Le lendemain, ou ce que je supposais l'être, je fus réveillée par l'allumage des lumières dans le bunker. Je me redressais, gémissante, perdue, et geignait quand le lien à mon poignet m'empêcha tout autre mouvement, me rappelant mon statut de prisonnière. Je papillonnais des yeux à travers la pièce.
Tyron et James étaient déjà en mouvement, et j'eus l'impression qu'ils étaient réveillés depuis un moment. Le plus jeune des frères était assis à table, une poire à la main, et écrivait rapidement sur un tas de feuille à côté. James, lui, faisait des allers retours entre la bibliothèque et une table basse, mettant de nombreux livres de côté.
Vu l'aisance avec laquelle il se mouvait, il semblait avoir bien récupéré de sa blessure.Il me fallut encore un moment avant de comprendre ce qui me semblait si bizarre, et cela m'apparut comme une évidence. Cette nuit, et pour la première fois depuis longtemps, je n'avais pas fais de cauchemars. Je ne m'étais par réveillée en larmes au milieu de la nuit. Assommée par cet intense étalage d'émotions, j'avais dormi comme un bébé. Et bon dieu, ce que ça faisait du bien !
Comme s'il venait de se rendre compte de mon regard sur eux, Tyron redressa la tête, écartant sa poire de quelques centimètres de sa bouche. Une goutte de jus coula lentement le long de sa lèvre, et il l'essuya d'un mouvement rapide de la langue.
Mon souffle s'accéléra. Bon, ok, c'était loin d'être le moment idéal pour cela. Mais je vous met au défi de résister quand quelqu'un comme Tyron, les cheveux en bataille, vous fixe droit dans les yeux en faisant un tel geste. C'était très, très dur. Et le pire restait que le jeune homme ne semblait pas comprendre la raison de mon trouble.
Je détournai les yeux en rougissant, me maudissant. Comment pouvais-je diable penser à ça ?! Il avait essayé, et peut-être réussit, de tuer John. Mon meilleur ami. La gifle que je me donnais intérieurement remis mes neurones en place et, quand je relevai la tête vers Tyron, ce fut mes yeux furieux qu'il rencontra. Il se leva, et je tressaillis. Abandonnant sa poire à moitié mangée et son stylo, il avança jusque moi sans se presser.
Tyron se pencha à côté de mon lit, détacha mon lien puis me fit signe de me lever. J'obéis aussitôt, les jambes flageolantes. J'avais toujours un morceau de verre enfoncé dans la jambe mais, la nuit passée, ma merveilleuse idée ne semblait plus l'être tant que ça. Si j'avais fais un minimum attention à ne pas l'enfoncer dans une artère, ce qui aurait été mortel, je perdais du sang. Et si je pouvais éviter une hémorragie, ce serait merveilleux.
Tyron me poussa dans le dos jusque l'autre côté du paravent où se trouvait une douche, un lavabo et des toilettes. Je restai perplexe. On était dans un bunker enfoncé sous terre, comment faisait-il pour l'arrivée des eaux, et la sortie des déchets ? Je ne pris même pas la peine de poser mes questions, me doutant déjà de la non-réponse du bandit.
Tyron me laissa là, sans un mot, se contentant d'une légère moue. Cela signifiait-il que je puais ? Pour ma décharge, j'avais pris une douche il y a seulement 24 heures.
Il revint à peine une minute plus tard avec les vêtements que j'avais mis la veille, avant leur stupide déguisement, et je les attrapais avec soin tandis qu'il disparaissait à nouveau.Je fis au mieux ma toilette en un minimum de temps. Je passais de l'eau sur mes innombrables petites blessures, sur mon visage exténué, puis guettai autour de moi. J'entendais les garçons parler, de l'autre côté. Lentement, j'enlevai le bout de verre fiché dans ma jambe et qui me faisait un mal de chien. Vu le jean que je devais mettre, l'endroit n'était plus stratégique. Je posai le verre dégoulinant de sang sur le lavabo avant d'enlever mon tee-shirt pour l'appliquer sur ma cuisse.
Bizarrement, je faisais presque ça machinalement. La douleur semblait minime, par rapport au reste.
