55 - Je me souviens

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A peine Ryder sortis en éteignant les lumières, je m'activais à essayer de tirer les ciseaux enfermés dans mon pantalon. L'affaire n'était pas facile, mes mains étant entravées dans mon dos. Il me fallut bien cinq minutes pour réussir à les sortir. Alors que je me réjouissais, j'entendis des pas dans le couloir. Ravalant un juron, je cachais à nouveau les ciseaux, juste au moment où Ryder entra.

En silence, il avança et me détacha, puis me fit à nouveau me lever. Nous retournâmes dans la salle de bain, où étaient désormais posés sur l'évier deux paquets de serviettes hygiéniques. Je pus en mettre une tandis qu'il gardait le dos tourné, avant qu'il ne me ramène à ma place, attachée sur ma chaise. Le tout avait duré peu longtemps, et s'était fait sans un seul mot échangé. Finalement, Ryder se posta à nouveau devant moi, assis sur sa chaise. Il fit craquer les articulations de ses doigts.

- Bien. Ce problème réglé, on va pouvoir passer aux choses sérieuses. Je t'avais promis trois choses, Lolita. La première, que je te retrouverais. C'est fait. La deuxième, que je te ferais regretter ce que tu as fait. Et la troisième, que je te réapprendrais à m'aimer.

Je fermais à moitié les yeux. Je ne savais laquelle de ces deux dernières phrases me faisait le plus peur. J'ignorais ce qu'il pouvait bien avoir en tête, mais je savais à coup sûr que ça ne me plairait pas. Vraiment pas.

- Étant donné que je vais avoir besoin de la présence de Thomas pour cette deuxième chose, on va tout de suite passer à la dernière en attendant qu'il arrive, si tu n'y vois pas d'inconvénient.

Je scrutai ses yeux en cherchant quelle idée tordue il avait en tête. D'un air totalement décontracté, il sortit un carnet de sa poche arrière, et l'ouvrit. Il croisa l'une de ses jambes sur l'autre, avant de feuilleter les pages d'un air concentré. Je fronçai les sourcils :

- Qu'est-ce que c'est ?

- Ça ? C'est ma mémoire à moi.

Je plissai les yeux. Qu'entendait-il par-là ? Il ne laissa pas le temps d'essayer de comprendre qu'il eut un sourire victorieux en pointant son doigt sur une page.

- Ah, c'est parfait pour commencer. Lolita, raconte-moi ce qu'il s'est passé le vingt-sept juin 2014.

Je compris aussitôt où il voulait en venir. Je fermais les yeux en secouant la tête, mettant toute ma force de concentration en essayant de ne pas me laisser emporter par le souvenir que Ryder voulait m'imposer. Je pris une longue respiration et rouvrit les yeux.

- Non, dédaignais-je. Je ne jouerai pas à ton jeu de sadique. Ma mémoire n'est pas un terrain de jeu, tu devrais le savoir.

Ryder se contenta de me sourire en plantant son regard dans le mien. Il se pencha, et posa une main sur mon genou.

- Il n'y a rien de sadique là-dedans, chérie. Je veux juste nous rappeler les meilleurs moments que nous avons passés ensemble. Si tu veux je commence. Le vingt-sept juin, nous étions partis à la plage et...

- Tu tenais... un carnet sur moi ?

Il leva les yeux des lignes qu'il était en train de lire. J'aperçus une écriture manuscrite, et mon nom répété plusieurs fois. Ryder ne perdis pas son sourire.

- Je te l'ai dit. On a pas tous la chance d'avoir une mémoire sur développée comme la tienne.

J'étais hallucinée. Il avait écrit chaque jour en ma compagnie dans ce carnet. J'en étais certaine. Chaque moment passé ensemble, chaque évènement, chaque sentiment. J'étais dégoutée, et avec l'impression de n'être rien d'autre qu'un rat de laboratoire pour lui. Je vis un éclat de colère passer dans ses yeux froids.

Mémoire en CavaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant