29 - Les yeux sont le miroir de l'âme

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- Merde, il perd trop de sang ! Braillais-je en relevant les yeux vers James. Il va mourir il faut faire quelque chose !

- C'est toi qui es médecin non ?! Sauve-le !

- Facile à dire ! Si tu pouvais récupérer tout le sang qu'il a perdu sur le parking, je pourrai faire quelque chose !

- Alors tu vas le laisser crever ?! Hurla à son tour James. C'est ce que tu veux ?

Nous nous défions en chien de faïence un moment et je secouai la tête :

- Non, soufflais-je. Bien sûr que non ! Je peux toujours essayer de recoudre la blessure et de reboucher les...

- Hé, les gars, vous pensez pas que vous en faites un peu trop ?

James et moi nous retournèrent en même temps, et nous foudroyèrent Tyron du regard. Les mains dans les poches, l'air blasé, il arqua un sourcil en nous dévisageant. Je baissai les yeux vers le corps inerte du chien qu'il avait éventré et secouai la tête :

- Il ne t'avait rien demandé ce chien ! Il était... tu n'aurais pas dû faire ça !

- Je suis d'accord avec la rousse, renchérit James en croisant les bras. J'ai accepté beaucoup de choses tu sais. Les vols, ok. Les meurtres ça peut toujours passer. Mais Tyron, éventrer un chien ?!

Je lançai un regard surpris à James. Il était d'accord avec moi ? Je reportai mon attention sur l'assassin de chien, et il haussa les épaules :

- Déjà, ce chien était blessé avant que je ne le touche. Et ensuite, il est en train de souffrir, d'agoniser, et tu ne le sauveras pas. Si tu veux l'aider, achève-le Morgane. Autrement, laisse-le se détruire à petit-feu.

Il planta son regard flamboyant dans le mien, et je secouai la tête :

- Je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas... ôter la vie. Pas même à un chien mourant.

Il hocha. Bien évidemment, il le savait. Sans hésiter, il sortit son arme et tira un coup de feu. La balle vint se loger dans le crâne du chien qui cessa aussitôt de bouger. Je pâli, tandis que James détournait les yeux en grimaçant. Ça ne semblait pas lui faire plus plaisir qu'à moi.

J'étais perdue, tout allait trop vite. J'ignorais pourquoi je n'avais pas tué Tyron. Outre mon aversion envers le fait d'ôter une vie, j'avais l'impression que... qu'il ne le méritait pas.

« - Alors, on ne dit plus rien ?

J'avais cloué le bec aux deux bandits, c'était évident. Pour une fois, Tyron semblait ne pas tout maîtriser, et s'en était jouissif. James, lui, écarquillai les yeux en nous dévisageant. Tyron reprit bien vite contenance :

- Qu'est-ce que tu fais, Morgane ?

- Je te menace de te tuer. Ça me paraissait assez évident pourtant.

- Tu ne ferais pas ça, lança-t-il comme une évidence.

Je plissai les yeux et appuyai un peu plus fort sur le morceau de verre :

- Vous avez détruit ma vie. Vous avez tiré sur mon ami, vous m'avez frappé, vous vous êtes servis de moi comme complice, vous m'avez détruite. Donne-moi une seule bonne raison de ne pas vous rendre la pareille. Et ne me ressors pas que je ne peux pas ôter de vie. Pour toi, je ferais une exception.

Je bluffai un peu. Je ne savais en réalité pas quoi faire, mais il suffisait d'un seul mot déplacé et il était mort. J'avais ce monstre brulant, grandissant en moi qui me hurlait d'en finir avec Tyron. Le bandit eut un léger sourire :

Mémoire en CavaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant