Chapitre 9

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Son souffle sur ma nuque m'empêcha de me retourner. Mes poils s' hérissaient de partout, je sentis même mes cheveux se soulever. Le dragon se désintéressa rapidement de moi, car il avait dû trouver une proie plus juteuse. Lorsqu'il partit, je pus le voir qu'un court instant, car il réussit à se mettre invisible d'un seul coup. Ce n'était pas mon imagination qui me jouait des tours, car je voyais bien sur la pierre la poussière que dégageait les pattes de cette immense créature, un peu moins grosse qu'une wyvern alpha.
La peur ne s'en alla qu'après quelques minutes, qui semblèrent des heures pour moi. Il fallait vite que je sorte d'ici. Que devais-je faire? quelle était la meilleure solution pour remonter là haut? Je me reculais pour voir s'il n'y avait pas de pente sur l'un des côtés de cette falaise, mais rien. Et escalader? Impossible, la roche ne s'y prêtait pas. Une petite créature me fit sursauter lorsqu'elle s'approcha de moi. Elle avait une tête à faire peur, mais ne semblait pas agressive, et la petite lumière sur sa tête devait lui servir à chasser des petits insectes, comme des poissons lanterne que l'on peut trouver dans les abysses. La créature ne devait jamais avoir vu un être humain de sa vie, sinon elle s'enfuirait en courant. Mais elle ne fit rien, ce qui me fit penser aux dodos, qui avaient étés exterminés car ils n'avaient pas de prédateurs sur leur île avant l'arrivée des humains. Mais là, cette créature devait croiser plus fort qu'elle derrière chaque arbre - enfin, champignon -, mais bon, je ne devais pas m'inquiéter pour elle. Je me conclus à remonter cette paroir rocheuse quand le sorte de toutou horrible éteignit sa lumière et fuit en courant dans les champignons aux pieds des grands arbres fongiques. Je suivis son conseil muet et me faufilait dans une petite faille dans la roche, pour que je puisse voir sans être vu. Des sortes de loups sous stéroïdes auxquels on aurait enlevé une partie des muscles des jambes et défigurés au fer blanc avaient faits leur apparition. Ils n'avaient pas l'air de me chercher en particulier, ils devaient chercher de la nourriture pour leurs camarades en général. Le problème que je vis tout de suite chez eux, était qu'ils étaient en profond désaccord entre eux, ils se chamaillaient pour savoir quelle direction prendre. Mais un plus gros arriva, une peau blanche - peut- être un albinos - et calma direct le groupe en assénant de légers coups sur le museau des - sans doute - plus jeunes. Il renifla l'air et commença à pointer son museau vers le buisson où le bouledogue lanterne s'était caché. Le pauvre n'eut même pas le temps de couiner de douleur qu'il était déjà mort. Un seul coup de mâchoire de l'énorme chien lui avait ôté la vie. Heureusement, la meute ne me sentit pas, car elle partit presque aussitôt, le chef de meute avec le poisson sur pattes dans la gueule. Je pus sortir du buisson quelques minutes après, histoire de savoir s'ils ne revenaient pas. Je me mis en quête rapidement de nourriture et de fibres afin de me faire de la corde - heureusement que j'avais appris étant petit à en faire en plus des nœuds avec mon grand père -, que je trouvis rapidement dans des buissons. Les champignons en dessous des arbres fongiques piquèrent ma curiosité. Je décidais de prendre un bleu pour voir, la texture n'avait pas l'air mauvaise au toucher, il avait même l'air doux, et si on appuyait un peu, de l'eau fraîche en sortait, une eau potable. J'en pris une grande bouchée, succulente et fraîche comme une glace. Je décidais de manger un peu de tout, sauf des noirs, rien qu'à les sentir, ça donnait une impression bizarre, comme quand t'es au volant sur l'autoroute et que tes paupières semblent se fermer toutes seules sans ton accord. En tout cas, les blancs avaient l'air de produire un gel salé, donc mauvais pour mon eau, mais nutritifs, et les marrons un goût amer, mais je ne savais pas pourquoi mais j'avais envie d'en manger des tonnes. Je me hâtait à chercher des fibres dans les buissons qui contenaient aussi des baies que je mis dans mon sac qui contenait déjà les champignons cueillis précédemment et me hâtais déjà de confectionner une corde.
La pseudo journée de cette caverne s'arrêta d'un seul coup, et laissa place à la lumière émanant des champignons géants. La corde était presque finie, et semblait tenir un bon poids. Dès la corde finie, je me dépêchait de chercher un caillou de bonne taille pour accrocher la corde en haut de la falaise. Mine de rien, elle faisait au moins 3/4 mètres de haut, ce qui est pas rien. La nuit se finit lorsque je réussis à finir la corde, à laquelle j'attachais la pierre - la pierre allait me servir de crochet de fortune -. Je me rapprochais de la falaise, et commençais à faire tournoyer la pierre comme on le ferait avec un crochet classique, et lançais la pierre en haut. Mais lorsque je tirais, elle retombait, alors je fis ça pendant une bonne heure, à chercher un endroit où la pierre se bloquerait pour me laisser remonter, mais rien à faire, la pierre ne se bloquait toujours pas. Je décidais de prendre une pause sous un champignon pas plus grand qu'un parasol, et de me reposer un peu, en le cachant à l'aide d'un buisson que j'avais découpé avec le couteau suisse.
Lorsque je réveillais, il faisait "jour" dans la grotte, et un poisson lanterne sur pattes se trouvait pelotonné à moi, la loupiotte éteinte, ce qui me fis peur dans un premier temps. Je décidais de le laisser dormir là, avec des baies et des champignons à côté de lui - je ne savais pas s'il mangeait de ça, mais au moins j'y avais mis un peu de bonne volonté -, et de me reconcentrer sur la falaise. Une autre heure à essayer d'accrocher la corde en haut me fit comprendre qu'il fallait escalader, mais la paroi glissante à cause de la mousse m'en dissuada. Je n'allais pas rester là sans rien faire, j'allais explorer l'endroit. Je laissai là une pile de rochers avec une de mes trois griffes de thérizinosaure à son sommet pour laisser une trace au cas où les autres me chercheraient, ce qui devait être le cas.
Les loups des grottes - je vais les appeler comme ça pour l'instant, je ne connaissais pas leur nom exact - étaient peu nombreux, en petits groupes ne dépassant pas les quatre individus, certains même ne possédaient pas d'alpha en leur sein. Les petits étaient encore moins nombreux, et n'allaient pas en dessous de la taille des bouledogues luminescents, qui eux étaient beaucoup plus nombreux. Je ne vis pas de dragon plumeux qui se rendaient invisibles. Pourquoi celui qui a attaqué la wyvern alpha était sorti de cette grotte? Cette question revint à plusieurs reprises lorsque je marchais, ce qui me faisait parfois trébucher sur les racines des arbres champignons. Je continuais encore pendant une dizaine de minutes avant de chercher de la nourriture. Le couteau suisse me servait à couper des branchages où des baies juteuses poussaient, et à couper des champignons par le tronc - les petits, hein? Chuis pas assez fou pour découper des champignons géants -. Le couteau de Glados? Je préférais l'utiliser seulement pour me battre, au lieu de l'utiliser inutilement. Je me suis dit que je pouvais admirer la vue en me mettant au bord d'une légère falaise, que je pouvais remonter en cas de problème, pour manger. Le repas ne dura pas très longtemps. Quand j'y pense, je devrais me faire un feu, pour mélanger certains de ces champignons. Un loup des cavernes ne me laissa pas plus longtemps dans mes réflexions, en me sautant dans le dos, mais j'eus un bon réflexe en sortant mon couteau, avec lequel je bloquis son élan pour m'attaquer à la nuque. La poussée de l'assaillant nous fit tomber de la petite falaise et rouler jusque dans un buisson un peu plus loin. Le combat fut rude, je devais esquiver les coups de crocs et de griffes ou les bloquer, tout en assénant des coups de couteau dans l'abdomen de la créature, qui gémissais à chaque fois que le couteau lui rentrait dedans. Il finit par s'enfuir en couinant, avec une dizaine de blessures profondes. D'un coup, je me sentis observé. Je me tournais dans tous les sens pour voir si mes sens avaient dit vrai. Un buisson remua à ma gauche, et une ombre faite de feuilles et de peau en sortit et passa près de moi pour partir dans un autre buisson.
- Attends! fis-je.
J'étais sûr qu'il m'avait compris, c'était un humain! La poursuite dura un bon moment, et j'avais l'air de faire le chemin inverse à celui emprunté jusqu'à maintenant, et lorsque j'arrivais devant mon point de départ, la falaise, je vis une corde, qui tenait en plus! L'humain feuillu était à côté, et regarda vers la gauche de la falaise. Je suivis son regard et vis avec surprise Fabien et Glados. Je me retournais pour remercier mon guide, mais celui-ci avait disparu, à mon grand étonnement. Je rejoignis les deux autres, qui me passèrent un savon tous deux.
- Comment tu savais qu'on était là? Me demanda Fabien. Tu nous as senti?
- Ah ah très drôle. Non sérieusement c'est une personne qui m'a ramenée ici.
- Comment était-elle habillée? Demanda Glados.
- Vous la connaissez ? Elle portait un vêtement de feuilles et de peau, je n'ai pas vu son visage.
- Oui je les connais, ils sont pacifiques, ne t'en fais pas. Ils vivent ici depuis des siècles, à ce qu'il paraît.
On fut sidérés. Des siècles?
- Mais... ce sont bien des villageois, c'est ça?
- À ce que je sais, oui, mais j'ai plutôt l'impression qu'ils sont bien humains, mais qu'ils sont arrivés il y a bien plus longtemps que nous, même s'ils ont l'air de vivre aussi longtemps que des villageois ordinaires. Mais bon je ne les côtoie pas vraiment, alors...
Cette nouvelle nous fit un choc. Des gens vivaient dans un tel enfer? Ce serait du suicide, normalement.
- Dis moi, comment tu t'es retrouvé en bas?
- Un dragon m'a poussé.
- Quoi? Dirent en même temps les deux.
- Enfin, il m'a pas vraiment touché, mais avec un battement d'ailes, il m'a éjecté de là-haut et après, il s'est retrouvé derrière moi, en bas, puis il est parti.
- Ça n'est pas arrivé depuis longtemps, ça.
La personne à l'habit de camouflage était là, et sa voix me semblait venir d'une fille. Elle venait de sortir d'un buisson - encore! - et ne laissait paraître que ses yeux par deux fentes dans le cuir de son masque, des yeux verts émeraude.
- Bien le bonjour, vous faites partie du village souterrain?
- Plus maintenant, j'ai été bannie parce que je détiens quelque chose de dangereux.
- Qui est?
- Je ne peux pas vous le dire, vous me prendriez pour une folle.
- Merci encore pour tout à l'heure, lui fis-je, et pour ce qui en est de la folie, je pense qu'on en connait déjà assez.
Les deux autres hochèrent de la tête, ce qui donna le feu vert à son récit. Son village avait été menacé par une créature des grandes profondeurs radioactives, qu'ils avaient nommée "faucheuse", et elle terrorisait les habitants. Un jour, elle détruit une maison éloignée du village et tua les humains qui y vivaient par la même occasion, ce qui donna la rage aux habitants, qui formèrent un groupe, dans lequel la fille devant nous se trouvait. Le groupe traqua pendant un moment la faucheuse et attendit qu'elle s'endorme, ce qui se passa après une bonne semaine de traque. Lorsqu'ils vainquirent, malgré les morts et les blessés, le monstre, celle-ci empoigna la fille qui nous citait et lui implanta un œuf dans son ventre. La nouvelle arriva au village, et elle faillit se faire placer sur le bûcher, mais un homme du village s'interposa et préféra qu'elle soit juste chassée, pour qu'elle puisse trouver un moyen de détruire le fœtus.
Après qu'elle finit l'histoire, Glados demanda à Fabien et moi de nous retirer et d'aller chercher à manger. Je savais bien qu'il voulait parler à cette inconnue en privé, mais bon. Je montris à Fabien les champignons comestibles et leurs propriétés pour l'aider à nous répartir les tâches.
On revint avec de grands stocks de nourriture. On mangea et nous nous endormons sans échanger un seul mot.

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