Chapitre 11

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- Bon, c'est pas tout, mais on doit remonter, nous. Mais où elle est passée?
On était à peine réveillés, Fabien et moi, que Glados nous demanda cela. Mais c'était vrai, où était passée la fille des profondeurs?
Notre guide nous expliqua qu'il avait proposé à cette fille de nous rejoindre à la surface pour que l'on puisse l'aider à faire sortir le corps étranger de son ventre. Mais elle n'avait répondu que par un silence.
- Désolé de vous avoir caché ça hier.
- Ne t'inquiètes pas, on aurait pu faire de même. D'ailleurs, merci pour le couteau, un loup m'aurait tué si je ne l'avais pas eu.
- Un loup?
- Oui, enfin, ça ressemblait seulement sur la silhouette, sinon, ils n'avaient aucun poils et ressemblaient à des bergers allemands mutants au niveau du visage.
- Tu parles des ravageurs?
Elle était là, derrière moi, ce qui me surpris et me fit faire un bond de plusieurs mètres en avant.
- Excuse-moi, je ne me suis pas présentée hier, je me nomme Aria, fille de Lucian, grand chef de ma tribu.
- Tu es, commença Fabien, la fille du chef? Mais si tu as été bannie de ton clan, qui va prendre la succe...
- Je vous l'ai pourtant expliqué. Je n'ai été bannie de ma tribu que temporairement car je suis enceinte de ce monstre, et je les comprends. Lorsque je n'aurais plus cette chose abominable dans mon ventre, je pourrais les rejoindre.
Elle était déterminée à rentrer chez elle.
- Si tu veux, proposa Glados, tu peux rejoindre les deux garçons ici présents parce qu'ils ne vont pas rester longtemps sur cette île.
- Comment ça ?
- J'ai reçu un message il y a trois jours qui disait qu'une équipe viendrait vous chercher d'ici une semaine, vous pourrez enfin sortir de cet enfer.
- Et toi, lui fis-je, tu ne viendras pas avec nous?
- Non, ma mission ne s'arrête toujours pas, donc je resterais là jusqu'à la mort. À moins que je ne reçoive une augmentation de grade, ou une simple lettre de retrait des troupes.
- Et les seules troupes sur l'île, c'est toi, j'imagine.
Il hocha la tête pour approuver les dires.
- Je ne suis pas contre le fait d'aller avec eux,fit Aria, mais pourquoi ?
- Parce que ce n'est pas sur cette île que tu trouveras un moyen de te sortir ça du ventre, fit-il en pointant le ventre de la jeune fille.
- D'ailleurs, fit Fabien, je n'ai jamais posé la question, mais quel âge vous avez, vous deux?
- Dix-huit ans, fit Aria.
- Vingt-et-un ans.
Notre réaction leur fit croire autre chose que ce qu'on pensait, nous.
- Je... Je ne suis pas si vieille, bafouilla-t-elle sous son masque.
Elle retira celui-ci de sa tête, montrant des cheveux rouges sang et des yeux d'un vert émeraude avec des taches de rousseur partout autour du nez.
- Quoi, moi aussi, vous me pensiez plus vieux? Je suis certes un ancien mais je suis quand même un aîné dans ce groupe.
- Et bah, c'est ça le truc, expliquais-je, on a tous les deux vingt-deux ans biologiquement.
- Non!
Les deux avaient dit ça à l'unisson, d'une voix qui disait que c'était absolument faux et qu'ils ne nous croyaient pas. Fabien tenta d'expliquer.
- On nous a dit que c'était ça, la chose particulière qui faisait de nous des anciens. Le fait qu'il se soit passé six ans entre le moment où on s'est fait déchiqueter par un raptor, et le moment où on a atterri dans ce monde. On pensait il y a une semaine de ça qu'on était en 2028. Mais on est bien en 2034.
Glados autant que Aria n'en revenaient pas. La personne qui nous avait enseignée l'art du combat pendant une semaine était plus jeune que nous.
- Mais, mentalement, vous êtes les mêmes? Demanda-t-elle.
- J'ai l'impression d'avoir un peu changé, quand-même.
- Moi aussi.
On avait rendu notre mentor perplexe. Il resta un moment dans ses réflexions, et on en profita pour parler à Aria.
- Dites moi, comment c'est, votre monde?
- Celui d'où l'on vient?
- Oui, je n'en ai jamais entendu parler. C'est vrai qu'on ne parle pas beaucoup du monde extérieur.
- Il est presque identique au votre, à exception près que celui-ci est beaucoup plus en ruine et que des dinos se baladent dans les rues.
- Pourquoi, vous n'avez pas de monstres de cuir, dans votre monde?
- Des quoi?
- Des monstres de cuir, ça doit être ça que vous appelez dinos.
- Euh, je pense.
- À votre avis, quand je dis monstre à collerette dorsale, vous pensez à quoi?
- À un spinosaure, ils aiment manger du poisson.
- Exact! Donc vous les apellez bien dinos.
- Donc, pour en revenir à ce que je disais, on a pas de dinos, dans notre monde.
- Mais comment vous chassez, et comment vous- vous déplacez?
- On a des voitures pour se déplacer, et un bétail différent qu'on appelle vaches et cochons.
- Des voitures?
- Oui, de grands... Monstres de métal sur roues qui font beaucoup de bruit quand ils avancent et qui ne marchent presque que sur sol plat.
- Ça doit être énervant, à force. Vous ne pouvez pas vous déplacer librement, avec de tels monstres.
La conversation se perdit, et je laissait continuer les deux parler ensemble de leurs mondes respectifs pour rejoindre Glados, qui s'était mit assis au bord d'une falaise de quelques mètres de hauteur pour réfléchir.
- Quelque chose ne vas pas?
Il se réveilla de sa transe.
- Ah, oui, ça va. Je réfléchissais. Dis moi Owen, as-tu des souvenirs de ces six années sans rien faire?
- À vrai dire, je ne sais pas si c'était un rêve ou une réalité, mais j'ai senti comme une présence avant de me réveiller, comme si je faisais un rêve. J'étais dans une sorte d'espace, et puis, il y a eu cette femme...
- Une femme?
- Oui, elle m'a dit une chose, comme si j'étais prêt à me réveiller. Et puis, je suis arrivé dans ce monde.
- Je vois. Ce n'est pas fréquent, mais des gens arrivent de temps en temps à voir une femme dans leurs rêves, une femme dont ils ne voient pas le visage. Je ne connais que deux personnes qui aient déjà fait ce rêve. Je crois qu'on l'appelle la dame du lac, parce qu'on entend en fond comme de l'eau.
- J'avais plutôt l'impression que j'étais sur un lit d'hôpital, et qu'elle m'a prit la tête entre ses deux mains et m'a chuchoté à l'oreille.
- Et... C'est tout ce que tu te souviens de ce coma de six ans?
- Désolé, mais oui.
- D'accord, ce n'est pas grave. Et aussi, tu connais ton pouvoir d'ancien?
- Euh, je pensais que c'était le fait que je sois six ans plus jeune que normalement.
- Je ne pense pas que ce soit ça. Moi par exemple, j'ai une facilité dans l'élémentalisme.
- Ce qui veut dire?
- Que je peux manipuler le réel, en quelques sortes. Je peux faire pousser les plantes plus vite, ou modeler la roche comme si mes mains rentraient dans du beurre. je peux déplacer la matière en gros.
Il me fit un exemple sur un arbre fongique, sa main traversa le bois et il en extraya un bon morceau, laissant un trou dans le bois. J'étais impressionné.
- Et donc, moi, je dois avoir un pouvoir similaire?
- Pas forcément, tu peux en avoir un qui te permet d'être beaucoup plus agile. Je connais même un ancien à la base Falcon, qui est très connu, qui peut maitriser la manipulation de matière. Genre transformer du plomb en or. D'ailleurs, on l'appelle l'alchimiste.
Donc les pouvoirs des anciens étaient aléatoires selon la personne. Donc moi, j'avais quoi?
- Tu ne peux pas vraiment savoir quel est ton pouvoir au début, car c'est comme si tu l'avais toujours eu, comme pour le fait de respirer, ça t'es naturel de l'utiliser.
- Et donc, il faut que j'attende le bon moment pour savoir quel est mon pou...
Je sentis d'un coup comme un picotement dans la nuque, et deux secondes plus tard, je sentis vraiment piquer, mais là, ce n'était pas mon corps. Un ravageur m'avait sauté dessus, et enfoncé ses dents dans ma nuque. La douleur fût atroce, je criais, pendant que les autres mettaient des coups de couteau, lance ou flèche - Fabien n'avais eu que ça sous la main à ce moment là -. La bête ne lâcha que lorsque la mort s'empara d'elle. Je m'évanouis sur le coup, en entendant au loin comme des cris. Ma vision passa des couleurs à une seule et même couleur :

Le rouge sang.

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