Breathe

Chapitre 14.

Je me lève dès que la sonnerie de mon téléphone vibre. Je ne veux pas réveiller Harry.

Il est toujours tourné, dos à moi, enroulé dans la couette.

Je m'extirpe doucement du lit, prends au bol des habits dans l'armoire commune que nous avons avec Hazza, même si la plupart des habits sont à lui, et sors discrètement de la chambre.

Il n'a toujours pas bougé. Parfait.

Je ne veux juste pas devoir lui refuser un bisou. Je regarde les habits que j'ai attrapés. Un jeans à moi, et un t-shirt à lui.

Il ne m'en voudra pas, c'est bon. En plus, j'aurai son odeur sur moi toute la journée. J'en aurai besoin.

Je vais à la douche, déjeune et pars de chez lui, mon sac de cours à l'épaule.

Je prends la voiture de Harry et mets la musique à fond, pour bien me réveiller. C'est parti pour une heure de route vers Doncaster.

Je me parque devant l'établissement où j'étudie, quatre jours par semaine, la musique.

Je me dépêche de sortir de la voiture et pars rapidement vers ma classe. Je garde la tête baissée, mes écouteurs sur les oreilles.

En classe, je vais m'asseoir au fond.

Tout le monde me dévisage ou rigole sur mon passage. Ça n'a toujours pas cessé.

Bienvenue dans ma deuxième vie...

Quand je suis avec Harry, tout le monde, lui également, pense que je suis heureux. C'est le cas. Mais ils pensent aussi que je suis fort et courageux d'affronter tout ça à ses côtés.

Je ne suis pas fort, je ne suis pas courageux. Je l'aime juste. Plus que tout au monde.

Et certains n'arrivent pas à le comprendre, ni à l'accepter. Maos ça, il ne le sait pas. Personne ne le sait.

Dès que je suis à Holmes Chapel, tout le monde me sourit, me salue, discute avec moi. Quand je suis à Doncaster, en cours, c'est... différent.

Tous me regardent mal, tous font des remarques salaces sur mon passage, tous ne ratent pas une occasion de m'insulter.

Depuis un jour.

Depuis le jour où Harry est venu me faire la surprise de m'attendre devant mon école. J'étais naturellement allé vers lui et avais posé mes lèvres sur les siennes. Je n'avais pas pensé une seule seconde aux conséquences.

Je n'avais pas pensé une seule seconde que le reste de mes études pourrait être un calvaire autant grand que celui que je vis aujourd'hui, simplement parce que j'aime celui que je veux.

Nous ne sommes pas beaucoup d'élèves dans l'école. Ça n'a pas tardé à se savoir.

Tous mes amis m'ont, du jour au lendemain, tournés le dos.

Alors je suis tout seul, comme maintenant, comme toujours.

Assis au fond de la classe, tapant du pied au rythme de la musique qui me passe dans les oreilles, ignorant les regards moqueurs et les remarques dégradantes à mon égard, ou simplement l'ignorance de certains. Elle aussi elle fait mal. Je n'ai personne pour me supporter, pour me soutenir et je ne veux pas inquiéter Harry en lui parlant de ça. Je vis assze bien avec. Je peux continuer comme ça.

La prof entre enfin. Je retire mes écouteurs, immédiatement assourdi par les discussions de mes camarades de classe.

Certains rigolent, d'autres discutent, d'autres encore se montrent mutuellement la composition que nous avions à faire pour aujourd'hui. Personne ne vient vers moi. Personne ne me demande si je vais bien.
Ça fait presque autant mal que les moqueries.
Maos j'essaie de passer au-dessus. Je sais que Harry est heureux, alors je le suis aussi.