Chapitre 14

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SÉBASTIEN

J'hallucine, Damien n'est pas venu bosser aujourd'hui.

Quand est-ce qu'on pourra enfin discuter clairement ? J'ai voulu lui envoyer un SMS ce matin pour savoir comment il allait lorsque je me suis rendu compte qu'au cours des derniers jours, j'ai eu le temps de coucher avec lui et de tomber amoureux mais pas de noter son numéro de téléphone. Malheureusement, Pierre quant à lui n'a pas décidé de faire le taf buissonnier. Cela dit, il tire salement la gueule depuis qu'il a franchit le seuil du bureau. Peut-être qu'il s'est enfin décidé à accepter qu'entre nous, c'est fini pour de bon ?

Vers le milieu de l'après-midi, je me lève, un bâtonnet à la fraise en bouche, pour aller scanner un courrier que je dois envoyer par mail, puisque la personne qui est chargé de s'en occuper en temps normal n'est pas là. Je me gave de bonbons depuis ce matin, comme si je me servais du sucre pour compenser l'absence de Damien. Cela dit, il va être temps que j'arrête car je commence à avoir la gerbe.

Une fois que j'en ai fini avec la machine, Hendrix sort de son bureau. À ma grande surprise, il se plante devant moi et me demande de le suivre. Tout à coup, mon bonbon prend un goût amer dans ma bouche. J'ai l'impression d'avoir à nouveau quinze ans, lorsque je me suis fait convoquer par le directeur parce qu'un putain de surveillant m'avait surpris en train de me griller une clope dans l'arrière cours de l'école. C'est stupide de me sentir coupable, je n'ai rien fait de mal. Hendrix ne peut même plus me reprocher mon comportement avec Pierre puisqu'on n'a plus eu une seule dispute au boulot depuis un certain temps.

Une fois que nous sommes assis, je me force à avaler ce qui reste de mon bonbon, même si ma bouche ne contient plus assez de salive pour y parvenir avec facilité. Sans prévenir, mon boss balance :

— Je voulais vous parler de Monsieur Godard.

Pour je ne sais quelle raison, je rougis.

— Vous semblez plutôt proche, ajoute-t-il.

— C'est-à-dire que...

— Il n'y a presque qu'à vous qu'il s'adresse, ce qui est un problème, je vous l'annonce de suite. Ce matin, il n'a daigné me prévenir de la raison de son absence qu'à midi. Pour être franc, j'hésite à le licencier aujourd'hui.

Non, très mauvais plan. S'il est viré de là, je n'aurais plus jamais une aussi belle vue de mon bureau, et surtout plus aucune excuse pour qu'on mette enfin les choses au clair.

— Laissez-lui une chance, il est un peu timide.

— Vous savez que son travail n'est pas très compliqué et qu'il y a des centaines de personnes qui attendent derrière lui et seraient sans doute ravis d'obtenir son poste.

Je hoche la tête, en panique.

— Je lui parlerais, d'accord ?

— D'accord.

Hésitant, je balaie son bureau du regard. Je peux me tirer, maintenant ?

— Une dernière chose, ajoute mon patron. Votre vie privée ne me regarde pas mais votre vie professionnelle, si. Alors, s'il commence à se passer le même genre de cirque entre vous qu'il y a eu entre Monsieur Henry et vous, il se peut que Monsieur Godard ne soit pas le seul qui reçoive son préavis. C'est compris ?

Connard.

— Très bien compris, Monsieur Hendrix.

— Bien.

Puis il se tourne vers son ordinateur, me faisant comprendre qu'il n'a plus rien à me dire. Sans demander mon reste, je m'en vais. J'espère que Damien va arrêter de déconner et sera là demain. À moins que je passe chez lui ce soir ?

My exception (mxm) EN CORRECTIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant