14 - Rien qu'une égratignure [Corrigé]

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J'ignore par quelles dérives a pu passer mon esprit pour croire qu'il ne me ferait pas de mal, à moi. Je ne sais pas ce que j'ai bien pu voir dans ses yeux qui ressemble à de la clémence, mais je l'ai de toute évidence complètement imaginé. Ah, ça fait si mal ! Je me retourne sur le dos quand des bruits de pas approchent et aperçois Tyron au-dessus de moi, son arme à feu encore à la main. Il me regarde de haut, sans le sourire malsain que j'aurais imaginé. Il s'accroupis à côté de moi, m'immobilise d'une main et, de l'autre, inspecte mon bras. Il fait une légère moue :

« Arrête ton cinéma, ce n'est qu'une égratignure. Si je l'avais voulu, tu pourrais être morte à cet instant. »

Baissant la tête à mon tour, je me rends compte qu'il n'a pas tort. La balle n'a fait que frôler ma peau, ne laissant qu'une entaille légèrement sanglante derrière elle. N'empêche que ça fait foutrement mal ! Je me demande une seconde si Tyron est un excellent tireur et qu'il a fait exprès de me toucher à peine ou si la balle était destinée à mon bras et qu'il a loupé son coup, mais c'est peut-être mieux de ne pas savoir en fin de compte.

Le bandit me regarde avec un air étrange quelques secondes, puis me saisit par l'épaule et me relève de force. Ensuite, il me conduit jusqu'à la voiture dont les phares toujours allumés le guide. J'imagine que ma fuite, qui m'a parue durer une éternité, n'a en réalité dû être longue que de quelques minutes. Dans le cas contraire la police aurait déjà été sur place, alertée par les coups de feu. Or, les lieux sont toujours aussi vides. Horriblement vides. Je n'oppose plus de résistance et me laisse traîner, les larmes aux yeux, par le criminel.

Alors que nous arrivons à la voiture, je bute sur un obstacle et manque de tomber encore une fois. Je baisse les yeux et pousse un cri d'effroi :

« Oh mon dieu ! Il est... »

Obnubilée par mes envies de fuite, je l'en avais presque oublié. L'homme qui a essayé de venir à mon secours est étendu au sol au milieu d'une mare de sang. Il est inerte. Je me dégage de la poigne de Tyron d'un coup brusque et tombe à genoux près de lui. Mes doigts cherchent fébrilement son pouls et finissent par le trouver, faible mais bien présent. Il est vivant ! Il ouvre légèrement les yeux mais son regard est vague et son teint est beaucoup trop pâle. Il va mal.

Alors que je soulève son tee-shirt pour chercher où les deux balles se sont plantées, Tyron me tire brusquement en arrière et me relève de force. J'ai un hoquet de surprise et essaie de me dégager, en vain. Les larmes roulent sur mes joues sans que je ne puisse les empêcher et je pousse un cri hystérique :

« Non ! Laisse-moi le soigner ! Lâche-moi ! »

Tyron fait la sourde oreille en me traînant vers la voiture. J'ai perdu toute raison, je crie, je griffe, je me débats, cherchant à retourner près du blessé, des larmes de colère et d'impuissance coulent en torrent sur mes joues.

« Tyron, lâche-moi ! Il est vivant !

— Et c'est tant mieux. »

J'en arrête de me débattre, partagée entre la stupeur et l'horreur, la bouche grand ouverte sans savoir quoi. Tyron en profite pour ouvrir la portière et j'intercepte son regard :

« Tu n'as pas de cœur ! Cet homme est en train de mourir ! »

Un éclat que je ne sais déchiffrer passe dans ses yeux et si je pouvais affirmer qu'en une seconde, toutes les émotions du monde peuvent passer dans un regard, je le ferais. Puis son visage se durcit à nouveau :

« Mon frère aussi est en train de mourir, au cas où tu l'aurais oublié. »

Et, comme si le débat est clos, comme si une vie vaux vraiment mieux qu'une autre, il me jette dans la voiture et claque la portière. Il passe aussitôt à l'avant pour bloquer les portières.

Sans réussir à tarir mes larmes, je me dévisse le cou et pose les yeux sur l'homme agonisant sur le béton. Par ma faute, il va mourir. Tout ce qu'il a voulu, c'est aider une pauvre fille en galère et voilà le résultat.

Un cri de rage m'échappe et je cogne contre la fenêtre avec impuissance, ce qui ne sert qu'à réveiller la douleur de mon bras. Les larmes coulent toujours sur mes joues dans un torrent inarrêtable. Non pas pour la douleur - maintenant faible - de mon bras, mais pour tout ce qu'il vient de se passer. Ce type va mourir, seul dans ce parking, par ma faute. Sans moi, il serait rentré avec ses amis. Il n'aurait pas posé de questions. Il aurait vécu.

Je suis terrorisée par ma propre lâcheté. Quand Tyron l'a attaqué, j'aurais pu l'aider, l'arrêter, m'interposer entre eux. Peut-être qu'à la place de me lancer dans une fuite insensée, on aurait réussi à mettre hors d'état de nuire le bandit à deux. Quelle idiote ! Je me déteste. J'aimerais être cette héroïne forte, sans peurs, courageuse, qui prends sa vie en main et ne se laisse pas faire. Mais la vérité, celle qui me brûle la gorge et serre mon cœur, c'est que je ne suis qu'une fille comme les autres, peut-être avec une meilleure mémoire mais pas plus forte, pas meilleure que toutes les autres.

Et ça me déchire le cœur. C'est le moment idéal pour découvrir ma force intérieure, mon courage profond et ma volonté de fer mais seulement tout ce que je peux faire c'est contempler le fruit de ma lâcheté en pleurant sur mon sort, le sien et celui du monde entier qui doit pleurer avec nous.

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Bonjour everybody 😎

Bon, ce chapitre. Quels sont vos avis ? Vos idées pour la suite ?

Je vous souhaites un agréable week-end ensoleillé !

Biz.😘

Mémoire en CavaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant