58 - Pluie + vent + vide = ?

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Tyron attrapa ma main et nous coururent tous les deux le long du couloir, sortant de la cave lugubre. Nous grimpâmes les escaliers en silence, main dans la main, et arrivâmes dans le hall de l'immeuble désaffecté. Les lieux étaient sales, peu lumineux, et la porte d'entrée était grande ouverte, me glaçant les os par le même coup. Dehors, le temps était orageux, mais tout était toujours mieux que rester ici. Alors que nous y avancions, nous nous stoppèrent tous deux à un bruit si caractéristique des ennuis : une sirène de police. J'ouvris de grands yeux. Cet enfer ne serait jamais fini ?!

Lentement, Tyron recula en me tirant à sa suite, les yeux écarquillés d'effrois. Je pus tout juste voir arriver trois voitures de police que Tyron m'entraina en jurant dans les escaliers de service, vers les étages supérieurs. Essoufflée, je le suivis en courant, montant chaque marche en gémissant.

- Comment... soufflais-je difficilement. Comment ils ont su ?

- Il devait encore avoir un coup d'avance. Il a dû les appeler en sentant les ennuis arriver. Merde !

Il me tirait sans s'arrêter et je suivis tant bien que mal le rythme au fur et à mesure des étages. Finalement, nous arrivâmes face à une porte grise pourvue d'un panneau interdisant l'accès. Tyron la poussa d'un coup d'épaule, et nous fûmes accueillis par un violent courant d'air froid et une pluie tonitruante. J'ouvris de grands yeux en voyant où nous étions. Le toit de l'immeuble.

- Putain ! jurais-je dans ma barbe.

Devais-je rappeler que j'étais seulement vêtue d'un tee-shirt et d'un short ? Un short, bordel ! En plein hiver, sous la pluie. Le ciel au-dessus de nous était d'un gris foncé, déchargeant des tonnes d'eau sur la terre. Tyron me tira néanmoins à l'extérieur, refermant la porte derrière nous, avant de poser les yeux sur moi. Il était déjà trempé, ses cheveux châtains dégoulinant sur son cou et cachant une partie de son visage.

- Il faut qu'on se sorte de là, affirma-t-il avant de froncer les sourcils en me regardant. Je... Tu as froid ?

Je lui lançais un regard désabusé. Non mon gars, températures tropicales ici. Franchement, j'ai même peur d'attraper un coup de soleil. Mes cheveux étaient trempés, mes quelques vêtements me collaient au corps et j'étais complètement glacée jusqu'aux os. Sans réfléchir, Tyron enleva sa veste et me la passa autour des épaules avec un sourire rapide. Je la serrais contre moi avec un soulagement perceptible, et le remerciais d'un léger sourire. Tyron fit quelques pas en direction du bord du toit, jetant des regards en dessous. Moi, je restais près de la porte d'entrée, figée. Du vide, partout autour de moi. Et beaucoup de vent. Et de la pluie. J'avais beau ne pas être très forte en maths, je savais que vide + vent + pluie était souvent égal à une chute mortelle. J'avais envie de vomir.

- On va passer par là ! s'exclama Tyron en désignant le vide. Il y a une gouttière. Il suffit de se laisser glisser.

J'écarquillai les yeux, incapable de faire le moindre mouvement. Il ne voulait pas réellement me faire faire ça ?! Tyron fit demi-tour et vint me chercher puis me tira jusqu'au bord. Je secouai la tête et enfonçai mes talons à un mètre du vide, près de la crise de panique.

- Tyron, je dois te dire quelque chose, criais-je pour me faire entendre par-dessus la pluie.

- Pas le moment ! Attends qu'on soit sortis de là. Tu veux descendre en première ou alors...

- Tyron ! J'ai le vertige. Je ne peux pas faire ça.

Il s'immobilisa et se retourna vers moi, l'air de se demander si j'étais sérieuse. Je baissais les yeux, tremblante. La pluie rajoutait une dimension tragique à la scène, et n'aidait en rien à calmer mon état. Je vis le bandit en face de moi serrer les poings.

Mémoire en CavaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant