Chapitre 18

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DAMIEN

Tandis que Sébastien m'embrasse, je me demande si j'ai le droit de casser l'ambiance avec des trucs triviaux. Comme par exemple le fait d'avoir une faim de loup. J'étais si stressé ce matin à l'idée du déjeuner chez sa sœur que je n'ai pas pu avaler quoi que ce soit, et je n'ai guère mangé plus ce midi. Maintenant que tous ça est derrière moi et que le stress s'est envolé, dénouant mon estomac, la faim se fait sentir. Et que dire de cette séance qui m'a creusé ? Je suis sportif, je suis grand, je pèse quatre-vingt-douze kilos sans une once de graisse, en résumé j'ai besoin de carburant ! Le souci, j'ignore comment amener le sujet sur le tapis.

Remercions mon estomac de résoudre ce problème à ma place. Alors qu'il lâche un gargouillis des plus gênants, Sébastien s'éloigne de moi et me jette un coup d'œil moqueur.

— Aurais-tu faim, mon chou ?

Gêné alors qu'il n'y a finalement pas de raison, je me passe une main dans les cheveux en avouant que oui.

— Il n'y a pas grand-chose à béqueter chez moi, dit-il. Ça te tente qu'on sorte manger dehors ? Je t'invite.

— OK, mais c'est plutôt moi qui t'invite.

— Non, pas question, n'oublies pas que tu m'as déjà payé un repas.

Tout à coup, je me remémore ce déjeuner. Alors qu'il ne date même pas de deux semaines, j'ai l'impression qu'un siècle s'est écoulé depuis. Je n'en reviens pas à quel point j'ai changé en si peu de temps. Sans savoir ce qui me pousse à agir, je m'entends lui avouer :

— C'est à ce moment-là que j'ai réalisé à quel point tu m'attirais.

Il regarde ma bouche.

— Je sais.

Puis il dépose un petit baiser sur mes lèvres et ajoute :

— Moi, j'ai tout de suite senti qu'il se passait quelque chose entre nous.

Troublé, je réalise que moi aussi. Dès cet instant où mes yeux se sont posés sur lui dans le bus, avant ma première journée de travail, cette petite flamme qui allait devenir un grand incendie – ou plutôt, un feu de joie, c'est tout même plus positif comme métaphore - s'est allumée.

Après avoir embrassé cette fois ma joue, Sébastien déclare :

— On y va. Je ne voudrais pas que tu tombes d'inanition.

Tout en me dirigeant d'un pas précautionneux vers le hall, je demande :

— Ça va faire mal encore longtemps ?

Sébastien passe une main dans mon dos.

— Normalement un jour ou deux. Mais on s'habitue.

— OK.

Alors que j'enfile ma veste en daim, je constate que Sébastien me fixe sans bouger. Il semble inquiet. Alors je le rassure :

— Je suis près à passer par là, t'inquiètes.

Une lueur vorace dans les yeux, il rétorque :

— Tu es sexy, et le fait que tu l'ignores te rend encore plus sexy à mes yeux.

Mon cœur bat vite lorsque nous quittons sa maison.

SÉBASTIEN

Alors que nous venons de descendre du bus qui nous a emmenés au centre-ville, Damien passe tout à coup un bras autour de mes épaules. Tout ce que je demandais, c'était juste de pouvoir le toucher brièvement en public sans qu'il ne s'enfuie, je n'en espérais pas tant. Pour être franc, j'ignore s'il est réellement prêt à assumer les regards qu'on risque de nous jeter. Mais comme moi je le suis, je ne le repousse pas et au contraire, me resserre contre lui tandis que nous avançons vers la place du marché, qui est comme souvent, également la place de tout une série de petits restos. Je me sens tellement bien. Heureux. Léger. Avec cette certitude que j'ai enfin trouvé l'homme de ma vie.

My exception (mxm) EN CORRECTIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant