Chapitre 2

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J'ouvris les yeux sur ce qui me semble être l'espace. Des étoiles recouvrant le plafond m'observaient de leur éclat violet - attends, violet? Normalement les étoiles sont blanches, bleues même. Bon, à la limite rouges - qui me firent penser aux plumes du raptor croisé il y a à peine trois secondes. Je ne me trouvais sûrement pas dans l'espace, sinon j'aurais implosé, tout simplement -ç'aurait été bête de finir maintenant l'histoire, hein? -. Je ne pouvais plus bouger, même mes yeux, qui semblaient être maintenus vers le même point de cette voûte céleste. Une main, que je ne savais d'où elle sortait, commença à me caresser la joue, et une voix de jeune femme me susurra doucement à l'oreille :
- Tu arrives, réveille-toi.
Je me retrouve sur le dos, au même endroit où j'avais été cloué au sol par le raptor. Un grand sentiment de honte m'envahit : je m'étais fait tuer ultra rapidement au lieu que je devais venger mon ami. Je me lève et regarde autour de moi, personne en vue. Et si j'étais vraiment mort? Après tout, ça peut se savoir : je me pince. Bon, ce n'est pas un rêve, et maintenant j'ai mal au bras, quel idiot je fais de m'être pincé aussi fort - honnêtement, je voulais quand même être sûr à 200% -. Je m'apprêtais à faire le tour du quartier, pour voir s'il y avait quelqu'un, mais j'entendis une voix familière, que je pensais ne jamais réentendre de ma vie - ou de ma mort, qui sait -. Fabien était sous une voiture qui m'avait l'air d'avoir une bonne centaine d'années avec sa carrosserie toute explosée et ses vitres brisées, avec à certains endroits de la rouille qui se formait - j'aurais juré que c'était autrefois une voiture de luxe -. Mais il avait plutôt l'air effrayé.
- Caches-toi, chuchota-t-il en pointant dans une direction.
Je me retourne. Devant moi, se trouvant de dos, un T-Rex bouffait une carcasse d'un autre dino, à présent une simple montagne de bouillie de viande. Le roi des lézards - c'est comme ça que se traduit le nom en latin, même s'il ressemblait plus à un gigantesque raptor sans les longues pattes avant. En gros, une énorme dinde - se délectait de sa proie , prenant d'énormes bouchées grosses comme un poulet chacune. Je recule doucement et, bien sûr, je ne fais pas attention à l'animal tout petit qui se trouvait derrière moi. Je tombe en arrière et pousse un juron, en oubliant pendant ces quelques instant le mastodonte qui se trouvait à une dizaine de mètres de moi.
- Merde. Fabien en s'enfonçant encore plus sous la voiture. T'es mal, là. Fuis.
Le reptile se retourna vers moi, et regarda la bestiole sur laquelle j'avais trébuché : un dodo? Moi qui croyait l'espèce disparue - bon, bien sûr, je sais bien qu'il y a un rex devant moi, qui est disparu depuis bien plus longtemps. Mais alors les deux créatures ne devraient pas se retrouver ensemble, y'a juste un petit problème d'époque qui se croisent, là, quand même -. Le Rex avait l'air de plus s'intéresser au piaf qu'à moi. L'oiseau n'avait même pas remarqué la présence de la créature aux écailles grises et, se remettant du coup que je lui avait malencontreusement donné, se mit à chercher des vers de terre sur le béton du trottoir - ces piafs n'ont donc aucun respect de ce qu'est l'intelligence à ce que je vois -. Je ne bougeais plus, la peur m'assaillait. Mes yeux étaient grands ouverts alors que le dino s'approchait du petit animal. Il commença à ouvrir la gueule pour attaquer - ou bien gober - le dodo, je fermis les yeux à temps, et je n'entendis que le bruit du déchiquetage de l'ancien poulet. Lorsque je rouvrit les yeux - c'est-à-dire deux secondes plus tard -, une vision d'horreur me fut présentée : le roi lézard avait arraché la tête du pauvre animal, faisant pendre à ses "lèvres" - ou babines, peut-être - des ligaments du cou - ou en tout cas, ce qu'il en reste - et, ce qui me semble être l'œsophage, dégoulinant de sang du dodo. Le monstre ne m'avait pas remarqué, continuant de déchiqueter la chair tendre de l'oiseau, ce qui me donna un petit temps pour le retirer derrière la voiture et me faufiler en dessous - et, en même temps, me donner énormément la nausée -. Je me mis à ramper pour mieux observer la scène à côté de Fabien. Je voyais maintenant sans danger la bête, il avait une tête comme dans les livres de mon enfance, avec un museau long, la peau de son crâne montrait clairement le contour de l'os, ses yeux étaient vraiment petits comparés à sa tête, ce qui lui donnait un air amusant - à part qu'il y a un instant, il était en train de me donner mal au cœur parce qu'il était en train de vider l'intérieur des entrailles d'un dodo qui était purement innocent -. Et, à la grande surprise - désolé les fans de SF -, il possédait des plumes - certes, elles étaient fines et très peu nombreuses, mais il en avait -. Il finit son repas copieux et regarda un petit instant sur l'ancienne carcasse derrière lui, il ne restait plus rien à dépouiller, alors il se retourna et commença à sentir l'air, faisant de grands bruits d'inspiration par le nez - vous voyez dans les films, quand une créature extrêmement dangereuse fait ces mouvements? Préparez votre testament -, c'est à ce moment que je me suis dit qu'il cherchait encore une nouvelle proie - non mais sérieux, ces dinos doivent bouffer toutes les 5 minutes ou quoi? Il doivent manger dès qu'ils ont fini la carcasse d'un diplodocus ou quoi? -, et, rien qu'en voyant son œil se tourner dans notre direction, je savais que ce serait Fabien et moi, ses futures proies.
- Qu'es-ce qu'on fait, demanda mon camarade, on cours?
- Si on se réfère aux films - avec un peu de chance - le Rex ira au max à 30 kilomètres/heure.
- Avec un peu de chance? Bah on est dans la merde, en gros, on fait quoi, alors?
- Improvisez!
Cette voix était sortie de nulle part. Je réussis à me contorsionner sous la voiture pour regarder derrière moi : je voyais des pieds - on était donc pas seuls en ce monde, c'est la meilleure nouvelle de la journée -, des chaussures, ou des bottes. Et l'une des deux chaussures se leva et pointa vers ma droite.
- Courez, je vais le distraire.
La voix me semblait venir d'une fille, peut-être de mon âge. Fabien et moi sortirent par le devant de la voiture sans réfléchir tandis que la fille montait sur la voiture - en tout cas, j'ai entendu un gros bruit métallique comme si on montait sur une voiture -, ce qui nous donna le temps de nous mettre à l'abri derrière un muret. Je me retournais pour voir comment se déroulait le combat entre le T-Rex et la walkirie - oui, j'appelle les filles qui se battent des walkiries, ce qui leur donne un style encore plus classe -, que je ne vis que très peu car Fabien me poussa aussitôt dans un buisson, j'avais juste eu le temps de voir deux-trois détails de la scène : la fille portait une écharpe, ce qui dissimulait son visage, avec - si j'avais bien vu - un fusil à la main. On était donc dans le buisson.
- Mais qu'est-ce qui te prends? chuchotais-je.
- Si tu regardais ailleurs, tu aurais vu les autres dinos qui sont là-bas, y'en a toute une meute, et ils sont énormes.
Je regardais là où il pointait, quatre dinosaures qui faisaient les deux tiers du tyrannosaure se trouvaient à une centaine de mètres. Avec le tournant de la rue, on ne les avait même pas repérés : c'étaient des allosaures. Facile à savoir vu les deux minuscules collerettes rouges - qui m'ont tout l'air de déco - sur leur tête - en plus, c'était super dur à voir d'aussi loin, heureusement que j'avais une bonne vue - et le fait qu'ils soient en groupe. On avait vu des fossiles de plusieurs allosaures réunis au même endroit à plusieurs reprises pendant des fouilles, donc les chercheurs en ont déduit qu'ils vivaient en meute, et qu'il y avait sûrement un alpha, ou une matriarche qui commandait le groupe. Les coups de fusils allaient les interpeller, c'est sûr, et ils viendraient par ici, et par dessus tout, on se ferait repérer, et notre sauveuse ne pourrait plus rien faire pour nous. Mais on n'entendit rien, pas un coup de feu, même pas un bruit venant du Rex pendant de longues minutes. On ne voulait pas sortir pour se faire dévorer même pas 5 secondes plus tard, ce serait du suicide.
On attendit un bon quart d'heure, pas d'allosaure, ni de Rex, et toujours pas la fille. Je me décide à sortir un peu la tête du buisson, voir ce qui se passait, mais rien, pas d'allosaure. Mais où sont-ils passés?
- On a un peu de temps, il faut y aller, vite, sortez de là.
Elle m'avait fait sursauter. C'était bien une fille, elle s'était glissée derrière moi, à côté de Fabien, je ne voyais que ses cheveux - je me demandais comment elle allait les sortir du buisson -.
- Il faut pas rester là, chuchota-t-elle, je vous dis. Allez, sortez de ce fichu buisson.
On lui obéit sans se faire prier. Elle sortit la dernière à cause de son fusil grand comme son bras - je me disais bien qu'elle avait un fusil -, et nous fit signe de la suivre en silence, elle commençait déjà à détaler. Nous avons couru devant une bonne demi-heure, suivants les cheveux bruns et s'arrêtant lorsqu'elle l'ordonnait. On ne s'arrêta que lorsque l'on arriva devant un bâtiment que je n'avais jamais vu à cet endroit - et à mon avis, qui ne devait pas se trouver à cet endroit dans le "vrai monde"-, un sorte de bunker sorti de terre par une force inconnue, dont la pierre noire et lisse luisait au soleil. La fille nous y fit entrer par une porte cachée qu'elle ouvrit en poussant un mur.
- C'est sûr que les dinos ne peuvent pas rentrer, demanda Fabien, ils pourraient pousser le mur sans faire exprès ?
- Les dinos sont repoussés par la pierre noire que l'on appelle "abyssalite", elle dégage une odeur imperceptible pour les humains et animaux apprivoisés.
- Attends, demandai-je, on peux apprivoiser les bestioles qu'on vient de croiser tout-à-l'heure?
- Bien sûr, mais il faut avoir une grande connaissance de la créature que tu veux dompter et élever, mais ce n'est pas à moi de vous apprendre ça.
- Ah, s'étonna Fabien, en plus on peut les élever. Bon, sinon, tu peux nous donner ton nom, qu'on puisse au moins te dire merci et qu'on se présente à notre tour? Puisqu'à ce que j'ai compris, on est à l'abri des bestioles dangereuses ici.
- Très bien, les nouveaux, je me présente, je m'appelle Kathie, mais vous pouvez m'appeler Kat.

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