Chapitre 8.

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Je me réveille en douceur, les rayons du soleil printanier filtrants au travers des rideaux blancs de la chambre.

Je sors de sous le duvet et observe mon Harry, endormi sur le dos, ses cheveux éparpillés sur sa bouille de bébé tournée vers moi, le draps blanc recouvrant partiellement son corps dépourvu de vêtement.

Attendris, je souris niaisement, replaçant un peu près correctement ma franche sur mon front et arrangeant également les cheveux mi-longs de mon beau bouclé.

Je le regarde une dernière fois, avant d'enfiler un sous-vêtement et un jogging.

Je sors à pas de loup de la chambre et me dirige vers la cuisine. Je me prépare un bol de céréales et m'installe sur le canapé.

Je zappe les chaînes, cherchant une émission intéressante. Je tombe sur Oxygen... Un film que Harry a détesté, mais qui a changé ma vie.

Encore une fois, je m'en souviens très bien...

C'était durant un de nos rendez-vous. L'un de nos dernier en tant "qu'amis"... Je l'avais invité à aller au cinéma. Il avait, pour une fois, accepté sans trop d'hésitation, mais avait bégayé pendant l'appel téléphonique que nous nous étions fait. Mais c'était normal, il était toujours comme ça. Au téléphone, il était très timide et lorsqu'il arrivait en face de moi, il discutait et riait plus librement.

J'étais allé le chercher à la gare de Doncaster. C'était la première fois qu'il prenait le train seul et  qu'il y venait, mais ce n'était de loin pas notre premier rendez-vous.

Ça faisait à peu près trois mois que nous nous connaissions et nous sortions souvent l'un avec l'autre. C'était lui, qui, à ma plus grande surprise, avait proposé en premier, d'aller boire un verre. Les rendez-vous s'étaient enchaînés. Quand nous ne pouvions pas nous voir durant une journée, nous nous appelions, par Skype ou par téléphone. Nous étions devenus inséparables. Je ne pouvais clairement pas passé une journée sans le voir et lui parler. 

Harry était toujours autant timide, mais il parlait...plus par Skype qu'au téléphone, mais il parlait.

Une journée sans l'entendre était comme une journée inachevée pour moi... Je me rendais bien compte que je l'appréciais de plus en plus, mais mes sentiments ne me faisaient pas peur. Mais surtout, je n'imaginais pas du tout qu'ils pourraient être autant forts, et ça, l'imaginer, ça m'aurait effrayé.

Je me rendais compte que quand il était face à moi, je voulais toujours avoir un contact avec lui, entendre sa voix, son rire,... Je n'avais jamais ressenti ça auparavant, mais j'arrivais quand à deviner ce que c'était, ou du moins à m'en douter... 

Alors le voir venir chez moi, prendre le train seul, chose qui lui faisait un peu peur, pour venir me rejoindre, c'était comme une réussite, une victoire. Il découvrait des chose grâce à moi. Et je me sentais satisfait de voir qu'il n'avais jamais essayé de décaler ou annuler une de nos sorties. 

Cette soirée-là, à Doncaster, quand j'avais vu son visage se soulager en e voyant sur le quai, j'avais été tant heureux d'avoir une excuse pour le prendre dans mes bras, rapidement.

Nous étions passés dans mon petit studio que j'avais été assez fier de lui présenter, pour déposer son sac, puis nous étions directement allés au cinéma où je l'avais bien évidemment laissé choisir le film.

Harry n'avait pas su lequel choisir. D'après lui, il y en avait trop. C'est sûr que le cinéma de Doncaster en proposait plus que la petite salle de Holmes Chapel...

Je me souviens encore du moment où il avait fermé les yeux et posé au bol son doigt sur un titre de film. Oxygen.

Je n'avais pas été très emballé, mais j'avais souri et acheté les billets, il avait offert le pop-corn. Je ne connaissais pas l'histoire, je n'avais pas regardé la bande-annonce, lui non plus.

Nous nous étions assis dans les sièges rouges de la salle et avions mis en marche la bande-annonce, sur mon téléphone portable. Je m'étais raidi en apprenant l'histoire, Harry, lui, s'était tendu...

C'était l'histoire d'un jeune et de son grand frère qui sont tous les deux atteint d'une maladie génétique qui détruit leurs poumons. Le plus jeune décide alors de vivre chaque seconde de sa vie, le plus intensément possible, amis en côtoyant un groupe pas des plus fréquentable...

Je n'avais pas forcément envie de voir ce genre de film, je préférais les comédies romantiques ou les films d'action. Mais au moins, j'étais avec Harry et même de le voir pas non plus très ravi, ça me tranquillisais pour les heures à venir. 

Mais étonnamment, le film nous avait tous les deux captivés dès le début et même si au milieu nous n'avions déjà plus de pop-corn, le temps passa tout autant rapidement. À la fin, Harry était bouleversé, moi aussi, mais bien moins que lui. Il ne s'en remettait pas.

Nous étions allés manger en ville et Harry avait peu à peu retrouvé ses esprits. Avant le repas, il avait dû, comme à chaque fois, prendre des espèces de médicaments gluant qui semblaient vraiment infectent. Mais il ne m'avait jamais expliqué à quoi ils servaient, alors j'avais compris qu'il ne voulait pas que je pose de question. Ça ne me blessait pas, il n'était peut-être juste pas prêt à m'en parler.

Nous étions ensuite rentré chez moi en discutant de tout et de rien en riant dans les rues sombres de ma ville.

J'étais bien loin de me douter que la soirée qui suivrait ce film, changerait ma vie.

À jamais...

BreatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant