Chapitre 13

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Encore cette grotte.
Le plafond reflétait légèrement la lumière que produisait le feu. Un sentiment de malaise m'envahit. Je me redressais d'un coup, regardant autour de moi. Personne. Bon, récapitulons. J'ai affronté la wyvern, mais elle m'a envoyé valser dans la forêt après que je lui ai fait un joli tatouage couleur chair sur son cou. Qu'était-elle devenue? L'avais-je tuée? Je vis mes affaires sur le rocher au pied de mon sac de couchage, qui étaient encore recouvertes de sang, donnant une teinte bordeaux avec la lumière que dégageait le feu.
Attends! Si mes affaires sont là, qui...
Le malaise fut encore plus grand. Je soulevais peu à peu la couverture pour voir le dessous. Pas besoin de vous faire un dessin, vous avez compris. Je remis rapidement la peau de théryzinosaurus et remarquais qu'un bandage en laine - Oui, on a pas de pansements, désolé - avait été posé sur ma poitrine, peut-être pour le coup que m'avais donnée la dragonne. Nan pèche, je l'avais pas volée, celle-là.J'avais quand même fait une coupure qui pourrait être fatale pour n'importe quel animal de cette taille même s'il doit pas y en avoir tellement, vu la longueur du machin. Bref, je finis de m'habiller - encore - et sorti de la grotte. Il devait être aux alentours de dix heures - bon je dis ça, mais je suis totalement mauvais dans la lecture des astres, même si j'adore ça - et personne n'était là, pas même dans la grotte. Je sentis une présence, sur ma droite. Je sorti de ma manche gauche mon couteau instinctivement, et avançais dans la forêt vers l'endroit que je pensais où étaient les autres. Le sentiment bizarre que je ressentais à ce moment-là me montra la montagne. Je vis sur celle-ci une sorte de grotte, d'où des flammes s'échappaient. Ils étaient en danger, mais je ne savais pas si je pouvais grimper une telle paroi. Je devais en être incapable, à coup sûr.
"Alors, comment as-tu fait pour aller sur la wyvern? Et le théry?"
Je n'en sait rien. C'est absolument compliqué et je ne comprends rien de cette chose qui est en moi. Néanmoins, je vais te faire confiance, et essayer.
"Bien, alors restes pas planté là, et magne-toi d'aller les aider!"
Une sorte d'aura apparu sur le sol devant moi, et dessina un trajet de fumée qui devait être l'endroit par où je devais passer pour arriver en haut. Je suivis mes conseils intérieurs et arriva deux minutes plus tard là-haut sans encombres. Un coup d'œil dans la petite grotte me donna assez d'informations. La wyvern n'était pas grande comparé à celle que j'avais combattu hier, elle devait être juvénile, ou adolescente au grand max. Ses écailles étaient d'un noir absolu, avec une tâche sur le long de son dos rouge bordeau, presque couleur brique. Les autres étaient à terre, et Aria avait des brûlures sur le bras et la jambe droite, Fabien des griffures au ventre et créait une petite marre de sang autour de lui, et Glados encore debout, bien que mal en point, vu son dos de la même couleur que les murs de cette petite caverne - qui devait juste contenir la place d'un nid, qui était inexistant ici -, il avait été projeté au mur ou au sol par la jeune wyvern. La petite dragonne me tournait le dos, me donnant une impecable vue sur son point faible: entre sa colonne vertébrale et ses homoplattes, à côté de ses ailes. Bizarrement, je n'avais pas envie de la tuer, quelque chose m'en empêchait, mais quoi? Le fait que c'était une petite et pas une adulte? Non, ça devait être autre chose.
"Réfléchis, idiot! Et observe la situation"
Je regardais les moindres recoins de la grotte, sans rien voir de particulier. L'adrénaline dans mon sang ralentissait presque le temps. Regarde, regarde!
Reg... Regarde?
Je fermais les yeux, pensant "voir" quelque chose. Une lumière blanche apparue sur mes paupières, comme si on allumait un projecteur à quelques centimètres de mes yeux, en un peu moins violent. J'ouvrais les yeux vers l'endroit d'où provenait la lumière. Une bolas! Si la wyvern n'attaquait pas la bolas, je pouvais peut-être faire quelque chose. La bolas était suffisamment grande pour faire le tour de la petite dragonne et l'empêcher de s'enfuir. Tourne un peu sur la gauche, ma grande, alleeez! Bingo!
Je sautis sur la bolas et l'envoyais comme je pouvais sur la petite. Glados et moi observâmes quelques secondes plus tard avec étonnement ma réussite.
- Merci. Allez, il faut vite les emmener avant que la bolas cède.
- Pourquoi ne pas emmener la petite?
Il me fit des yeux ronds.
- Tu te fous de moi ou quoi, une wyvern juvénile ne peut pas être apprivoisée comme ça! Je les emmène en bas en tout cas, démerde-toi pour qu'elle soit à toi, si tu y tiens tellement.
Il porta comme il pouvait les deux autres, faisant encore plus perdre de sang à Fabien. Je lui dis qu'il pouvait les laisser là pour les soigner, et que je pouvais à la place emmener la wyvern en bas, mais il me contredit en avouant que les soins étaient à la grotte, et qu'il m'expliquerait après pour les blessures.
Je lui donnais donc mon haut pour bander la plaie de Fabien comme il pouvait avant la descente, restant donc seul avec une wyvern juvénile - et enragée en plus, vu comment elle se débattait - coincée dans une bolas. Lorsque je commençai à approcher, elle me grogna dessus. Elle poussa soudain un cri qui avait l'air de venir de toute autre chose que d'une wyvern, comme si un chat enroué avait miaulé le plus fort qu'il pouvait, un cri d'appel? Il en poussa un autre, puis un troisième. C'était bien un cri d'appel. Je vais lui clouer le bec, à celui-là. Je lui sautai dessus et mettais mes mains autour de son museau pour lui éviter de l'ouvrir et enlevai la bolas pour le lui mettre autour, comme une muselière avec laisse. Heureusement que la corde était solide parce-qu'elle tira la corde tellement fort quand je descendis de son dos que je failli tomber en bas de le la pente ultra abrupte. Elle essaya de voler mais retomba lorsque je tirai sur la corde d'un coup sec.
- Ok, on se calme, ma grande.
Elle retira, elle n'avait pas dû aimer les familiarités.
- Ok ok, j'ai rien dit, calme-toi.
Je commençais à lui parler d'une voix calme, et lui racontait mon ancienne vie, ma famille... sans vraiment savoir pourquoi.
- J'avais une vie tranquille avant, même un peu trop. Et je suis arrivé dans ce monde, où tout est si différent même si tout se ressemble d'apparence, même moi je me sens si différent. Et je ne sais même pas si je suis dans un coma et que tu n'es qu'une simple créature créée par mon imagination... Je vais m'approcher, d'accord?
J'interprétais mes paroles en la regardant dans les yeux. Elle grognait, mais sans bouger. Son grognement s'accentuait à chacun de mes pas. Je m'arrêtais à un mètre devant elle, et m'asseyais. Elle me regardais intensément, comme si elle voulait me dire quelque chose, et son grognement s'estompa. Les minutes passèrent où un duel de regard se faisait entre nous deux, ce que je trouvais assez gênant. Que voulait-elle?
Elle ne s'approcha qu'un quart d'heure après, avant de baisser la tête vers le sol, comme si elle voulait que...
Il fallait que j'essaie, j'approchais ma main si lentement qu'on aurait dit qu'elle était immobile. Dix centimètres séparaient à présent ma main de son crâne, tellement proche de l'une des créatures les plus puissantes de cette île. Elle finît le boulot pour moi, en soulevant légèrement sa tête. Je caressais une wyvern! Elle me regarda avec ses yeux orangés, des yeux comme le fer sorti d'une forge, presque blancs de chaleur. Ses pupilles étaient un peu dilatées, me faisant penser à mon chat, étais-je à présent une personne de confiance pour elle? J'hésitais à lui enlever la bolas de sa mâchoire, étais-ce une feinte de sa part pour m'avoir par surprise? Non, elle ne ferait pas ces yeux-là alors. Je commençais à la détacher en faisant bien attention à ce que je ne me griffe pas sur l'une de ses dents qui dépassaient légèrement de sa mâchoire. La muselière de fortune enlevée, j'attendais une réaction de sa part. Il me lança un petit cri un peu moins aigu que ceux qu'elle poussait en appel, ce que je pris pour un miaulement amical. Puis, un coup d'aile, et elle s'envola, me laissant seul.
