Et toi, Freeman, tu parles beaucoup trop, me coupa-t-il d'un air faussement navré.
Sans que je n'aie le temps de même envisager d'appeler à l'aide, Tyron bondis vers moi, retourna son arme et abatis la crosse sur mon crâne, à un endroit qui devait être stratégique puisque je m'effondrais aussitôt au sol. Le dernier bruit qui me parvint fut le lointain son d'une sirène de police, avant que je ne tombe dans les méandres de l'inconscient.
Et voilà pour mes lecteurs préférés. Je suis épuisée, il est 22h30, je veux dooooormir. Mais j'avais trop envie de vous poster un chapitre 😍😘
Pour votre gouverne, j'avais pas du tout prévu ( mais alors vraiment pas ) de faire péter un câble à notre petite Morgane. J'ai l'impression qu'elle ne demande pas toujours mon avis avant d'agir. Et, en tant qu'auteur, c'est très dérangeant d'avoir un personnage hors de contrôle. 😅😆
Bon alors, qu'en avez-vous pensé ? Ce qu'elle dit, ce qu'elle pense ?
Elle a bien fais de s'énerver ? Ou alors était-ce une erreur ? Tous les avis comptent. 😄Aussi, n'hésitez pas à me dire au niveau de la cohérence des personnages. Parce qu'avec ce bipolaire de Tyron, j'ai vraiment l'impression de jouer au chaud et au froid avec lui, ça me trouble. 😅🤣
Enfin bon voilà. Je suis aussi perdue que vous dans cette histoire, désolé.
Bon sinon, vu que je suis ( enfin !) en vacances, je risque de poster un peu à tout va ces deux prochaines semaines, alors tenez-vous prêts 😏😏
Sinon, je suis toujours ouverte à vos propositions sur l'avancée de l'histoire et la suite des évenements. Toutes les théories sont intéressante, et chacun de vos commentaire façonne mon histoire à sa façon. Alors manifestez-vous, vous êtes autant l'écrivain que moi.😎😘
Biz à vous et bonne nuit. 😍😍😘
PS : J'avais oublié de poster un chapitre. Il s'appelle Hypermnésique et c'est deux chapitres avant, vérifiez que vous l'avez bien lu ^^
VOUS LISEZ
Mémoire en Cavale
ActionLa mémoire est un drôle de phénomène. Défaillante pour certains, pour d'autres elle est bien trop puissante. C'est le cas de Morgane Freeman, atteinte d'hypermnésie : un syndrome rare qui lui permet de se rappeler absolument chaque instant de son ex...