Breathe

Chapitre 34

Le lendemain, c'est une sonnerie de téléphone qui nous réveille, Harry et moi, en sursaut. Il s'extirpe de mes bras et répond en voyant que c'est Robin.

Nous retrouvons Gemma, Anne et Robin devant l'église où nous rentrons pour suivre le culte.

Mon cœur se serre et la prise de ma main se resserre autour de celle de Harry lorsque je remarque au loin, le premier mauvais regard qu'on ne nous ait jamais adressé à Holmes Chapel.

Les yeux sévères de la femme présente hier dans notre appartement nous fixent de l'autre côté de l'église. Je détourne le regard pour me coller un peu plus à mon amoureux.

À la fin de la messe, nous sortons discuter sur le parvis. Harry rencontre quelques-uns de ses amis d'enfance et nous rions avec eux un bon moment.

Un moment qui se fait couper par une présence dérangeante à mes côtés. Harry se retourne et pose un bras protecteur autour de ma taille, lorsque la femme m'adresse la parole.

   - Vous avez le toupet de venir ici, dans ce lieu sacré ; en vous tenant la...taille en plus. Et les gens ne vous disent rien.

L'entièreté du groupe d'amis se retourne pour dévisager la femme devant Harry et moi.

C'est finalement Josh, père de famille depuis peu et grand ami de Harry, qui prend la parole, soutenu par sa femme.

   - Non, on ne leurs dit rien parce qu'on est capable de les accepter.

   - C'est une chose contre-nature.

   - Et pourquoi ça, j'interviens les yeux sombres en sentant quelque chose se briser lorsque la main de Harry glisse de ma taille.

   - Votre...pair...ne sert à rien. Mon fils, Thomas, me l'avait bien dit. Il vous connait d'ailleurs.

   - Vous êtes la mère à Thomas? je réponds, sentant la colère monter en moi.

   - Oui, nous avons d'ailleurs dû déménager ici à cause de l'expulsion qu'il a subie, par votre faute.

Je manque de m'étouffer en entendant ça.

   - Mais là n'est pas le sujet... Vous reproduire est impossible. Ça ne peut donc pas être de l'amour entre vous, seulement une trop forte amitié. Vous ne devriez plus vous voir, il faut vous soigner. Vous gâcher vos chances de fonder une famille en restant ensemble.

Mon ventre se tord et mon regard tombe sur la pointe de mes chaussures lorsque j'entends le murmure brisé de Harry.

   - Elle n'a pas vraiment tord, aucun enfant ne pourra jamais vivre normalement à nos côtés... Et si on ne ressentait qu'une grande affection pour l'autre. Une affection qu'on aurait mal interprétée...

Je relève rapidement ma tête, sentant mon cœur se briser sous les mots de Harry. Je l'interroge du regard alors que le sien reste cloué au sol, fuyant mon visage.

   - Vous ne connaissez pas leur histoire, réplique Lou, la femme de Josh, me faisant oublier mon cœur déjà meurtris. Louis a presque sauvé le vie de Harry. Vous sous-entendez que leur amour devrait-être interdit, soigné. Je ne vais rien sous-entendre : vos paroles sont déplacées et irrespectueuses ; nous ne sommes plus en 1920, les mentalités changent. Ici, dans ce village personne ne les a jamais jugés, personne ne les a jamais mal regardés. Tout le monde connaissait Harry et lorsqu'il est arrivé avec Louis, nous n'avons pas chercher à comprendre pourquoi ils s'aimaient, si c'était naturel, si c'était...normal. Nous n'avons rien cherché d'autre qu'apprendre à connaître Louis et nous avons bien fait parce que Harry sans Louis, ce n'est plus Harry. Or, nous aimons Harry et l'amour qu'il porte à Louis, et inversement, est si éblouissant qu'il balaie tout nos questionnements idiots et inutiles... Alors oui, ils ont le toupet de venir ici en se tenant par la taille, en se regardant autant intensément qu'ils le font, en se souriant des étoiles pleins les yeux rien qu'en voyant le sourire illuminer le visage de l'autre. Parce qu'il faut bien qu'un jour un couple un peu différent casse les codes.