Chapitre 14

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Il était concentré sur son repas. J'essayais de me cacher, mais difficile de rester planqué avec un basilic de 1,50m de diamètre avec soi. Jörmungand me fixais, genre "on y va ou pas?".
- Attends un peu, on ne sait pas pourquoi il est dans les plaines. Normalement, y'a trop d'herbivores.
Ce n'était pas normal, aucune silhouette de dino autre que le yuty et son repas n'était présente.Que faisaient les autres dinos? Où étaient-ils ?
Nan pèche, un yutyrannus au repas, ç'aurait été pas mal. Mais es-ce qu'on pouvait le tuer à deux? Le serpent m'observait toujours, attendant mon signal pour attaquer.
Une grande inspiration, et je sautais sur le dos de Jörmungand -avec difficulté, je l'avoue- et donnais le signal. Il répondit au quart de tour, et avança d'un coup, manquant de me faire tomber. On avançait vite dans la plaine en direction du yuty. Peut-être un peu trop en faite, parce que je n'avais plus le temps de réfléchir à un plan. On était déjà sur la cible, qui ne se retourna que trop tard, un crachat vert de la part du basilic sur le ventre du yutyrannus suffit à lui faire tourner la tête, était-ce un crachat d'euphorie? Jörmungand attaqua le cou de notre proie, me donnant un parfait accès à la tête de ce dernier. Je sauti sur le rex à plumes et commença à lui tailler le bas du crâne. Facile, trop facile. Mais qu'es-ce qu'il avait, pourquoi ne se défendait-il pas?Il chuta d'un coup, moi sur sa tête. Je resautais sur Jörmungand pour ne pas m'écraser au sol. Le yutyrannus... Dormais? Que... QUOI? Comment?
Je regardis le serpent sur lequel j'étais, et tenta quelque chose lorsqu'il se posa. Je me mis devant sa gueule, et mis ma main entre ses dents -mais attendez la suite bon sang, je ne suis pas cinglé!-. Lorsque je ressortit ma main, je vis dessus un liquide verdâtre dont l'odeur me faisait penser aux champignons noirs des grottes. Il vallait mieux éviter d'en avaler, ça devait être un puissant sérum narcotique. En tout cas, le yuty dormait, ce qui allait nous faciliter le travail. Je décidais de l'attacher avec des liens solides et de l'emmener au camp pour décider de son sort grâce à l'aide de Jörmungand, qui n'avait pas visiblement l'air d'accord, avec un air "nan, veux pas!" comme un enfant ne voulant pas travailler -oui, passage de "maman" à "bébé chiant", l'inverse d'une évolution morale-.
- Allez, sois sympa. Si on le tue, je te le donne.
Il me regarda d'un air profond: "c'est vrai?". Il attrapa direct le yuty et le mit sur son dos, et on parcoura la forêt en faisant attention à ce que le dino ne se prenne pas un arbre et tombe du dos du serpent.
On mit une bonne demi-heure pour rentrer, avec au final sur le dos de Jörmungand un rex plein de feuilles -avec cet accoutrement, c'est vrai qu'il ressemblait à un rex qui se serait perdu dans les ronces-. Je suis allé chercher Glados, qui observait silencieusement les deux autres, qui n'étaient toujours pas réveillés, et je l'emmenit voir notre prise. Il fut choqué de voir le yutyranus juste devant la caverne, et qui dormait en plus.
- Mais t'es fou ou quoi? C'est l'Alpha, bon sang!
- Comment-ça?
- Dans les populations de dinos, y'en a toujours au moins un ou deux qui se font plus remarquer et qui sont extrêmement rares parce qu'ils sont beaucoup plus puissants que leurs camarades, et c'est le cas de celui-là. S'il se réveille, on est foutu!
Je n'en croyais pas mes yeux. On avait -enfin, Jörmungand avait- endormi un yutyranus Alpha!
- Mais alors, s'il est plus puissant, on ne pourrait pas essayer de l'apprivoiser?
- Un alpha reste fidèle à sa propre personne, et c'est tout. Les seuls fous qui ont essayés d'en apprivoiser un sont morts parce que l'Alpha était beaucoup trop dangereux rien qu'à approcher.
Donc, impossible de l'avoir à nos côtés. On aurait pu avoir un allié de taille face à tout ce qu'il y a sur cette île, un alpha...
- Attends, les Alpha protègent quoi, au juste?
- Tu as deviné, cet Alpha gère à lui seul cette moitié entière de l'île. Tous les Alpha gèrent l'équilibre des choses, à part chez les wyvern, par contre. Fit-il avec un soupir.
Je regardais le dino endormi. C'est vrai qu'il avait l'air très dangereux, mais il pourrait nous servir ne serais-ce qu'une fois...
- Tu penses qu'on peut l'utiliser comme arme de mêlée?
- Je viens de te... Quoi??
- Réfléchis, on le met à un point stratégique avant qu'il ne se réveille, et on l'utilise pour combattre les wyverns trop proches du sol!
- Trop risqué.
- Mais...
- Non, Owen! Nos deux camarades sont encore alités, et toi tu veux qu'on se fasse à deux des wyverns avec un yutyrannus Alpha dans un plan qu'on est même pas sûrs d'accomplir sans en laisser un bras? Les secours arrivent dans deux jours, on a plus le temps. Si ça se trouve, la population de wyverns a trop augmentée, et on ne pourra peut-être plus l'arrêter!
La fin de ce qu'il disait était peut-être plus adressée à lui-même plutôt qu'à moi.
- Bon, en tout cas, c'est hors de question, et ne pense même pas à désobéir!
- Bon, ok. D'ailleurs, à ce propos...
- Oui?
- C'est d'ailleurs pour ça qu'on a pu trouver le yuty facilement. En fait...
- Ouiiii?
- Il n'y avait plus de dinos à part lui et un cadavre dans la plaine aux herbivores.
Il resta bouche-bée.
- Impossible, ils ne manquent de rien là-bas.
- Et pourtant c'est vrai.
Il ne me croyait pas. C'est vrai que c'était difficile à avaler, mais pourtant je ne mentais pas.
- Si c'est vraiment le cas... Commença-t-il, on va avoir un problème.
- C'est... À dire?
- Ça veut dire que les dinos se sont enfuis, et qu'une catastrophe va arriver. Je n'aime vraiment pas ça.
Une catastrophe ? Sur l'île où nous étions à ce moment précis? Bon, pour l'instant, on n'avait pas à s'affoler, peut-être que les dinos ont changé de coin pour manger d'autres variétés de plantes. En tout cas, on a vraiment pas de chance, ces créatures devaient nous servir pour manger.
- Et donc, on fait quoi du yutyrannus?
- Et bah, ramenez-le à la plaine, il se réveillera et repartira comme si de rien n'était.
Faire ce qu'il avait demandé a pris plusieurs heures l'après-midi, avec un serpent géant qui me regardais avec reproche, comme si je lui avait menti des années durant. Je promis quand même à Jörmungand de lui trouver plus tard la viande la meilleure de l'île, mais il continua à me faire la tête, quel gamin -je me demande encore s'il n'est pas plus humain que certains parfois -. On arriva une bonne demi-heure avant que le soleil ne se couche. Des petites créatures commençaient à sortir de la forêt à la vue du crépuscule magnifique, et je sortais mes dagues instinctivement. Leurs yeux un peu gros et jaunes me firent tout de suite penser à une des créatures du livre de Glados, avec leur petite taille et leur tête allongée et leur queue longue comme leur corps, ça devait être des troodons. Ils me faisaient peur, et à n'importe quel moment, ils pouvaient s'en prendre à moi à la place du yutyrannus. Ils commençaient déjà à nous encercler,mais je restais confiant, mes dagues à la main. J'avais un serpent géant avec moi, donc je n'avais rien à craindre. Bizarrement, j'avais l'impression qu'ils ne me voulaient rien à moi, mais qu'ils voulaient le dino assoupi à côté de moi, le yutyrannus. Ils allaient le bouffer devant nous! Je me rappelais les paroles de Glados.
- Ok mon grand, on va devoir rester là un peu plus longtemps. Le serpent compris tout de suite et s'enroula autour du yutyrannus, il n'arrivait cependant qu'à faire qu'un seul tour sur lui-même. On dût attendre une bonne heure que les troodons se lassent et repartent vers la forêt. C'était la nouvelle lune, aucune lumière ne nous parvenait, et l'obscurité totale régnait. Seuls des yeux de troodons dans la forêt faisaient de la lumière, ils nous observaient encore. On attendu encore un peu que le yutyrannus sorte de son long sommeil pour déguerpir d'un coup. On arriva en plein milieu de la nuit à la grotte.
- Mais où étiez-vous passés? Je vous ais cherché partout!
- Désolé, des troodons allaient dévorer le yuty avant qu'il ne se réveille.
- Bon, ok, va pour ça. Va te coucher. Demain, si bien sûr les deux autres sortent de leur sieste prolongée, vous vous préparerez à partir.
- Juste, je voulais te demander un truc.
- Vas-y.
- Tu as toujours voulu rester là? Je veux dire, tout seul avec Jörmungand et aucun autre humain, à te battre contre des wyverns qui mettent ta vie en péril chaque jour?
Il réfléchit un instant.
- À vrai dire, non. C'est une longue histoire. J'ai perdu quelqu'un que je devais protéger à tout prix et je n'ai pas été là quand il a eu un problème, son seul problème. Ça lui a coûté la vie, la mienne avec. Depuis, je n'ai plus vraiment l'impression de vivre, comme si je n'étais devenu qu'un simple robot. C'est d'ailleurs pour ça que je me suis renommé Glados. Bon, fini les histoires, va te coucher et que ça saute!
Cette nuit-là, je n'ai pas réussi à dormir, pensant à ces dinos aux yeux jaunes et lumineux, comme si je croyais qu'ils allaient arriver pour moi.

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