Une fois le sang essuyé, je m'habillais rapidement, et nettoyais le morceau de verre, avant de le glisser dans ma poche. Moins dangereux, et plus accessible. Une seconde après, James apparut de ce côté et je poussais un léger cri de surprise en ayant l'air de paraître naturelle. J'avais surtout l'impression d'être une gamine prise en flagrant délit.Pourtant, il ne semblait pas avoir remarqué quoi que ce soit. Il me fit un signe de tête :
- Bouge tes fesses, on s'en va.
Je le suivis sans protester, et l'inspectai du regard :
- Comment va ta blessure ?
- Ça va, répondit-il, légèrement surpris. J'ai connu pire.
Je ne pouvais pas en douter. Les douleurs physiques sont rarement les pires. Tyron était debout devant la table, sur laquelle était étendus au moins une vingtaine d'armes en tout genre : couteaux, pistolet, teaser, et même une mitrailleuse Sumitomo NTK-62, un modèle indien utilisé pendant la guerre froide. Je remerciai John de m'avoir fait jouer à Call Of Duty, car c'est de là que venait ma seule connaissance des armes.
Il y avait également un tas de munitions impressionnant. Il était évident de savoir d'où tout ça venait. « Il règle des affaires » avait répondu James quand je l'avais interrogé sur le départ de Tyron, dans la cabane. C'était pour ces armes que Tyron avait failli se faire attraper par les flics.Le bandit releva la tête et croisa mon regard. Il attrapa un pistolet sur le côté et me le tendis. Je restai un instant immobile, hallucinée. Je papillonnais du regard entre James et Tyron, mais tous deux semblaient très sérieux. Moi, je m'attendais à une mauvaise blague. J'étais leur otage, j'avais une envie évidente de me tirer d'ici, et ils me passaient une arme ? Voyant le regard insistant de Tyron, j'attrapai l'arme à feu d'une main tremblante, et le bandit arqua un sourcil :
- Ne te fais pas trop d'illusions, Freeman. Elle n'est pas chargée.
J'étais de plus en plus perdue, et James vint à ma rescousse :
- Le but est de faire croire à tout le monde que tu es avec nous. Alors sois convaincante, il en va de ta vie.
- Quoi ? Mais qu'est-ce que... ?
Ma voix s'étrangla dans ma gorge. Je venais de comprendre. Nous allions partir pour cambrioler cette bijouterie. Malgré tout, les flics, le type mystérieux, John, la vendeuse... les deux frères ne voulaient pas lâcher ce gros poisson. Et il y avait de fortes, fortes chances que ça finisse mal. Tyron et James s'équipèrent rapidement de plusieurs armes, et je dut me forcer à les couper :
- Est-ce que je pourrais pas... manger ?
Je rêvais d'un bon repas chaud, de tartiflettes, de pâtes à la carbonara, de choses bien grasses qui rempliraient mon estomac affamé. Les deux hommes avaient sans doute oublié que j'avais des besoins humains. Tyron fit une légère moue, attrapa une pomme dans son sac et me la jeta au visage. Je la réceptionnait précipitamment, quoiqu'un peu déçue. Il n'y avait rien de plus... consistant ?
Estimant qu'il valait toujours mieux que rien, je mangeais avidement ma pauvre pomme. Pourtant, je ne l'avais dévorée qu'à moitié que Tyron me la récupéra et la jeta dans la poubelle, sans se soucier de mon air abattu :
- On y va. Je t'expliquerai le plan en route, Freeman.
Et par cette simple phrase, je compris que c'était foutu pour moi.
J'étais devenue leur complice.
Hello everybody :) Como esta ? 😄
Bon, encore un nouveau chapitre. Certes, il ne s'y passe pas grand chose, mais comme vous l'avez compris, l'action va vite arriver. 😉😆
Alors, qu'imaginez-vous pour le premier cambriolage de Morgane ? De son arme ?
De Tyron et James, de ce qu'ils ont prévu ?
Normalement ( et je dis bien normalement) je publie le prochain chapitre demain. 😋
Kiss. 😘
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Mémoire en Cavale
ActionLa mémoire est un drôle de phénomène. Défaillante pour certains, pour d'autres elle est bien trop puissante. C'est le cas de Morgane Freeman, atteinte d'hypermnésie : un syndrome rare qui lui permet de se rappeler absolument chaque instant de son ex...