- Attends!
Elle était déjà loin. Merde! Ces animaux vont super vite, et j'ai perdu ma chance de pouvoir avoir mon premier animal.
Je me levais, pensant rentrer bredouille au camp, mais un objet attira mon attention. Une sorte de cristal, dans un coin. Pas un cristal ordinaire, mais un d'une couleur rouge, comme le dos de la wyvern qui s'était envolée. Le cristal avait été fracturé à son point d'accroche au sol, sans doute à cause d'un coup de queue de la petite dragonne. Ça pourrait m'être utile plus tard, je pris le morceau en donnant un coup de poignée de mon couteau militaire à l'endroit fracturé et rentrais à la grotte.
C'était pas beau à voir, Jörmungand n'était toujours pas rentré, mais les autres étaient là, allongés sur leur matelas, à part Glados qui était aux petits soins. Ça me faisait mal pour eux. Je pris un fil et une aiguille dans le kit de soins de mon mentor, et approchais de Fabien. Une vingtaine de compresses imbibées de sang se trouvaient sur et autour sa blessure. Glados était comme en état de transe et ne bougeait pas au dessus de Fabien, comme s'il avait perdu connaissance tout en étant assis. Le contact de ma main sur son épaule suffit à le faire sortir de sa rêverie.
- Ah, c'est toi. Me dit-il en sursautant. Il va bien, ne t'inquiètes pas, il a juste perdu du sang, mais son pouls et sa respiration sont stables.
- Et Aria ?
- Elle s'est évanouie, et ses brûlures sont pas belles à voir. Faut dire que cette wyvern ne l'a pas loupée. D'ailleurs, tu l'as chopée ou pas?
- Non, j'ai cru qu'elle était devenue docile à un moment, mais elle s'est envolée juste après.
- Ah, et elle t'a attaqué?
- Bizarrement, non.
Il réfléchit un instant, mais finit par abandonner. Et il me parla de l'attaque.
- En fait, nous voulions attaquer par surprise la jeune wyvern, mais elle avait senti notre présence bien avant. On pensait pouvoir l'avoir sans toi, et on t'avait mit sous surveillance de Jörmungand, même si je vois qu'il n'a pas vraiment respecté mon ordre... En tout cas, merci d'être arrivé à temps, sinon on ne serait pas là avec toi.
Il ne me posa pas de question en retour, mais je lui montrais quand même ma trouvaille, qu'il reconnu tout de suite.

- Mais c'est une gemme rouge ! On en trouve qu'aux plus grandes profondeurs, normalement. Petit veinard !

- Tu penses que c'est la wyvern qui l'a laissée là ? Elle était quand même bien ancrée dans la pierre quand même.

- Mmm, je pense qu'elle l'a plutôt créée par inadvertance, c'est le plus plausible. Elle aurait pu chauffer une pierre spéciale et la transformer en gemme. À ce que je sais, les gemmes rouges se trouvent le plus souvent -bien qu'elles soient dures à trouver- dans des endroits chauds des cavernes.

Quelques heures passèrent sans réactions de la part des deux alités. Jörmungand était revenu, m'observant encore comme si j'étais son œuf. Je décidais donc de laisser Glados avec les deux au lit et de faire une partie de chasse avec le serpent géant, avec autorisation du propriétaire. Le serpent me suivait partout, c'était... Énorme, son corps surtout, il ne faisait aucun bruit et pourtant il devait peser bien deux bonnes tonnes. On alla vers les plaines pour se faire des herbivores, mais ce que je vis sur la plaine était tout l'inverse d'un herbivore. Le yutyrranus était en train de dévorer un stégosaure tué récemment.

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