Chapitre7

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DAMIEN

Ça y est, j'ai repris le contrôle de ma vie. Plus ou moins. L'important, c'est d'y croire et de donner le change. En façade, je suis un mec comme un autre, qui boit un verre un samedi soir en compagnie de ses collègues dans un café bondé et bruyant après un repas au resto. J'ai l'air hyper détendu tandis que je discute avec une collègue célibataire. L'image-type du presque-trentenaire cool. Qu'en vérité je sois à deux doigts de la crise de claustrophobie parce que je déteste ce genre d'endroit et que je trouve Nadège aussi intéressante qu'un morceau de bois flotté, ça n'a aucune espèce d'importance. Ce qui compte, ce sont les apparences. Vous vous souvenez, la méthode Coué et tout ça. Je suis un mec cool qui drague une nana. Rien de plus. Tu l'as dit bouffi.

Je veux rentrer chez moi. Je veux que Nadège la ferme. Je veux respirer de l'air frais et écouter le silence plutôt que cette musique qui hurle. Je veux... ne plus voir Sébastien qui discute avec un gars qui manifestement assume bien plus que moi de le trouver beau comme une fille. Je veux... J'ignore ce que je veux exactement, mais pas ce que je vis à l'instant. Me sentant tout à coup vraiment mal, j'interromps Nadège. De toute façon, j'ai cessé de l'écouter lorsque j'ai vu que Sébastien regardait ce type à casquettes comme il me regarde moi. Sérieux, qui porte encore des casquettes dans un café la nuit à passé dix-huit ans ?

— Je... Faut que j'aille aux toilettes.

Il ne s'agit même pas d'un mensonge car je me demande si je ne vais pas vomir. La tête me tournant, je monte l'escalier en colimaçon qui mène au sanitaire. À mon grand soulagement, quand je referme la porte du couloir sombre, je me sens déjà mieux. La musique est assourdie, il fait frais, je respire enfin ! Le temps de me calmer, je m'appuie contre le mur à côté de la porte des toilettes et me prend la tête entre les mains tout en m'obligeant à respirer lentement. Dès que ce fichu début de crise d'angoisse sera passé, je me tirerais d'ici. J'ignore pourquoi j'ai accepté d'accompagner mes collègues après le resto. Je suis allé manger avec eux, c'était ce que j'avais convenu avec Hendrix, pas de les suivre ensuite dans leur after pourrie.

Souvent, j'aimerais être quelqu'un d'autre. Ce serait tellement bon d'être moins stressé, de me poser moins de question. Le dos contre le mur, je me passe plusieurs fois les mains sur le visage. Allez, ça va le faire.

Doucement, la porte s'ouvre. Je ne suis qu'à moitié surpris quand je vois Sébastien la franchir. Je reste immobile tandis qu'il avance vers moi le long du couloir. Comme le jour où nous nous sommes rencontrés, je me demande s'il ne possède pas des tendances harceleuses. Sauf qu'aujourd'hui ça ne me dérangerait pas.

— Ça va ? demande-t-il, l'air inquiet.

— Ouais, ouais, ça roule, je réponds en baissant les yeux vers le sol que je me mets à fixer.

Alors qu'il s'approche encore, mon cœur se met à battre plus vite. Quand je vois ses bottes de moto se poser à un pas de mes baskets, je me décide enfin à lever les yeux vers lui. Sans y penser, je demande :

— Tu ne discutes plus avec ton mec ?

Il sourit alors que je rougis. Encore heureux qu'il fait sombre, ici.

— Non merci, il pue de la gueule, tu n'as pas idée.

Malgré moi, je ris brièvement, avant de me laisser aller en arrière en me prenant à nouveau la tête entre les mains. Tout va mal, ce soir.

— Et toi, avec Nadège, ça avance ?

Je retire mes mains que je laisse pendre le long de mon corps tout en restant avachi contre le mur. J'hésite à lui mentir mais choisi finalement d'être honnête :

My exception (mxm) EN CORRECTIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant