Chapitre 6.

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Ed et moi nous taisons et observons les gens autour de nous.

Hommes, femmes, vieillards, doyennes, pères, mères, enfants, tous sont là. Tous rigolent, tous discutent.

Je quitte la foule des yeux et cherche mon Hazza.
Je ne vois plus les enfants courir. Ils sont tous rassemblés autour de quelque chose. Je continue ma recherche lorsque ça me fait tilt.

Harry !
C'est peut-être lui autour de qui les enfants sont ressemblés ! Sans prévenir Ed, je cours dans cette direction, le plus vite possible.

J'y arrive, peu avant Ed, et pousse un peu brusquement tous les enfants penchés au centre du cercle qu'ils forment.

Une montée d'adrénaline me traverse les veines, lorsque je vois mon amoureux accroupit par terre, la tête en-bas.

Je m'apprête à lui sauter dessus pour l'aider, mais Ed me retient quand Harry lève la tête vers nous, tout sourire, un papillon multicolore posé sur son index.

Je pose ma main sur ma poitrine, un soupire de soulagement s'élevant dans les airs... J'ai tellement eu peur ! J'ai cru qu'il avait fait un malaise ! Ou qu'il s'était étouffé avec sa toux, ou... plus horrible encore !

Avec sa maladie, il faut toujours s'attendre au pire...

Harry s'avance vers moi, le papillon toujours sur son doigt...

Toute traces d'inquiétude s'envole de mon visage, lorsqu'il me sourit, me collant un bisou sur le nez. Il essaie ensuite de déposer, tant bien que mal, le papillon sur mon nez.
C'est un échec.

Je ris à cette tentative loupée, et ses lèvres sucrées viennent attraper mon sourire.

Tous les enfants autour de nous crient leur dégoût, ce qui fait rire Harry, qui leur dit gentiment de déguerpir, me tenant par la taille.
Tous partent en riant, suivit de Ed, qui rit à gorge déployée également.

Hazza passe sa main dans mes cheveux, faisant s'envoler le papillon... Je ronchonne, mais il approche son visage du mien et avale ma plainte, en gloussant.

Je m'éloigne de lui et le frappe doucement au ventre. Au même moment, le papillon revient et se pose sur mon nez...

Mon amoureux se dépêche de sortir son portable, pour immortaliser l'instant. Je prends bien soins de faire une grimace au moment où il appuie sur la touche qui déclenche le flache.

Il bougonne et puisque je suis faible face à sa tête de chaton vexé et sa moue adorable, je le laisse en prendre une deuxième, souriant bien comme il faut. Fier de lui, il range son téléphone et vient m'embrasser, mes mains toujours posées sur son ventre.

Nous nous séparons et le papillon s'envole. Je vois les rayons du soleil passer au travers de ses ailes couleurs de l'arc-en-ciel.

Je le quitte des yeux, quand je croise ceux de mon Harry.

Le soleil fait ressortir ses pommettes que je ne tarde pas à caresser avec mes pouces.

Le papillon fait son retour, en se posant sur mes mains, que j'ai reposée sur le ventre de Harry. Je me moque de lui, en lui disant que ce papillon me préfère à lui.

Mais Harry fixe mes mains, sans réagir à ma pique. Il décolle doucement mes mains de son ventre et observe le papillon réagir au quart de tour pour se reposer un peu plus haut que son nombril.

Je ne quitte non plus pas l'insecte des yeux, hypnotisé par ses ailes multicolores sur le corps de mon amoureux.

Harry me sort de mes pensées et me prend la main. Nous rejoignons ses parents sur le parvis de l'église. Ils discutent avec le prêtre, il ne reste plus grand monde devant le lieu saint.

Nous voyant arriver, il nous sourit et nous salue, serrant longuement la main de Harry, lui demandant comment il va.

C'est un gentil homme, un peu rondouillard, un sourire sans cesse collé sur le visage, croyant à l'évangile dur comme fer... Pourtant, il n'a jamais rejeté Harry, qu'il a baptisé.

Il le regarde toujours de la même façon, une pointe de fierté dans le regard, qui a le don de me rendre jaloux, et une bienveillance envers lui sans équivalent.
...qui a aussi le don de me rendre jaloux...

Je sais, c'est bête, c'est un homme d'église, mais je n'y peux rien. Personne n'a le droit de regarder mon Harry en lui ébouriffant les cheveux. Il n'y a que moi et seulement moi, qui ai ce droit !

Alors quand le prêtre approche dangereusement sa mains des boucles de mon amant, en riant, je me colle un peu plus à Harry et pose ma tête sur son épaule. Harry comprend le message et s'éloigne un peu de l'homme d'église, me chuchotant que je suis débile.

Anne nous regarde attendrie avant de se tourner vers le prêtre pour lui poser une question que Harry déteste...

Je sens tout son corps se tendre lorsque sa mère demande au prêtre s'il peut rapidement bénir son fils, pour lui donner de la force, du courage et de la foi, afin de continuer à combattre sa maladie.

Harry fusille du regard sa mère, avant de serrer rapidement la main du prêtre, qui s'apprêtait à répondre, et de m'emmener à la maison, courant devant moi.

Arriver de l'autre côté de la route, il s'arrête et commence à tousser. Je reviens sur mes pas pour m'arrêter à sa hauteur, ayant déjà mon fidèle Ventolin en mains. Voyant qu'il n'arrive pas à le mettre dans sa bouche, je lui tape les doigts pour qu'il lâche le spray et lui fait inspirer moi-même le médicament.

Quand il finit d'inspirer la dose, je lui relève le buste et le fais se tenir droit. Je le prends dans mes bras et il se laisse tomber contre mon torse, calmant peu à peu sa toux et sa respiration.

   - T'es vraiment idiot... Tu sais très bien comment ça se termine quand tu tousses.

Je passe mon bras autour de sa taille quand il se remet à marcher et nous rentrons chez lui.

Oui, chez lui, parce que Monsieur est trop attaché à la ville où il a grandi pour la quitter et venir habiter dans mon appartement à Doncaster. Alors on se bat toujours pour savoir qui va chez qui.
Il perd rarement. Mais je ne lui en veux pas tant que ça car chaque nuit que je passe chez lui, il me câline toute la soirée, pour se faire pardonner de ne pas être venu chez moi.

En plus, j'aime bien Holmes Chapel, c'est un petit bourg tranquille, silencieux. Tout le monde se connait et accepte tout le monde. C'est convivial, on peut souvent voir les enfants jouer tous ensemble dans les rues ou au parc.

C'est un bourg plein de vie et de bonne humeur...

Arrivés à la maison, je le fais s'asseoir sur le canapé et vais lui préparer du thé. Lorsque je reviens, il regarde Bob l'éponge à la télé.

Quand je disais que c'était en enfant...

Je tente d'attraper la télécommande pour changer de chaîne, mais ses longs bras m'encerclent et m'emprisonnent doucement dans une étreinte que je savoure en soupirant contre sa maturité inexistante.

À la fin de l'épisode, je sens son regard brûlant sur mon torse. J'ai les yeux mi-clos, la tête dans son cou, mes bras sur les siens autour de ma taille, mon dos contre son torse.

Je suis tellement dans ma bulle, que j'entends à peine Harry murmurer.

   - Lou', j'ai eu une idée...

Oh non, pitié, ses idées sont toujours les pires...

BreatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant